Une joute verbale avec Gabriel Tur, le chevalier sans armure
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Auteur·ice : Paul Mougeot
13/06/2025

Une joute verbale avec Gabriel Tur, le chevalier sans armure

Après deux EP qui lui ont permis de bâtir les fondations de son univers, Gabriel Tur fait tomber le heaume et avance à découvert. Avec Monade, le jeune artiste incarne un chevalier en croisade contre la masculinité toxique dans un album-concept mené comme une quête intérieure. Rencontre avec un troubadour désarmé, qui manie le verbe comme d’autres la lame. 

La Vague Parallèle : Hello Gabriel, comment ça va ?

Gabriel Tur : Globalement, ça va. Je suis content que l’album sorte enfin parce que c’est un processus assez long, on finit par ressentir un épuisement au bout d’un moment.

Peut-être que j’aurais pu faire les choses différemment, me concentrer d’abord sur la sortie de l’album puis ensuite travailler sur le live, mais j’ai fait tout en même temps donc je suis un peu sur les rotules. Je suis tout de même heureux que ça sorte et j’essaye de continuer à créer et à avancer malgré le contexte politique global qui est assez désolant.

LVP : La dernière fois qu’on a fait une interview ensemble c’était en 2020 à l’occasion de la sortie de ton premier EP, Papillon Blanc. Qu’est-ce qui s’est passé pour toi depuis ?

GT : J’ai fait quelques concerts pour la sortie de mon premier EP, puis j’en ai fait un deuxième en 2022. Entre les deux, je me suis beaucoup cherché parce que je pense que je n’étais pas allé assez loin sur le premier EP. J’ai aussi monté une tournée par mes propres moyens pour ce deuxième EP, Ville en feu, parce que je n’avais pas de tourneur – je n’en ai toujours pas d’ailleurs – avec des premières parties d’artistes comme Zaho de Sagazan ou Fishbach et des festivals que j’aime bien comme le Biches et Amapola.

J’ai aussi vécu un bouleversement personnel qui a eu une influence sur mon parcours artistique : j’ai été en couple pendant dix ans avec une personne et on s’est séparé à la sortie de mon deuxième EP. Ça a été assez compliqué pour moi parce que je n’avais pas vu les choses venir. Ça m’a permis de me remettre en question, de réfléchir aux raisons pour lesquelles une relation qui avait été aussi fusionnelle pendant 10 ans avait aussi certains angles morts, certains biais dont je ne me rendais pas compte. Je pense par exemple au manque de communication ou à la difficulté à exprimer ses émotions qui sont des caractéristiques qui m’étaient propres mais qui sont également des caractéristiques masculines et hétéronormées. De cette remise en question intime est donc née une nécessité d’interroger le système dans lequel on vit.

Je n’aime pas dire que ce qui me concerne personnellement n’a rien à voir avec ma création artistique, les deux sont intimement liés. Je pense que ça manquait aussi un peu de matière intime dans mes précédents EP, donc j’ai voulu faire un objet qui me permette de parler de moi en élargissant la réflexion. Depuis que je fais de la musique, j’ai toujours eu envie de faire un album concept. C’est une sorte de cheminement qui est là depuis le départ et qui a trouvé un écho avec cet événement plus intime.

https://www.youtube.com/watch?v=tXrTxXFlmmU

LVP : Le premier album, c’est toujours une étape importante pour un artiste. C’est forcément un pari que de te lancer dans le format particulier de l’album concept pour ton premier album, est-ce que tu t’es dit que ça pouvait être risqué ?

GT : C’était tellement une nécessité pour moi que je n’ai pas trop réfléchi à ça. Et puis j’ai toujours adoré les albums concepts, je me disais que j’en ferai forcément un jour. Je ne savais pas si ce serait le premier ou le deuxième, mais j’en avais très envie. Je voulais me réaliser intimement mais aussi artistiquement, que les deux cordes qui sont à mon arc puissent fusionner pour concrétiser mon obsession des concerts théâtralisés ou des pièces de théâtre musicales. Je voulais que ce soit un geste musical dans lequel la théâtralité prend toute sa dimension.

Les grands albums qui m’ont marqué, ce sont toujours des albums avec des concepts derrière. Je pense à des artistes comme Pink Floyd, Gorillaz, Patti Smith, Nico, les Talking Heads… À chaque fois, ils développent une histoire, un concept.

LVP : Sur cet album, on ressent davantage la dimension collective, l’apport des musiciens et musiciennes qui t’accompagnent. Est-ce que leur apport a pu faire évoluer ta vision initiale du projet ?

GT : Oui, complètement. Je me suis même demandé si je n’avais pas envie de sortir cet album sous un autre nom et de proposer aux musicien·nes qui m’accompagnaient de monter un groupe. Avec cet album, j’avais envie d’en revenir à mes racines d’adolescent, de jeune adulte, avec des influences rock, des arrangements et des compositions à plusieurs… J’avais envie que ce qu’on joue sonne plus live que ce que j’avais fait précédemment. C’est un regret que j’avais sur mes deux premiers EP : les gens me disaient beaucoup qu’on ne retrouvait pas dans les disques l’énergie folle que j’avais sur scène. C’était peut-être un peu trop produit. Donc j’ai voulu instaurer une dynamique plus live et que les musicien·nes impliqué·es dans le processus soient aussi celleux que l’on retrouve sur scène.

