Whatever! au Bota : l’auto-live report
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Auteur·ice : Nicolas Nollomont
27/04/2016

Whatever! au Bota : l’auto-live report

Alors que j’avais initialement prévu de me faire un weekend complet de psyché au Stellar Swamp il y a quelques temps d’ici, un imprévu était venu se glisser dans mon agenda : le concert de Whatever!, le projet dont je fais moi-même partie, au Botanique. Du coup, étant dans le mood live-report pour le weekend, j’ai décidé d’écrire un article un peu spécial: le compte rendu d’une soirée où, pour une fois, les mecs en slim et chemise à carreaux qui font les malins sur scène, c’est nous.

On se la pète sous les spots

En mode papillon de lumière sous les projecteurs

16h. Après s’être tapé les 200 bornes qui me sépare de mes chères Ardennes natales à Bruxelles dans un van plein à craquer, me voici enfin sur place. Rob et Justin (A.K.A J-Boy, les vrais savent), ces deux groseilles qui jouent avec moi, débarquent sans tarder quelques minutes plus tard. Pour pas changer, le ciel nous rejoue une version plutôt humide de 50 Nuances de Grey au dessus de la capitale. Les cordes pleuvent en effet sans retenue, c’est donc détrempés que l’on trouve refuge sous les parois vitrées de cette bonne vieille coupole du Botanique. On est sacrément en avance, alors on se pose en boire une petite au bar avant d’aller jouer les sherpas avec les quelques 200 kilos de backline qui nous attendent encore.

C'est lui hein là, qui prend tant de place dans le coffre avec tous ses brols pour taper dessus.

C’est lui hein là, qui prend tant de place dans le coffre avec tous ses brols pour taper dessus.

Ce soir-là, on ouvre pour Young Rival, un groupe de garage canadien, venu tout droit d’un bled en Ontario du nom d’Hamilton. Signés chez 62TV Records pour la Belgique, ils devaient initialement passer aux Nuits Bota l’année dernière, mais avaient dû annuler en dernière minute. Evoluant dans un style aux sonorités très lo-fi et très pop à la fois, à la limite du surf et des envolées planantes de la nouvelle vague psych de ces dernières années, leur truc colle pas mal avec ce qu’on essaie de cracher : un garage frais et boisé par les épicéas de nos terres d’origines, qui sent bon la spring reverb et les coups entre potes au bord de la rivière un jour d’été ensoleillé, les pieds en éventail.

Du coup, ça fait doublement plaisir d’ouvrir le bal à leur côtés. D’autant que les mecs sont super chills, et nous accueillent avec la banane quand on les rejoint sous les voûtes du Witloof pour les balances en compagnie de Bee, notre ingé son, fraîchement arrivé pour l’occasion. On se serre les pattes, on pose les guitares et les fûts, et one-two-check-check, l’affaire est pliée.

Quelques minutes de glande plus tard, direction resto pour grailler un truc. Sauf que, pas de bol, les mecs prennent 3 plombes, et semblent nous avoir zappés. Entre temps, on reconnaît quelques têtes qui s’amènent, arrivées de bonne heure pour soutenir les potes (ouais, les gars). On tape la discute en attendant la boustifaille, avant de finalement gober notre assiette en 2 minutes 47, et de taper le sprint jusqu’au backstage pour choper quelques bières en last-minute.

Bee, aussi connu pour le motto « Moi, je pars du principe que tout le monde a besoin d’une bière ».

Bee, aussi connu pour le motto « Moi, je pars du principe que tout le monde a besoin d’une bière ».

Alors, contrairement à ce qu’on a pu lire par après, c’est plutôt détendu qu’on arrive sur les planches. Mais bon, quand t’avales un repas en moins de temps qu’il ne faut que pour dire «Hello, Bruxelles!», alors oui, forcément, d’extérieur on peut paraître un tantinet ballonés. Qu’importe, the clock is ticking et on a déjà 5 min de retard. Pas le choix faut y aller, comme disait ce bon vieux Faf.

Même si on a les spots en plein gueule et qu’on y voit pour ainsi dire goutte face au public (oui oui, on fait semblant de vous avoir vus, les mecs), la salle semble assez bien peuplée, et c’est plutôt cool. Chacun empoigne baguettes et guitares, et se prépare pour la fête lorsque…crap. Mon onglet. Plus moyen de retrouver cet infâme machin. Sûrement jonché je-ne-sais-où sur le sol à la suite de nos checks, je me suis encore fait le coup. Ok, autant chercher un jack dans un bac rempli de XLR, tant pis, c’est pas le moment. Et puis de toute façon, déchiquetons-nous une fois de plus les doigts sur les cordes, c’est tellement plus agréable.

#yoloc'estparti

#yoloc’estparti

Plus le temps de chipoter, on attaque avec le premier titre, No Bummer, comme toujours lééégèrement trop vite sous l’excitation. Faut dire que Rob aime la jouer Ramones quand il arrive sur scène. Le truc étant déjà à l’origine basé sur 3 accords sautillants dans les 180 BPMs, pour l’occase, c’est un peu déconné. Du coup, à sauter partout, il règne rapidement une chaleur aussi saine que dans une deux chevaux sans la clim en plein soleil à Malaga, et mon index sent déjà sérieusement le roussi.

