Nous ne le dirons jamais assez, aller voir des concerts au Witloof Bar du Botanique est une aubaine. Tout d’abord, pour l’opportunité de soutenir les artistes émergent·es internationaux·ales qui s’y produisent, mais aussi pour découvrir le live de pépites méconnues dans un contexte intimiste. Cette fois, c’était Gretel Hänlyn qu’il nous tardait de voir après l’écoute de son premier album, Slugeye et de son second, Head of The Love Club. Les mots clés sont : riffs envoutants, voix grave et texturée, touche d’irrévérence sentimentale et gribouillis de cat bat (ndlr. chat chauve-souris). On vous raconte tout.
Si nous étions déjà absolument comblé·es par sa venue à Bruxelles, la tournée de Gretel a décidé de nous fournir trois concerts, chose plutôt rare pour un Witloof Bar. Une artiste, c’était déjà assez pour faire battre notre petit cœur meurtri, mais avec trois, il s’agira de tenter de se remettre de cette soirée pendant une semaine. Pour commencer, nous avons eu la joie de voir Natsuma fouler les rideaux rouges menant à la scène. Ni une ni deux, elle nous emportait sans aucune difficulté dans son cocon fait de cordes de guitare et de poésie façon hopeless romantic. Liquid Gold nous trotte encore en tête “Rain your liquid gold over me, come give me some hope.” comme une douceur adressée à une personne qui ne la mérite pas, parait-il. On apprend également que la pédale de loop n’est pas des plus coopératives avec Natsuma, et malgré les petits accros, on y découvre des progressions ingénieuses et surtout des riffs solides, virant aux solos, doux mais complexes.
On reste sur le même mood car Kai Bosch fait son entrée, tout vêtu de blanc. Les lumières se posent doucement sur ses mains comme un second moyen d’expression. On sait quand il a mal au cœur, on sait quand il s’apaise, on sait quand il est concentré, et on se tait tout simplement. Kai nous prévient qu’on a eu droit à des chansons plus ou moins tristes mais qu’il va nous présenter la sadness holy trinity avec ses trois derniers sons. Et sachez que les chansons de ruptures, on en a saignées, donc on sait de quoi on parle.
Le cœur complètement meurtri mais rempli de beauté, on avance vers le concert que nous attendions toute la soirée. Gretel Hänlyn a pour habitude de chanter Call Me Patience, mais la nôtre a été testée toute la soirée et semble plutôt fébrile. Il est 21h20 et nous entendons Apple Juice qui lance le concert. Nous sommes bien sûr en train d’acheter un t-shirt chat/chauve-souris en vitesse, et on se hâte donc pour rejoindre notre place soigneusement choisie pour ne rien rater. Deux choses nous auront marqué·es plus que les autres, c’est la solidité de la voix qui nous parvient à l’oreille et le charisme musical de la personne qui se tient devant nous. Chargée de sentiments et de force, elle nous emmène à tous les coups dans un univers nébuleux, entouré·es des quatre guitares qui l’accompagnent pendant sa tournée.
Malgré tout, dans tout cette douce force, un moment de fragilité nous parvient, non aux oreilles mais à l’âme cette fois-ci, et nous découvrons une chanson que nous avions bel et bien sous-estimée (on avoue nos erreurs vous voyez). Connie, c’est ce moment de lâcher-prise de mélancolie qu’on ne connait que trop bien. D’une voix si voilée qu’elle en devient presque transparente, Gretel nous dit aussi bas que faire se peut :
Connie, come back, you are my museYou’re my life, I follow you I gave you my love, buried my trust There with you, your skin looked blueOh, why, why’d I hurt you?And I tried to tell you
Ce tour de fragilité durera trois chansons. La suivante sera Slugeye, divinement romantique et plus organique, avec ses arabesques vocales qui atterrissent droit dans nos cœurs. Elle nous achèvera ensuite avec Little Vampire, plus sombre comme son nom l’indique, façon amour maudit, très peu de mots, un maximum de feels. Ce moment flottant dont nous avons été gratifié·es s’installe dans une marée de moments instrumentaux où les riffs et lumières stroboscopiques enrobent la salle, ainsi que les silhouettes des musicien·nes qui apparaissent tous les dix millièmes de secondes devant nos yeux.
On entend dans ces moments plus chargés le “YOU’RE NOT BEING LOUD ENOUGH” de Motorbike, les riffs saturés de Head of The Love Club qui suivent les paroles “Sometimes I awake at night to drink my man to death. Moonlight shines upon the white sheet, empty to my breath“. Spooky. Mais aussi le (joueur) Drive, qui a décidément la meilleure progression de ce dernier album et qui nous donne envie de sauter et de balancer les cheveux.
Le concert trouvera son point d’atterrissage (oui déjà), avec deux de nos chansons préférées. It’s The Future Baby issue du premier opus de l’artiste, et son refrain à faire bouger des hanches. On en retiendra la production catchy qui met un sourire sur tous les visages – même si c’est la fin. Gretel finira par nous parler d’une chanson qui est importante pour elle, la seule sur laquelle elle s’exprime dans son concert. Elle nous demande si on connait cette situation désespérante : avoir des sentiments pour quelqu’un·e, et que ces sentiments ne soient pas réciproques. Elle rétorque alors : imaginez que c’est réciproque. S’ensuit la chanson Today (I can’t Help But Cry) qui semble triste aux premiers abords mais qui est en réalité un joli cri d’espoir pour les amoureux·euses imaginaires. “I wish it could never end”, et bien nous aussi, mais il faut rentrer à la maison.
Tonight will be the nightThat everything will fall in place Under a shining light I fell in love with your face I love this placeAnd II love this day‘Cause todayI got to hear your name And I got to see the smile on your face
Mes articles sont plus longs qu’un solo de jazz.