Tout est gore : Lous and The Yakuza prête à tout saigner
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Auteur·ice : Flavio Sillitti
06/12/2019

Tout est gore : Lous and The Yakuza prête à tout saigner

Saint-Nicolas nous veut du bien. Quoi de plus beau comme cadeau qu’un second single de la nouvelle pépite urbaine la plus bouillante du moment ? Dévoilant doucement mais sûrement les couleurs de son album Gore à venir, Lous and The Yakuza frappe un gros coup pour un retour élégant et généreux. Il faut dire qu’on l’attendait au tournant après un magistral premier morceau rapidement devenu viral. Comptabilisant le million de vues sur Youtube, le tube l’a même propulsée dans les classements italiens ou suédois. Rien que ça ! Avec des débuts sur les chapeaux de roues, il semble que la Belge dépasse toutes les attentes. Et si les braises de son Dilemme sont encore chaudes, c’est ici une nouvelle flamme qu’elle ravive avec Tout est gore et son visuel où tout est beau. 

Femme forte à la couleur ébène, elle nous emporte ici dans les rues sombres new-yorkaises pour nous faire frémir sur des lignes toujours aussi impactantes et des beats toujours aussi lancinants. Une production signée El Guincho, allié hors-pair de la chanteuse, qu’elle surnomme d’ailleurs “Uncle Pablo“, qui joue sur un minimalisme rythmique des plus efficaces qui électrise sans mal ces textes autobiographiques qui font tantôt sourire tantôt frissonner. Elle qui rêvait de trouver ce juste milieu entre la chanson française et le hip-hop, c’est visiblement un pari réussi avec des couplets incandescents témoignant de toute la puissance de la scène urbaine et des refrains plus accessibles qu’on s’impatiente déjà d’entendre scandés dans les salles du pays et d’ailleurs. “Rouler, rouler dans la caisse. Penser, vivre à tout vitesse” : préparez-vous à l’avoir en tête celui-ci, pour votre plus grand plaisir.

“Gore, c’est une sous-branche du cinéma d’horreur. Un cinéma où tout est si extrême que ça en devient absurde et presque drôle. C’est un peu à l’image de ma vie : c’est parfois tellement trash qu’il vaut mieux en rire qu’en pleurer.” Lous and The Yakuza pour Pure

Tressée, lissée, au carré ou empruntant la couleur de cheveux de La Reine des Neiges, Lous se présente comme une véritable magicienne de l’avant-gardisme stylistique, voguant entre différents degrés d’extravagance et toujours parée d’une classe folle presque iconique. Si l’esthétisme de son premier clip nous avait tout simplement ébahi, la magie opère ici une nouvelle fois. Entourée de ses fidèles yakuzas (mafieux en japonais, ndlr), Lous rythme son hymne avec une chorégraphie de maître épousant les mouvements saccadés d’une caméra jouant sur des plans somptueux qui reflètent avec brio l’ardeur et le grondement de Tout est gore. Entre cette imposante vague de sang, clin d’œil au légendaire The Shining, ou cette subtile inspiration du clip 6 Inch de la reine Beyoncé elle-même, la visionnaire nous prouve qu’elle est armée des bonnes références pour constituer tant son univers que son personnage. Et les deux fonctionnent merveilleusement bien. L’artiste défie les codes et les genres en superposant l’élégance de son attitude au caractère urbain de sa gestuelle, ou l’inverse. Une multiplicité ambiguë qui se répercute sur sa musique et enrobe l’ensemble d’une complexité intrigante et attirante. Véritable bénédiction de la nouvelle scène belge qui monte, Lous and The Yakuza ne cesse de justifier un statut qu’on lui attribue les yeux fermés, celui de la plus belle promesse de cette fin d’année.


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