Yuksek, Jean Tonique, Poom, Get a room: récit d’une “partouze musicale”
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Auteur·ice : Margot Desautez
22/03/2015

Yuksek, Jean Tonique, Poom, Get a room: récit d’une “partouze musicale”

Yuksek, Jean Tonique, Poom et Get a room dans la même pièce ? Non ce n’est pas un fantasme, La Vague Parallèle vous conte le déroulement cette demi-heure de “partouze musicale”:

LVP: C’est un peu impressionnant de tous vous avoir tous en face de moi !

Je vais commencer par me tourner vers vous, Get a room !, Je pensais ne pas vous connaitre et j’avais tord puisque j’ai découvert Polo & Pan récemment et j’ai écouté un remix que vous avez fait pour eux, « Rivolta ». Comme eux, vos titres passent dans les clubs parisiens branchés, vous avez fait une compil’ pour Colette, vous avez également bossé pour la fashion week : est-ce-que Get a room va se cantonner à Paris ou est-ce-que vous souhaitez vous exporter en Province ?

Aurélien : On a fait des compil’ pour Colette, c’est vrai qu’on s’est fait une petite place dans ce genre de soirées. Je crois que pour être heureux on a besoin des deux : les soirées fashion à thème et les soirées un peu plus « underground » si on peut dire ça comme ça.

Jeff : Ce sont des potes aussi Polo & Pan, c’est pour ça qu’ils nous ont demandé un remix. D’ailleurs je crois qu’ ils sortent un nouveau truc prochainement !

LVP: Est ce que vous pouvez nous présenter ce Geisha Boy qui est sur 3 des 5 titres de votre dernier E.P, « Inbetween » ?

Jeff : C’est Maïke, le chanteur de Tristesse Contemporaine. Par contre, je ne sais pas pourquoi il s’appelle « Geisha Boy » …

Aurélien : C’était le chanteur d’un groupe qui a marché à la même époque que la French Touch qui s’appelait Télépopmusik. C’est comme ça qu’il a débuté sa carrière avant de démarrer Tristesse contemporaine sur le label Dirty et, comme Polo & Pan, c’est un ami, on marche beaucoup aux réseaux d’amis.

LVP: C’est assez étrange quand on vous écoute : vous jouez avec les codes de l’électro, de la new wave, de la black musique et vous arrangez tout ça à la sauce franco-française de Brassens, Feret… Sur votre dernière Radio Grabuge on entend du Isabelle Mayereau par exemple, qu’est ce que vous souhaitez faire ?

Aurélien : Il n’y a pas de limite !

Jeff : On risque de refaire une compil pour Colette où il y aura à nouveau des trucs français.

Aurélien : On adore jouer de tout ! Get a room c’est l’histoire de deux potes qui adorent la musique et écoutent vraiment de tout. On s’est aperçu que selon le contexte on avait envie d’écouter une musique plus qu’une autre. Quand on fait des compil’ pour Colette il faut que ce soit un peu exotique et un peu sexy par exemple. On s’adapte et on n’ a jamais vraiment eu besoin de choisir un style musical. L’essence de get a room c’est justement le fait d’écouter, du matin au soir, beaucoup, beaucoup de musique.

Jeff : Et puis on aime faire découvrir des trucs aussi. Isabelle Mayereau par exemple je ne pense pas que ce soit une artiste française très connue, moi même j’ai honte de l’avoir découverte il y a peu de temps. J’ai juste envie de découvrir et de faire découvrir des sons.

LVP: Et Radio Grabuge, qui est un condensé de tout ce que vous écoutez en ce moment, ce sera quelque chose qui sortira régulièrement ?

Aurélien : Il y aura un épisode de Radio Grabuge tous les mois et indépendamment de ça le jeudi tous les 15 jours on forme un trio avec Marco Dos Santos sur Rinse FM pour une émission qui va s’appeler « Steak Frites ».

Jeff : Radio Grabuge c’est un peu notre fourre-tout en fait, ça nous aide à créer par la suite.

Aurélien : Oui à la base on est venu à la musique et à la production en tant que DJ et non en tant que musicien. On n’a pas appris le solfège ou un instrument, on a commencé à faire de la musique à partir de samples de nos disques. Pierre (Yuksek), qui est musicien, nous a aidé à ce niveau là : on lui présentait nos samples, notre matière sonore et il nous guidait dans la création. On est arrivés dans la musique par le disque et on fait beaucoup de mixtapes et d’émissions de radio justement pour ça. Notre boulot c’est d’essayer d’utiliser notre connaissance musicale et de la mettre dans un contexte pour que toi, dans ta voiture ou chez toi, tu puisses écouter quelque chose de cohérent. On aime arranger les éléments et honnêtement si on ne faisait que de la techno ou de la chanson française on se ferait super chier !

