Si l’on n’a pas encore eu l’occasion de parler de Zéphir dans nos lignes, ce n’est pas pour autant que l’on ne suit pas son début de parcours depuis quelques mois. En octobre dernier, le jeune Bruxellois lâchait son premier clip et premier titre Cadillac sur les plateformes. Depuis, Ouh (Babe) et Surfer ont suivi et ont su nous convaincre de rester aux aguets. Le jeune homme ne cache pas sa volonté de proposer, morceau après morceau, des sonorités de plus en plus solides.
S’il a longtemps officié sous le nom de Gimme Pizza pour pouvoir expérimenter sa musicalité sans être remarqué, c’est en rencontrant le 254 que Zéphir prend conscience qu’il peut voir plus loin et construire un projet plus abouti. Le projet « Zéphir » naît alors que le jeune homme réalise qu’il peut lier la musique à toutes ses autres casquettes, à l’image d’une artiste belge couteau suisse que l’on connaît déjà - entre peinture, mannequinat et musique.
Originaire de la capitale belge, Zéphir enregistre pourtant ses premières chansons à Nantes, épaulé par le label auto-produit Col Bleu Records. De retour au pays, il dévoile un tout premier son Cadillac, assorti d’un clip fait maison. Un titre entre rap et rythmes chaloupés, qui nous reste en tête et nous fait bizarrement penser à l’été en plein octobre.
Ouh (Babe) vient ensuite porter le focus sur une autre atmosphère de l’univers de Zéphir. Une production moins ensoleillée, plus lancinante et dramatique dans ses instrus. Une plume plus crue mettant en évidence une certaine passion – remarquable – pour décliner le terme fessier tout au long d’un morceau, ainsi qu’une voix travaillée différemment que sur le premier morceau.
Il y a quelques semaines, Surfer venait compléter ce qui constitue désormais le début du corps de travail de Zéphir. Plus calme et lancinant encore que son prédécesseur, Surfer dépeint la fin d’une relation, entre beats mélancoliques et plume amère. Un refrain qui nous fait hocher la tête de manière frénétique et qui, malgré les paroles, nous apaise. Surfer est sans doute, jusqu’ici, le morceau à la plume la plus sincère et aiguisée depuis le début du projet du Bruxellois. Les sentiments post-rupture sont mis sur papier d’une manière si brute et sans fioriture que l’on connecte directement les paroles à notre propre expérience d’une fin de relation et des questions qui en résultent. « Mais je me dis c’est qu’une étape sur le périple, pour l’instant je suis à l’arrêt sur le périph’ » traduit, à la manière de Zéphir, l’impression d’être bloqué après la fin d’une relation et la volonté de croire que, en essayant de voir le tableau avec un peu plus de recul, cette relation n’était qu’une halte sur le chemin. « Je suis ton programme à la lettre et moi j’suis juste plus ton centre d’attention (…) Tu vois j’suis lucide, pourtant ma tête est creuse. Je te veux du mal babe, je te veux du bien. (…) Tout s’écroule, j’ai plus d’repère. » Zéphir arrive, du haut de son troisième titre, à mettre des mots sur les dualités d’une relation qui s’éteint et touche là où ça fait mal, mais aussi là où ça fait du bien.
On pourrait inscrire la jeune pousse bruxelloise dans un courant déjà incarné par des jeunes artistes tels que Fils Cara ou Moussa, en ce qu’ils ont en commun cette production calme et lancinante, cette passion pour narrer l’amour et ce mélange hybride entre énergies pop et rap. Sur ces trois premiers morceaux, Zéphir montre déjà que l’amour fait partie de ses thèmes de prédilection. L’amour espoir dans Cadillac (« Je voudrais l’amour sans tous ses aléas »), l’amour cru dans Ouh (Babe) et l’amour fané dans Surfer. Zéphir souffle une brise agréable sur la capitale belge et sur nos cœurs, et on ne peut que se tourner dans le sens du vent pour voir ce qu’il nous réserve.
Crédits photo : Hamza Seriak
Se nourrit essentiellement de musiques électroniques, de pop et R&B indé et de houmous.