YG Pablo : “Quand tu vois quelqu’un de chez toi réussir, fatalement tu as envie de faire pareil”
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Auteur·ice : Paul-Louis Godier
15/09/2020

YG Pablo : “Quand tu vois quelqu’un de chez toi réussir, fatalement tu as envie de faire pareil”

Il n’y a pas un jour où l’on n’entend pas parler du rap belge. À croire que le rap s’exporte davantage que les diamants anversois. Il a sorti son premier EP Super courant 2019, et son futur projet s’annonce bouillant. Rencontre avec YG Pablo, perle rare numéro… on ne les compte plus… du rap belge.

© Photos : Paul-Louis Godier

La Vague Parallèle : Salut YG Pablo ! Est-ce que tu peux te présenter, pour les lecteurs qui ne te connaîtraient pas forcément ? J’ai entendu qu’avant, tu étais pas mal investi dans le basket ? Tu peux nous parler un peu de ton parcours ?

YG Pablo : Je viens de Bruxelles, de base. J’ai pas mal bougé avec le basket, ici en Belgique. J’ai joué à Liège, par exemple. Pendant mon année rhéto, je suis parti aux États-Unis. J’ai eu une bourse d’étude pour le basket. Quand je suis rentré en Belgique, j’ai laissé ce truc-là un peu sur le côté et je me suis plus concentré sur la musique. J’ai toujours kiffé la musique, j’ai toujours écrit. Depuis que j’ai 14 ans, j’écris des textes, mais ce n’était rien de bien sérieux au début. Et là, je m’y suis mis plus sérieusement, en allant en studio par exemple. J’avais des potes qui avaient des home studios, du coup, ça commence comme ça. On enregistre un son, puis un deuxième, et puis la machine est lancée.

LVP : Tu as 23 ans, tu as signé l’année dernière sur le label Believe. Tu peux nous présenter ton équipe ? Qui sont les personnes qui bossent sur les clips et sur la production ?

YGP : Pour mes clips, je bosse pas mal avec Alexandre Brehm et Anaïs Triantis. C’est eux qui ont réalisé le dernier d’ailleurs (Jodeci). Sur le dernier projet, j’ai beaucoup travaillé avec Ekany. Mais sinon, j’essaye de m’élargir au niveau des producteurs et j’essaye de bosser avec des gars que j’aime bien. Souvent c’est des Parisiens. Je suis beaucoup sur Paris ! 

LVP : Ton premier EP est sorti il y a un peu plus d’un an, en avril 2019. Quel bilan tires-tu de ce projet, et est-ce que tu es content de ce que ce projet t’a permis de faire ?

YGP : Ouais, je suis content ! C’était le premier où on a tout fait nous-mêmes. Je travaillais à ce moment-là, du coup j’allais en studio après le taff. C’était vraiment un projet où on était seul et je suis super heureux du résultat, de ce que ça m’a apporté. C’est une belle carte de visite, qui m’a permis d’être là où j’en suis actuellement.

LVP : Ta vibe se situe un peu entre la trap et la R&B, à mon sens. Comment tu définirais ton style ?

YGP : Pour moi, c’est hyper varié parce que j’écoute de tout et je retranscris vraiment ce que j’aime. Donc ça dépend vraiment de la vibe dans laquelle je suis à ce moment-là. Tout ce qui me plaît, je vais essayer de le faire. Si j’ai envie de faire de la dancehall, je fais de la dancehall. En ce moment je fais un peu de tout (rires). La polyvalence c’est hyper important pour moi ! Et là encore, ce que j’ai déjà envoyé, ce n’est rien par rapport à ce qui va sortir. J’étais plus dans un mood love avec AVM, DM ou Lafayette. Ça va être encore plus fort, en termes de diversité, avec les sons qui vont sortir.

LVP : Personnellement, c’est sur le morceau Trap Phone que j’ai eu l’impression d’en apprendre plus sur toi. Je trouve que c’est le style dans lequel tu es le plus à l’aise.

YGP : C’était un peu le but de mon premier projet, Super. C’était de faire trois morceaux rap et trois morceaux qui sont un peu plus différents et ouverts, comme Bonnie n’Clyde par exemple. C’est des rythmes un peu plus lents. Donc l’objectif était vraiment de montrer tout ce que je savais faire, sur un EP de six titres. C’était un bon exercice !

LVP : Au niveau des textes, comment travailles-tu ? Tout se passe en studio, ou tu as vraiment des phases d’écriture ?

YGP : Ça dépend ! Il y a des morceaux que je travaille plus que d’autres. J’ai la chance d’avoir un home studio, donc je touche aussi un peu à la production. Il y a pas mal de trucs que je commence chez moi. Ça me permet d’approfondir une idée. Et puis, quand j’arrive en studio, souvent j’ai déjà pas mal de choses de prêtes et je n’ai plus qu’à poser. Mais sinon, ça m’arrive aussi d’écrire directement au studio. Ça dépend vraiment du mood dans lequel je suis.

