Si elle le faisait déjà avec ses kits Ikea, la Suède meuble désormais votre chez-vous avec la mélancolie de ses jeunes chanteurs prodiges. C’est le cas d’Anna Leone, la vingtaine à peine mais qui semble pourtant avoir déjà tout vécu si l’on en croit ses paroles douloureusement identifiables sur l’amour perdu et la solitude de son premier EP, sorti par le jeune label français Half Awake.
Jamais un titre d’EP n’aura aussi bien illustré son contenu. Wandered away : se laisser embarquer et errer, c’est en effet ce qu’il se passe dès les premières notes, on est pris dans un flot incontrôlable de tristesse et de nostalgie. On dit souvent que les plus belles chansons sont les plus tristes, Anna Leone nous le prouve encore ici, à tel point que l’on prendrait presque plaisir à souffrir en l’écoutant.
Cette dérive émotionnelle débute par My Soul I, où la jeune chanteuse nous partage ses émotions à l’état brut, et nous oblige quelque part à faire face à nos propres expériences douloureuses, sans échappatoire possible. Sincérité et simplicité semblent être les maîtres mots de cet EP, tant au niveau musical que visuel. Victoria Lafaurie et Hector Albouker apportent un esthétisme sobre grâce à un trio de clips, passant des gros plans d’Anna nous perçant du regard dans My Soul I et I Never Really à des plans aériens de paysages suédois dans If You Only qui défilent et se mêlent parfaitement à la voix rauque et voilée d’Anna.
La jeune femme se dévoile au fur et à mesure de ses cinq morceaux et nous montre une maturité et expérience de vie que peu de gens ont connu à son âge. Au travers de ses textes simples mais puissants, on l’imagine avoir déjà vécu cent vies et connu mille peines. Dans If You Only, on se balade au sein de ses rêveries et désillusions et on grandit avec elle lorsqu’elle parvient à ouvrir les yeux.
Many people get disconnected from reality and sometimes only focus on what’s missing instead of what‘s actually there.
Les deux derniers titres jusqu’à présent non dévoilés, Wandered Away et Into the Cold, suivent le chemin mélancolique de leurs trois prédécesseurs en évoquant, entre autre, la douloureuse sensation d’être perdue et d’errer au milieu d’une relation que l’on ne contrôle plus. L’envoûtant refrain « I could have lost my mind» vient ainsi clôturer ce magnifique EP qui nous laisse comme vidé après cette thérapie forcée.
Quelques notes de guitare folk, une voix de velours et des paroles crève-cœur, voilà la recette parfaite de cette belle découverte. Anna Leone a déjà foulé quelques scènes françaises en faisant la première partie de Her au mois d’avril et on espère la retrouver rapidement dans nos salles avec plus de titres à son actif.
Elle sera en concert le 24 octobre à la Maroquinerie (Paris) et le 30 octobre au Botanique (Bruxelles), en première partie de Novo Amor.
Jeune paire d’oreilles toujours parée d’écouteurs, un peu trop accro au folk et indie rock. Accepte quelques écarts commerciaux pour sauver ses amitiés.