VOL.II, le lumineux cocktail d’Amarula Café Club
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Auteur·ice : Paul Mougeot
07/05/2020

VOL.II, le lumineux cocktail d’Amarula Café Club

Les beaux jours arrivent, et avec eux les sorties qui accompagneront nos folles soirées d’été – qu’elles soient confinées ou non. Dans la lignée de leur premier EP paru l’année dernière, les garçons d’Amarula Café Club viennent de dévoiler VOL.II, une suite qui a directement trouvé une place de choix dans notre discographie estivale.

C’est incontestable : lorsqu’elle voyage, la musique s’enrichit. Navigant entre les continents, elle en recueille les rythmes et les sonorités, en emprunte les langues et les accents, s’inspire des cultures qu’elle traverse comme d’autant de points d’attache qui laisseront sur elle une empreinte plus ou moins importante. Dans certains cas, le métissage qui en résulte n’est qu’une influence parmi d’autres, une trace qu’on garde comme un hommage qu’on rend, comme un souvenir qu’on chérit. Il est au contraire plus affirmé dans d’autres, revendiqué comme une bannière, comme une identité profonde.

Pour ce qui est d’Amarula Café Club, la question ne se pose pas tant la réponse est évidente. Yann, Arnaud, Axel et Vincent trouvent leurs racines aux quatre coins de la planète (au Sénégal, à Madagascar, en Italie et sur l’île de la Réunion) et portent en eux cet héritage culturel si riche qui, cumulé à leur épatant bagage technique, donne la musique éclatante qui est la leur. On n’a pas peur de le clamer haut et fort : la première gorgée de ce cocktail plein de peps a été pour nous un coup de foudre immédiat.

Sur le papier, il ne s’annonçait pourtant pas des plus digestes. Car en choisissant d’incorporer les scansions du rap, les rythmes de l’afrobeat et les codes de la pop à ce mélange pour le moins détonnant, les garçons ne se sont pas facilité la tâche, surtout lorsque quatre langues (l’espagnol, le français, l’anglais et le malagasy) viennent se mêler à l’affaire. Seulement, en cuisine comme en musique, tout est affaire de dosage. Des arrangements mal fagotés et le résultat est tiède, sans goût. Un accord de trop et c’est l’équilibre de l’ensemble qui menace de s’effondrer. Alors, pour ne pas brusquer les tympans ni les papilles, les musiciens d’Amarula Café Club ont dégainé leur ingrédient secret : une solide formation musicale, classique ou de jazz selon les membres, qui donne toute sa richesse à la recette.

L’exemple le plus marquant en est peut-être 0.9, qui ouvre ce nouvel opus. Sous le nappage d’une mélodie sucrée, immédiatement addictive, le morceau révèle une consistance bien plus subtile, composée d’épices délicates qui laissent place aux arpèges euphoriques d’une guitare experte. Plus nuancée dans les émotions qu’elle procure, Od’e est une ode à la solitude, au temps passé avec soi-même, qui laisse en bouche les notes douces-amères de ce refrain obsédant qui résonne en malagasy et en français. Lorsque l’espagnol prend place à son tour pour animer les couplets saccadés d’Amarillo, c’est une nouvelle saveur qui s’ajoute à l’extraordinaire palette d’Amarula Café Club. Avec Afrodiziak, des effluves puissantes bien plus instinctives et plus exotiques montent au nez et font rapidement tourner la tête. En guise de digestif, on reprendra avec plaisir de cette version condensée de Low, titre déjà présent sur la sortie précédente du groupe.

Avec VOL. II, Amarula Café Club partage son secret le plus précieux : la recette d’un cocktail savoureux, novateur, gorgé d’un soleil qui réchauffe le cœur et l’âme. Vous pouvez y aller, il n’est pas mauvais pour la santé et n’a pas besoin d’être consommé avec modération. Bien au contraire.


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