LVP : Tu peux nous parler de tes influences ? Qu’est-ce que ton passage aux États-Unis t’a apporté ?

YGP : J’ai eu la chance de revenir quasiment bilingue. Ça m’aide beaucoup au niveau des textes, et ça m’ouvre à des thèmes. Quand tu écoutes du rap français, je trouve que ça parle souvent de la même chose. Quand tu comprends les paroles des Américains, ça t’élargit sur les thèmes qu’on n’aborde pas forcément chez nous. Récemment, des rappeurs du style de XXXTENTACION ont montré que c’était cool de parler de ses sentiments. C’est vraiment un exemple parmi d’autres. Mais grâce au rap américain, j’ai différents thèmes qui me viennent en tête automatiquement. Après, j’étais à Chicago, donc ce n’est pas forcément là-bas que j’ai été inspiré. Mes influences, ça a toujours été Drake et Tory Lanez. C’est des gars qui font vraiment de tout. Que ce soit trap, zumba ou dancehall. Et à chaque fois tu respectes leur choix artistique, parce qu’ils le font bien. 

LVP : Est-ce que depuis que tu as commencé la musique, il y a un artiste qui t’a influencé ou marqué ?

YGP : Je dirais Damso ! Tout simplement parce que c’est la proximité. Se dire que c’est possible de venir d’ici, de Bruxelles, et d’avoir un parcours comme celui qu’il a eu, c’est motivant. Quand tu vois quelqu’un de chez toi réussir, fatalement tu as envie de faire pareil, voire mieux !

LVP : Cette touche américaine que tu apportes dans tes sons, est-ce que tu la développes pour le prochain projet, ou c’est quelque chose qui te vient naturellement ?

YGP : Non c’est naturel ! J’écris mon texte et ça me vient, mais ce n’est pas calculé. Peut-être que je vais rapper en anglais dans le futur… ou même en espagnol (rires).

LVP : On parlait de tes clips, on voit que c’est un aspect sur lequel tu travailles beaucoup. Tu essayes de nous amener dans ton univers à chaque fois. Comment est-ce que tu travailles là-dessus ? Est-ce que ce sont tes idées, ou bien est-ce que c’est vraiment un travail d’équipe ?

YGP : Franchement, c’est un travail d’équipe. Surtout sur Jodeci, où tout le monde a été impliqué et tout le monde a apporté des idées. On a vraiment fait le truc tous ensemble. On apporte chacun nos idées, on met à plat et puis on fait le truc.

LVP : Tu as un gimmick qui ressort souvent ! Le fameux « Super, Incroyable ». On l’entend assez souvent dans tes sons, et puis ton premier projet s’appelle Super et il se termine par le morceau Incroyable. Tu peux nous parler de ça ?

YGP : C’est quelque chose que j’avais fait par hasard un jour sur un morceau. Et en l’écoutant je trouvais ça trop bien, du coup c’est ma manière de commencer mes sons. C’est une sorte de signature, et je le fais par instinct. Des fois je l’oublie parce que ce n’est pas la vibe, mais c’est rare !

LVP : Avec le confinement, on a tous redécouvert nos albums « classiques ». Qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ?

YGP : Franchement, je n’ai pas écouté beaucoup de musique récemment. Je préfère en faire ! C’est surtout en voiture que j’écoute de la musique. Mais sinon, si je dois te citer deux artistes, je dirais Damso et Drake.

LVP : Tu as sorti pas mal de singles ces derniers temps, tu as parlé d’un projet fin 2019, qui est toujours en préparation, j’imagine ? Tu en es où actuellement ?

YGP : On bosse actuellement sur un projet qui devrait sortir fin d’année 2020. On est en plein dedans et on doit être à 85%. Mais les derniers pourcentages mettent souvent plus de temps. En tout cas, il est en confection ! On ne veut pas mettre des morceaux les uns à la suite des autres, sans aucun fil conducteur. On veut un projet lourd, qui accompagne les auditeurs dans le temps et qui dévoile bien mon univers. C’est vraiment un concept sur lequel on travaille.

LVP : Avec la crise sanitaire, j’imagine que tu as pas mal de dates qui sont passées à la trappe. Est-ce que tu as de l’actualité dans les prochains mois à venir ?

YGP : Je serai à la Boule Noire le 2 décembre, à Paris. Mais oui, j’ai eu beaucoup de dates d’annulées, comme les Ardentes, Dour, etc. On en aura d’autres, j’espère. Ce n’est que partie remise.


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