D’ailleurs Jeff travaillait dans des boutiques de vinyles d’occasion en Angleterre à la base, il est revenu en 2009 un peu triste et je lui ai dit qu’il fallait qu’on s’occupe. On a pris quelques uns de ces disques, on a fait des écoutes qu’on a sorti en vinyles. Moi j’avais un vrai label à côté qui ne marchait pas du tout sauf dès qu’on sortait des edits avec Jeff où tout était vendu en une semaine donc on s’est dit qu’il fallait se lancer à deux. Dès que notre discographe a arrêté de faire du vinyle on s’est retrouvé avec plein de vinyles dont on ne savait pas quoi faire et là “Colette” est venue vers nous et nous a demandé d’écouter nos edits pas encore sortis.

Jeff : Tout ça c’est vraiment un accident en fait !

LVP: Un bel accident alors ! Et comment vous avez rencontré Yuksek ?

Jeff : On a joué avec lui une fois au Wanderlust, il aimait bien nos edits, on s’est revus après et voilà.

LVP: Et Pierre t’as réussi à leur faire confiance comme ça sur de simples edits ?

Jeff et Aurélien se marrent.

Jeff : La question qui tue ! On sait qu’on est des boulets P-A !

2015-03-22 02.12.05-1Yuksek : Ouais mais en fait c’est le principe du label ! Tu te lances sans vraiment te demander si ça va marcher ou pas. On fait tout pour qua ça atteigne des gens et que ça leur plaise mais c’est pas le but premier. Moi je veux produire de la musique qui m’intéresse, ma problématique de carrière ou je ne sais pas quoi m’importe plus vraiment. Je veux faire des trucs cools avec des gens cools, les gens qui sont dans cette pièce sont autant des partenaires de travail que des amis. Travailler dans un studio ça aide pas mal à se sentir ensemble, un peu à la maison quoi. Et ce qui est génial c’est que je fais plein de trucs différents. Get a room cherchait quelqu’un pour les aider à produire et moi j’aime bien faire ça, Poom avait un album mais plus vraiment envie de faire de concerts et je trouvais dommage que leur musique ne sorte pas. Chaque projet part d’envies, c’est tout.

LVP : Depuis la dernière fois qu’on s’est croisés tu t’es décidé sur la manière de prononcer « Partyfine » : à la française ou à l’anglaise ?

Yuksek : Non, toujours pas. J’essaye de gommer progressivement le « Party » ou ne garder que le « Fine » à l’anglaise.

LVP : Partyfine ça peut vouloir dire autre chose aussi ! (rires)

Jeff : Mais on couche tous ensemble ! (rires)

Yuksek : Les gens ont redécouvert ce mot avec cette histoire de DSK. Partyfine c’est romantique, non ? Le début du label c’est ce que j’ai fait avec J.S de Juveniles lorsque j’ai produit leur album, il a passé deux mois à habiter chez moi et en studio donc il y a cette idée de communion aussi.

Aurélien : Ne me regarde pas comme ça Pierre, je te suis ! (rires)

Pierre : Pour être honnête ce que j’ai en tête ce serait de faire non pas une compil’ mais un vrai album comme une sorte de cadavre exquis où chacun contribue avec ses petites particularités et d’arriver à créer quelque chose ensemble. Partyfine c’est cette idée de partouze musicale où chacun partage ses compétences et connaissances ! 

LVP: Et où chacun prend son pied !

Camille (Poom) : C’est ça !

Tous rient

LVP: On aurait pu se rencontrer à Paris, si vous êtes tous réunis là ce soir c’est qu’il y a quelque chose en préparation non ?

Yuksek : Une nouvelle compilation va sortir en mai, j’en suis très content, j’ai l’impression qu’on passe une étape avec ça, c’est un petit aboutissement. Par exemple Get a room a fini son premier E.P et on a mis l’un de leurs morceaux dessus. Jean Tonique va sortir son E.P dans une semaine et il a également un truc dessus, avec Poom on vient de créer un morceau que moi j’adore vraiment et qui est dessus. Clarens sera aussi dessus, il a fait plein de démos et il m’a envoyé un truc cette semaine vraiment top, YesYou fait des trucs pas mal aussi. On est arrivé à un moment où tout le monde a envoyé un truc mortel, je suis hyper content, la compil’ est super. Je parle de compil’ mais bon la compil’ c’est un truc un peu dégeu, moi je considère ça plutôt comme un album d’artistes différents parce que je ne prends pas le meilleur morceau de chacun des artistes mais j’essaye de construire une vraie tracklist avec un début, un milieu et une fin.

