Le chanteur-rappeur nanto-bruxellois Zéphir revient sur son cheminement artistique à la capitale belge, rencontres après rencontres, qui l’a amené à bien s’entourer jusqu’à concrétiser un premier album 10 titres, peaufiné et nommé Clyde prévu au printemps 2023. Un projet dans les tuyaux depuis deux ans, une pure love story, « pour vider le sac », entre hip hop et pop, chant et rap, fougue et naïveté.
La Vague parallèle : Salut Zéphir, tu peux te présenter rapidement ?
Zéphir : Salut ! Je m’appelle Zéphir, c’est mon nom de scène et mon prénom. C’était plus simple de faire comme ça ! J’habite à Bruxelles mais j’ai grandi à Nantes.
LVP : Tu peux nous dire comment tu es entré dans la musique ?
Z : Je suis baigné dans l’univers arty de mes darons depuis que je suis gamin. Ma mère a fait la Cambre, une école de mode et de stylisme à Bruxelles et mon père de la photo à Saint-Luc. Depuis que je suis gosse, je dessine à fond, j’écris des poèmes… Mon daron m’emmenait faire des concours de dessin avec lui, j’utilisais Garage band sur l’ordi de ma mère… J’ai toujours essayé plein de choses.
LVP : Et aujourd’hui, la musique ça représente quoi pour toi ?
Z : C’est à la fois tout sans être non plus le principal. C’est juste qu’il y a des moments dans la vie où il faut se concentrer sur des choses. Mais je me laisse la liberté de me dire qu’à un moment donné si je veux raconter des choses avec un film documentaire je le fais !
LVP : Quels ont été tes premiers pas en tant que musicien ?
Z : J’ai eu un groupe de garage punk au collège, de mes 13 à 15 ans, ambiance Kurt Cobain, skate et gratte. Au lycée j’ai commencé à écouter beaucoup de rap français. Je suis revenu aux poèmes comme quand j’étais gamin puis avec le temps ma plume s’est aiguisée. Mais ce n’était pas la passion d’aujourd’hui, où je me lève et je me dis : putain j’ai envie de faire du son !
J’ai aussi eu la chance de rencontrer des gens et de tomber sur les bonnes personnes qui ont cru en moi et ont stimulé mes sens. Suite à quoi la musique a passé des paliers. En arrivant à Bruxelles, je faisais surtout des illustrations, je bossais avec des stylistes, j’étais plutôt dans l’art visuel. En fait, après mon BTS design graphique en France, j’ai intégré une école d’art bruxelloise un peu expé qui me faisait kiffer. Mais je continuais en même temps à faire ma musique dans mon coin. Et j’ai rencontré JB et JS du studio Salut tout le monde (qui s’appelait 254 sound avant). C’est avec JS que j’ai produit mon premier single Cadillac en 2019. C’est à ce moment que je me suis dit que j’allais m’appeler Zéphir. Puis il y a eu Surfer, Eau bleue avec Ion, le petit frère de Ichon, et produit avec le label Col bleu. C’est à ce moment-là que La Vague parallèle a sorti un premier article sur moi !
LVP : Ça a commencé à devenir sérieux pour toi ?
Z : J’ai fait une première résidence en novembre 2020 avec le bassiste Nico Felices et Jordan Legalez, un beatmaker de Paris, où on a fait une semaine de full son. J’ai découvert ce que c’était d’être dans une maison pour faire seulement de la musique et vider son sac, raconter sa peine et balancer à mort. On a sorti une quinzaine de maquettes dont la première de 4/5 (sorti en décembre 2022). On a fait une deuxième résidence où on a produit beaucoup de sons aussi. Plus tard, j’ai rencontré Dabeull dans un bar à côté, c’était un pote de pote ! On s’est hyper bien entendu. J’ai aussi travaillé avec Jordan Lee sur Jane B. C’est avec lui que j’ai revu toute la prod de mes maquettes. Il m’a guidé, m’a conseillé sur ma voix, il a fait le job de réal avec moi ! Il m’a pris sous son aile et il m’a suivi sur tout le projet qui va venir. C’est devenu classe ! Dans tout ce processus créatif, j’ai commencé à comprendre où je voulais aller et à m’épanouir. On travaille sur cet album depuis deux ans, il est en fin de mixage et il va sortir au printemps 2023 !
LVP : Si tu avais des artistes de référence, ce serait qui ?
Z : Rejjie Snow et Tyler mais c’est tellement énorme. Earl Sweashirt. Sinon j’écoute beaucoup mes potos, comme Ichon. Mais aussi beaucoup de soul genre Bill Withers ou de la chanson française à la Gainsbourg, Brigitte Fontaine… D’ailleurs je pense qu’elle a beaucoup influencé Bonnie Banane ! Il y a Philippe Katerine et Mes mauvaises fréquentations (1996). C’est bossa nova, hyper expé. Il a une façon de raconter les choses à travers des métaphores. Je trouve que c’est une bonne façon aussi de chanter en français ! J’ai essayé dans Cadillac de réduire le texte pour avoir un truc naïf, mais ce n’est pas évident, il faut trouver la façon de le faire.
LVP : De quoi parles-tu dans Clyde prévu au printemps ?
Z : Ça raconte l’histoire d’une séparation mais aussi du temps où j’ai écrit l’album. L’intro du projet c’est 4/5, c’est un peu un « Je voulais t’écrire un mot d’amour mais à quoi bon ? ». C’est ce moment où t’es dans ta vitesse, rien ne peut te résister, c’est l’insolence du début d’une relation. Bounce, c’est le moment de solitude. Cruelle… il y a toute une narration autour de cette histoire.
LVP : C’est quoi les projets dans ta tête en ce moment ?
Z : L’année dernière la musique a pris le devant mais j’aimerais bien aussi me lancer dans la production vidéo cette année tout en continuant le son. Et je vais bientôt avoir accès au statut d’artiste pendant trois ans, c’est un luxe de ouf !
La musique te traîne loin. Salutaire sur terre!