(watch my moves) : les contemplations indie-folk de Kurt Vile
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Auteur·ice : Coralie Lacôte
20/04/2022

(watch my moves) : les contemplations indie-folk de Kurt Vile

Alors que les beaux jours font leur retour, Kurt Vile nous livre ce qui pourrait en devenir la mélodie. Quatre ans après Bottle It In et quelques collaborations de prestige, le Pennsylvanien revient avec (watch my moves), un album auto-produit qui conjugue nature et mélancolie.

Cette fois-ci, Kurt Vile ne se fie pas aux impératifs dictés par l’industrie et abolit les postures. Tandis qu’il confie avec sincérité le mal-être dans lequel il était plongé juste avant que ne frappe la pandémie, il reconnaît aussi avoir investi les confinements d’optimisme. Cette parenthèse collective se présentait en effet pour lui comme l’occasion idéale de se réfugier dans son nid et même de tenter de changer ses habitudes créatives. Si à l’écoute de ce nouvel album, on ne semble pas percevoir de métamorphose considérable, on constate tout de même que le musicien aura extrait de cette épopée solitaire, un album contemplatif qui ne se limite pas à ses poncifs et n’a rien de déceptif.

Somme toute, l’une des choses les plus appréciables avec cet album est de constater qu’il n’est pas l’occasion pour le musicien de prouver ses capacités. Si sa discographie ne laisse aucun doute quant à son talent musical, on part souvent de l’idée que chaque album doit surpasser celui qui l’a précédé. Or ici, il n’en est rien. Du moins, Kurt Vile ne semble pas essayer de se prêter à cette quête de performativité. En toute humilité, ce prodige du folk nous offre un album emplit de douceur, de réconfort et de sincérité. (watch my moves) se présente de cette façon comme une parenthèse introspective et l’empreinte d’un regard à l’heure de la pandémie. Modestement, cet opus permet à Kurt Vile de réaffirmer son génie mélodique et ses talents de compositeur puisqu’il réussit à établir un savant équilibre entre des paroles qui décrivent ses tumultes psychologiques et des structures instrumentales très réfléchies. De cette introspection enregistrée en partie à domicile, résulte non pas une plongée dans la vie confinée du musicien mais davantage une déambulation immobile. Par les mélodies, les harmonies et les couleurs musicales, il ouvre ainsi l’horizon et nous téléporte là où la nature se fait souveraine. Il nous invite ainsi à contempler avec lui et à reconsidérer le temps, réinvestir nos imaginaires et nos vies.


Dès l’inaugural Goin on a Plane Today, on se trouve séduit.e par la mélodie d’un piano dépouillé que l’ajout de cuivres vient ensuite magnifier. Connu et reconnu pour ses compositions folk-rock, Kurt Vile oscille ici entre folk classique avec Stuffed Leopard et compositions indie comme Like Exploding Stones. Il renoue même avec ses aspirations adolescentes pour le grunge sur Fo Sho. Accordant à l’introspection sa part d’onirisme et de poésie, Kurt Vile se laisse également aller à des compositions plus psyché comme avec les deux instrumentaux Kurt Runner et (shiny things) qui reposent sur le même principe de composition : une boucle de synthé avec de la reverb, donnant l’illusion sonore d’un écho qui se perd dans la forêt ou d’un ricochet.

Connu pour ses collaborations musicales que l’on porte en haute estime comme  l’album Lotta Sea Lice réalisé en 2017 avec Courtney Barnett, ou son duo avec le regretté John Prine, Kurt Vile nous fait la surprise de convier Cate Le Bon aux choeurs et au piano sur Jesus On The Wire.

Avec (watch my moves), le fondateur de The War on Drugs, ne manque pas non plus de rendre hommage, que ce soit à Neil Young avec une référence à son titre Heart of Gold sur le premier morceau ou à son père conducteur de train dans Flyin (like a fast train).


Entre hommages et vague à l’âme, Kurt Vile inaugure une divagation musicale qui donne envie de balades en forêt, de pique-niques en bord de lac et de lecture dans l’herbe. Sans que l’on sache précisément si nous sommes au printemps ou en hiver, au milieu de la forêt ou au bord de la mer, cet album reste une invitation au voyage, un appel à la nature et à l’amour de soi, que l’on ne saurait refuser.

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