LVP: Parlons un peu de l’E.P de Jean Tonique qui sort très prochainement, le 30 mars, il sera disco, funk, électro ?2015-03-22 00.24.00-1

Jean Tonique : Tous les morceaux sont dansant donc ça reste autour de la disco, j’ai essayé de faire un truc qui ne soit pas chiant. Tu peux écouter les 7 morceaux sans t’ennuyer, du moins je l’espère, parce que tu passes d’un univers à un autre.

LVP: Est ce que vous vous connaissiez tous avant de travailler sur le même label ?

Aurélien : Moi j’ai chez moi le 1er maxi que Yuksek a sorti, ses disques du tout début. Après je ne me suis pas uniquement concentré sur ce genre de musiques là … en tout cas je sais pas vous mais moi les gars j’ai son premier disque !

Tous rient

Yuksek : Partyfine croise des scènes qui ne sont pas toujours dans les mêmes univers.

J.T : Pour ma part je connaissais Yuksek même avant de faire de la musique. Il a fait des gros morceaux et des trucs hyper cools depuis très longtemps. Poom je connaissais parce que j’avais vu un de leurs clips, je me souviens vous mettiez vos têtes dans vos costards c’est ça ?

Camille : Exactement.

J.T : Get a room je les ai rencontré en soirée, ce qui est cool c’est qu’il y a un truc qui émane de tout ça.

Jeff : La cohérence ce serait le son disco un peu non ?

Tous acquiescent

Aurélien : Pierre va vers des trucs pop, nous on fait des trucs plus techno, plus durs, Tonique c’est funky. Le tronc commun ce serait la basse batterie tu vois.

Yuksek : Je pense que nos racines sont plutôt disco mais disco à l’ancienne, un truc un peu 70s.

Aurélien : Ouais du genre Patrick Cowley, Donna Summer, Elis Arpeggio, tu vois de la disco qui envoie du bois quoi !

LVP: Il y a une ambiance associée au label aussi. Poom par exemple vous êtes vachement dans le graphisme, c’est très poétique et travaillé ce que vous faites, dans vos clips on voit des licornes, la lune…

Camille: Oui mais on a fait une école d’art avant en fait.2015-03-21 23.24.24-1

LVP: Vous faites vos propres clips ?

Camille : Oui, avec nos potes

Siegfried (Poom): On est très impliqué dans la réalisation à chaque fois. On s’est calmés au niveau des licornes, on est moins chambardés qu’avant quand même. On chantait en anglais au départ et notre univers était très kitsch, très coloré, puis on est passés en français avec tout le snobisme qui lui est lié, on est devenus plus sobres, on a gommé ces aspérités kitsch.

LVP: Qui écrit les textes ?

Siegfried: On écrit tout ensemble, sauf lorsqu’on a fait la reprise de Brassens sur un texte d’Aragon et la reprise de Boris Vian.

LVP: Et vous faites des lives ou pas ?

Camille : On n’en fait plus.

Siegfried: Et ce qui est génial c’est qu’avec Yuksek on s’est retrouvé sur ce point : on déteste les lives, c’est horrible de faire des lives ! T’as le ventre en bouillie avant de monter sur scène, ça te bousille deux semaines de pré-concert où tu ne penses qu’à ça ! T’es obligé de te droguer pour que ça passe, c’est l’enfer !

Tous rient.

Avec Camille on s’est dit mais c’est fou Yuksek pense la même chose que nous et depuis tout va mieux ! On devient plus un groupe de studio, d’ailleurs on est venus en studio à Reims pour enregistrer un morceau et aujourd’hui on a fini un truc très cool. Nous notre plaisir c’est plus la fabrique que l’interprétation.

Yuksek : Non mais je pense qu’il y a des vrais artistes de scène qui prennent un vrai plaisir à faire ça mais que ce n’est pas universel. Ce n’est pas parce que tu fais de la musique que tu seras confortable sur une scène, moi ça fait 8 ans que je tourne non-stop, j’y ai pris du plaisir mais dans le fond je crois que ce n’est pas ma place d’être sur scène.

LVP: On va justement vous laisser vous préparer avant d’entrer en scène, merci de nous avoir reçu et bonne chance !

Margot et Razmo

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