Warhaus peint avec toujours autant d’élégance la beauté des histoires d’amour
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Auteur·ice : Joséphine Petit
05/07/2022

Warhaus peint avec toujours autant d’élégance la beauté des histoires d’amour

L’euphémisme de l’année serait de dire que nous attendions patiemment le retour de Warhaus. Membre historique de l’incontournable formation belge qu’est Balthazar, force est d’avouer que nous guettons chaque fin de cycle album-tournée du groupe comme un signe de possible come-back, ce side-project remuant plus encore nos entrailles que le principal. Si presque cinq ans auront été nécessaires à Maarten Devoldere pour offrir une suite à son deuxième album éponyme, c’est qu’il a embrassé ce temps pour explorer de nouvelles esthétiques à ravir les amateur·rices déjà sous le charme tout autant que les néophytes.

Open Window fait l’effet d’une porte ouverte sur un monde aux couleurs pâles des jours d’été trop chauds, où le crooner laisse le noir et blanc derrière lui pour un premier titre aux faux-semblants plus apaisés. Une délicatesse certaine se dégage de ce morceau aux contours dessinés par des cordes d’une finesse infinie, régulièrement rappelées à l’ordre par un piano dont s’échappent des notes toujours plus élégantes et profondes. Lorsque l’orchestration s’enroule en cercles magnétiques, la voix de Maarten se fait toujours plus traînante et enveloppe, pour notre plus grand plaisir, nos tympans dans un cocon suave. C’est l’outro tout en crescendo menée par ces cordes et ce piano majestueux qui confèrent au morceau toute son intensité.

Derrière cette beauté raffinée se cache le refus de reconnaître la fin d’une relation, lorsque se persuader que le futur a encore ses chances soulage la blessure laissée par le vide. Alors, les entêtants “it’s in the future we belong” prennent un teint de compassion et le morceau une couleur universelle. La mise en image est d’autant plus poignante que l’on observe Maarten Devoldere manger ses moules sans prêter une seule attention à un monde qui s’écroule à travers ses affaires jetées par une fenêtre ouverte sur une relation qui n’est plus.

 

Rien d’étonnant à se dire que sont responsables ici les mains expertes en production de Jasper Maekelberg, aussi doué à produire la bande flamande (Balthazar, Warhaus, J. Bernardt, Sylvie Kreusch) que sur le devant de la scène avec son projet Faces on TV. Une chose est sûre : Maarten Devoldere sait s’entourer. Et si l’on risque cette fois de ne pas retrouver dans le disque les chœurs envoûtants de Sylvie Kreusch, actuellement en tournée pour le magnifique Montbray, il faut avouer que la voix de Warhaus se suffit, somme toute, à elle-même.

Nul doute que si l’attente fut longue, elle est aujourd’hui récompensée. Nous sommes impatient·es d’en savoir plus sur ce troisième opus. Lorsque le premier avait été composé sur une péniche et le second en voyage au Kirghizistan, l’on se dit que celui-ci doit cacher sa petite histoire bien précieusement. Avec Open Window, Warhaus lève quelque peu le voile du mystère tout en l’épaississant plus encore. Les couleurs tant à l’oreille qu’à l’image, aussi bien que la présence accentuée des cordes qui restaient jusqu’ici au second plan (Everybody, Bruxelles), offrent une nouvelle direction à l’ensemble. Reste à savoir si Maarten Devoldere a choisi d’embrasser cette route dans son entièreté, ou bien si quelques cuivres retentiront encore sur son prochain passage.

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