“Sur Internet, personne ne meurt” dit le premier commentaire sous le nouveau clip d’Odezenne. Bouleversement. Marie Priska Caillet est une figure tutélaire du collectif bordelais : au clavier, au chant ou à la danse, elle a marqué l’histoire du groupe et continue de le faire aujourd’hui. Sur le clip de Vu d’ici, extrait du prochain album 1200 mètres en tout, c’est à travers son sourire éternel et son ballet corporel, danse de la vie, que l’on s’immerge dans ces sentiments indicibles. Ceux de la vitalité, de la mortalité. Et de la fluctuation infinie des éléments qui flottent entre les deux. Un morceau poignant et un clip débordant de vie qui nous aura autant frappé les oreilles que le cœur.
Ceci n’est pas une histoire triste. “Vu d’ici tout va bien. J’avance avec les miens.” se répète Alix Caillet tout au long du morceau. “Les paroles racontent un match de boxe sans fin entre l’individu et le bonheur, où la posture optimiste est tenue coûte que coûte.” confie le groupe dans un communiqué. Après avoir dédié Caprice à Priska l’an passé, en réponse à sa combativité et son acharnement contre la maladie, Vu d’ici rappelle l’importance de changer de perspective pour s’assurer de ne pas laisser filer les instants de lumière. Les symboles derrière cette sortie sont multiples, sont puissants. Ils sont lourds et légers à la fois, tout est une question de point de vue. Une chose est sûre : l’hommage rendu ici à Marie Priska, emportée par le cancer le mois dernier, résonne avec une ferveur et une acuité rares.
Il y a une essence de simplicité et de mondanité dans les lignes de Vu d’ici : des anecdotes, des détails cryptiques sur leur vie privée. De quoi enrober l’ensemble d’une onctueuse couche d’humain. Car c’est ça le cœur névralgique d’une composition comme celle-ci : l’humain·e dans tout ce qu’il·elle a de plus beau. L’humain·e à travers la mort, également. Déjà sur Une danse de mauvais goût, en équipe avec Mansfield.TYA, Odezenne déployait sa capacité à aborder les grandes énergies funestes avec finesse et poésie. Ici, la magie est réitérée avec cette même dose d’émotions chamboulantes. La mort se voit cependant devancée par l’amour adelphe qui lie Alix et sa sœur Marie-Priska, cette dernière devenant le symbole même du message transmis par le morceau.
Le court-métrage qui habille la sortie est en réalité une confection de Marie-Priska elle-même. “En mars 2021, alors qu’elle est en rémission miraculeuse, elle réalise un film sur le thème de la renaissance, la guérison et le devoir d’allégresse.” Une séquence remplie de lumière et de vivacité, avec l’ocre et le blanc pour couleurs conductrices, et qui suit le parcours de Marie Priska de l’autel d’une église jusqu’à une jetée en bord de mer. Un itinéraire qui semble cacher de multiples messages également, et qui trouve en Vu d’ici une bande originale idéale. Un véritable instant de beauté qui viendra clôturer l’album 1200 mètres en tout attendu pour le 07 janvier prochain.
Caméléon musical aux allures de mafieux sicilien.