Visceral, le nouveau collectif nous emmène en Eau Trouble
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Auteur·ice : Valentin Dantinne
25/07/2020

Visceral, le nouveau collectif nous emmène en Eau Trouble

Viscéral, adjectif (bas latin visceralis, du latin classique viscus, -eris, entrailles) : qui vient des profondeurs de l’être. Si l’on prend le temps de s’intéresser à la sémantique du nom choisi par le nouveau collectif français, il n’est pas sans indice. Les quatre jeunes du Sud de la France nourrissent une forme d’art intimement liée à leurs tripes. L’occasion de faire les présentations, à l’aune de la sortie de leur premier titre, Eau Trouble. Elles ne resteront cependant qu’assez brèves, le groupe ayant sans doute un bel avenir devant lui, dont nous reviendrons vous parler.

Eau Trouble est un premier titre pour se faire connaître au monde. Si l’on est tenté d’y apposer un étiquette « rap », cela serait cependant trop réducteur. Puis, est-il encore nécessaire de coller des étiquettes aux artistes (ou à qui que ce soit) en 2020 ? Certes non, même si une étiquette a ses avantages, notamment pour permettre à quiconque d’identifier plus rapidement de quoi il s’agit, et si la musique de l’artiste pourrait lui plaire, au vu de ses affinités musicales actuelles. Ce premier titre assorti d’un clip ne peut cependant pas se résumer au rap. Il se résume davantage à un rap nouveau, entre grunge et lo-fi, entre guitares et beats trap. 

Visceral – sans accent – est un jeune groupe formé par quatre compères originaires du Sud, tous âgés de vingt-trois ans. Basé à Toulouse, le groupe finira par être repéré par un certain Yodelice, qui les signera sur son label Spookland Records (Jain, Sopico, Barry Moore). Pour l’historique, on choisira d’en rester là. Visceral est un projet qui garde volontairement des parts de mystère. Tant dans leur premier clip que dans leur promo visuelle, les gars du collectif restent en arrière-plan, n’en dévoilant que très peu sur leurs personnalités, mais plaçant à l’inverse le focus sur leur proposition musicale et sur leur plume, comme ont pu le faire avant eux les membres du collectif FAUVE

Ce premier single nous laisse ressentir un style incisif, comme imbibé, voire grossièrement plongé dans une flaque d’émotions. Comme la sémantique le prouvait juste avant, Eau Trouble témoigne d’une plume trempée dans les tripes que l’on étalerait fraîchement sur une feuille de papier sans avoir pris le temps de la faire sécher. Entre chant et murmures poussés, sur les rythmes nous offrant des réminiscences des années où l’alternative rock était à la mode, le groupe confie ses inquiétudes, le genre d’inquiétudes que partage toute une génération : « Mon présent est mort de peur, mon avenir est mort de rire ».

Le clip, réalisé par Eric Holmes et dirigé par Luca Clerine, nous apporte des visuels teintant sobrement mais avec efficacité le récit du morceau. Eau Trouble respire la recherche de simplicité (« J’aimerais vivre une vie sans tonnerre, aimer les gens raisonnablement ») tout en semblant leurrer eux-mêmes les protagonistes sur la complexité de leur esprit en proie à la torture (« Regarde dans ma tête comme c’est flou, j’ai peur et je tiens plus debout »). Visceral est sans équivoque un nom à surveiller, car il pourrait faire grand bruit en hiver 2020, et décharger nos esprits torturés.


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