Mais la bonne nouvelle, c’est que ça ne semble pas tout à fait désintéresser la population locale, puisque rapidement se font entendre de jolis sons de clappement de mains les unes contre les autres, et il paraitrait que cela serait plutôt bon signe. Cool.

"A côté de ça, Johnny Halliday au stade de France, c'est un playmobil dans un évier!"

“A côté de ça, Johnny Halliday au stade de France, c’est un playmobil dans un évier!”

Suivra une autre ânerie dont nous sommes les auteurs, Don’t Be Mad (Mama), un machin racontant à quel point on a souvent ce don naturel de tout faire foirer (ce qui, miracle, ne semble pas trop être le cas jusqu’à lors). Nos élucubrations braillées à pleine voix nous mettent progressivement dans le bain pour la suite du set et nous permettent de reprendre nos esprits suite à l’enfilage éclair de notre bonne pitance quinze minutes avant.

Troisième morceau. La température sur scène est maintenant de 3254 degrés lorsque l’on entonne Surf My Turf, et mon index est officiellement décédé. Je n’ai toujours pas compris comment le Jay arrive à continuer s’agiter autant qu’un Ian Curtis en pleine epilepsy-dance dans son pull en laine tout en grattant les cordes de sa basse. En quête désespérée du plectre disparu, j’annonce officiellement la perte de ce dernier et lance un appel au plus offrant qui aurait un de ces bon vieux Dunlop nylon à dépanner. Surgissant du public, cette bonne âme de Philippe qui nous a booké le concert, me tend alors le graal en question. Soulagement.

Capture d’écran 2016-04-27 à 21.13.15

Sérieusement, vous avez vu ce pull?

Apaisé par cette douce offrande, c’est alors tout en chillance que l’on amorce cette bonne vieille balade estivale de Stoned & Stranded. Probablement l’un de nos moments fétiches de notre set, où l’on récupère quelque peu de l’urgence du début, le morceau nous laisse toujours un peu planants. Bonheur n°2 : les Young Rival, terrés sous une voûte sur la droite, semblent écouter attentivement.
La fraîcheur quelque peu retrouvée, le temps était désormais venu de remonter crescendo avec ce qui risque très fortement de faire office de notre futur premier bébé-single d’ici cet été (après tournage de clip, toussa) : Stay. Plutôt que de me lancer dans des longues descriptions hasardeuses de la chose, la voici plutôt en exclu interplanétaire :

Les titres suivants rouleront ensuite sans accrocs, avec un bon feeling se tissant entre nous et la grappe d’hurluberlus assez fous que pour être venus nous écouter. Les tignasses bougent au gré du temps, et pour nous, l’instant est bon comme le pain.

En même temps, c’est un peu le but ultime. La plupart de nos trucs sont écrits sur le tas, autour d’une bonne bière en fin d’après-midi d’été ensoleillée, ou dans le garage poussiéreux de la bicoque parentale au milieu des bois. Des conneries écrites en mi la ré avant tout conçues pour tenter d’amener l’atmosphère à la fête décomplexée ; alors quand les gens se marrent et s’agitent sur tes accords, ça parait con mais t’es content comme le jour où tu as reçu Pokémon rouge pour ta gameboy en Noël 97.

Capture d’écran 2016-04-25 à 23.13.06

La position dite du “solo en chasse neige”

Le milieu du show est un peu plus peinard, ce qui n’empêche pas d’être complètement en nage. Toujours cette chaleur. La bonne ambiance globale nous poussant encore davantage à faire les crétins sur scène et à sautiller de tous les côtés, la température est en effet désormais démesurée. Dans une sorte d’épuisement exalté, on se rabat sur nos bières entre chaque morceau pour tenir la longueur.

On terminera finalement le set avec deux trois exclus bouclées en last minute avant le show, avec, pour conclure la fête en douceur, un inédit pour nous : une berceuse acoustique du nom de TV Show. L’ultime coup poignet donné, on claque une bise à nos nouveaux potes pour l’écoute, et il est déjà temps de mettre les voiles.

Retour backstage, je me tape 2 litres de Spa en 10 min. Foutue chaleur. Je suis apparement blanc comme un Nurofen. Le temps d’un récap sur canap, on reprend nos esprits un petit quart d’heure histoire de dire. Mais pas le temps de végéter, le saint appel du houblon et des potes n’attend pas, fieu. On rejoint les potes sans tarder dans la salle, happy comme des gosettes devant les premières notes planantes des copains canadiens de Young Rival.

Man, what a party.

Nicolas Nollomont.

(Ha, et pour voir toutes les photos de la soirée, c’est ici que ça s’passe) :

Whatever! @ Botanique

 

 

Photos Credits : Natacha Camus, Kahori Pictures, Valentine Gourdange.

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