| Photo : Raph Lopez
Un premier contrat signé à l’âge de 15 ans et des millions de vues pour le COLORS de Shut me down de Haute, son duo à succès formé avec Anna Majidson… Le jeune trentenaire Romain Hénault, alias Blasé, serait-il déjà revenu de tout ? BLABLABLA, son premier album sorti en mars 2025, est comme un·e ami·e avec qui on bavarde pendant des heures. Le sujet ? Le groove, bien entendu.
Ce Franco-Américain passe son adolescence à New York où il s’initie à la musique en empruntant, un peu par hasard, le saxophone de son père. Le beatmaker biberonné à la French Touch puise dans la discothèque familiale et compose ses premières prods rap et électro. Un peu plus tard, le producteur multiplie les projets et met son talent au service d’artistes comme Agoria, Jwles, DJ Pone, Lala &ce…
Convaincu que son destin musical est de produire pour les autres, l’artiste sort pourtant Pourquoi Blasé ?, son premier EP en 2023. Un nom de scène choisi alors qu’il était étudiant en musicologie au Canada ; il s’agit d’une référence au « blasé métropolitain » du sociologue Georg Simmel désignant l’indifférence des habitant·es surstimulé·es et grouillant·es des grandes métropoles. Pas étonnant quand on grandit dans la ville qui ne dort jamais.
Ce premier projet solo témoigne d’une volonté, tout juste assumée, de faire entendre sa propre voix : « Dire les choses que j’sais pas dire / C’est pour ça que j’écris des mélodies » (Mélodie). BlaBlablabla, son premier album sorti en mars 2025, confirme ce désir d’expression pour cet artiste qui a toujours voulu chanter.
Un projet généreux à l’hybridité réjouissante qui cristallise plusieurs esthétiques et où la double culture franco-américaine du multi-instrumentiste infuse les quinze titres : dès le morceau d’ouverture, sa voix languissante aux paroles naïves se traîne sur fond d’instru psyché aux riffs de synthés syncopées (Instant magique). De la House mêlée à un flow rap (Not now avec Jwles, Valee) au disco diabolique du regretté Cola Boyy (I need it from you), en passant par l’héritage new wave rappelant The Cure… (Mirror) une profusion de styles qui pourrait s’apparenter à un bavardage inaudible si l’ensemble n’était pas maîtrisé.
Heureusement pour nous, ce n’est pas le cas. Blasé ne l’est pas. Et nous, non plus.
Je n’ai pas l’oreille dans ma poche. Je la tends souvent. Elle arrive rarement. Demain, dès lobe…