Tout ce processus a été assez intense d’un point de vue du travail mais on passait du bon temps ensemble, on se marrait beaucoup. Même si c’est moi qui porte le projet, c’est vraiment un travail collectif qu’on a accompli avec Doriane Gamba qui m’accompagne à la batterie, Inès Damaris aux claviers et Thomas Delpérié aux guitares. Les personnes impliquées dans la création de cet album ont énormément donné et partagé donc c’est aussi un geste collectif.

LVP : C’est vrai que l’album est joué live, sans samples ni ordinateurs. C’est sans doute une volonté esthétique mais c’est aussi un geste quasiment politique en 2025. Qu’est-ce qui a prévalu entre les deux ?

GT : C’est les deux, clairement. Jouer avec un groupe sur scène, c’est un frein pour faire tourner un projet dit “émergent”  parce que ça coûte plus cher, forcément. On m’a beaucoup demandé si je pouvais imaginer une formule à deux, qui tournerait plus facilement. J’ai dit non au début parce que ce n’était pas l’essence du projet mais après réflexion, je me suis dit que les paroles, l’histoire de certains morceaux pourraient vraiment toucher les gens même si on les portait à deux ou trois sans batterie sur scène.

Mais à l’origine, c’est vrai qu’esthétiquement, j’avais envie d’un truc à la Feu! Chatterton, avec un groupe de rock qui chante en français et qui assure sur scène. Ce que je me suis dit, c’est que je regrettais dans mes précédents EP d’avoir essayé de me conformer à une certaine forme de recette, d’essayer d’aller chercher quelque chose de plus pop, de plus léger, qui pouvait tenir tout seul ou à deux. Je le regrettais parce que quand j’allais voir d’autres groupes sur scène, je me disais qu’ils étaient libres, qu’ils avaient peut-être galéré pour en arriver là mais qu’ils étaient libres. Donc je me suis dit que quitte à galérer, autant rester proche de ses convictions et rester dans une forme d’intégrité, de s’en tenir à certains principes artistiques et politiques.

LVP : Tu utilises la figure du chevalier pour interroger la masculinité. Pourquoi ce choix, et en quoi ce personnage t’a-t-il permis de parler de manière plus universelle d’une remise en question intime ?

GT : Quand j’ai vécu cette rupture, la figure du chevalier me venait souvent pour essayer de mettre des mots, des images sur ce que je ressentais. Je me sentais comme un chevalier nu qui aurait perdu son armure et sa monture. C’est toute une idéalisation du couple hétéronormé qui s’est cassée la gueule dans ma tête, autant sur le plan professionnel que sur le plan intime. Cette image du chevalier m’a permis de clarifier ce que je ressentais, parce que c’était vraiment le bordel dans ma tête.

Plus j’avançais dans ma prise de conscience, plus je me disais que cette image du chevalier me paraissait éloquente à plein d’endroits : les privilèges, la violence que les hommes oppresseurs représentent dans cette société…

LVP : Justement, dans cet album, tu navigues à travers différents sujets qui touchent à la masculinité : la difficulté à exprimer ses émotions, l’orgueil et l’absence de remise en question, la difficulté à prendre compte ses privilèges… Comment tu as choisi les sujets qui sont venus jalonner le déroulé de ce disque ?

GT : Après ma séparation, il y a un podcast qui m’a beaucoup aidé, c’est Le Coeur sur la table de Victoire Tuaillon. Beaucoup de gens le connaissent mais je tiens à le citer parce qu’il est hyper important. C’est un podcast qui décortique les rapports amoureux à la lumière de l’hétéronorme et du patriarcat. En l’écoutant, j’ai eu envie de m’intéresser à tout un tas de sujets et ça m’a orienté vers d’autres lectures. Je me suis immergé là-dedans et assez vite, j’ai écrit ce qui me venait, les sujets que j’avais envie de traiter. Donc c’était assez instinctif mais c’était aussi le fruit d’échanges, de lectures, de réflexions que j’ai pu avoir au cours de ce processus.

À ce moment-là, j’ai été accompagné par Noëlla Bugni-Dubois, qui anime le compte Instagram Nos alliés les hommes. Elle propose du contenu féministe à destination des hommes en proposant des outils pour leur permettre de se remettre en question et d’essayer d’être de vrais alliés de la cause. On a mené ensemble un vrai travail de dramaturgie thématique et ça m’a été précieux, parce qu’elle a un bagage beaucoup plus important que le mien sur ces sujets. Elle organisait aussi des cercles de parole pour hommes auxquels j’ai participé quelques fois. Elle m’a aidé à articuler ma réflexion, je lui faisais relire mes paroles et elle me permettait d’ajuster des détails qui semblaient anodins mais qui changeaient le sens profond de mon propos. Ça m’a aussi fait du bien de travailler avec des gens qui ne sont pas des artistes de prime abord, ça m’a permis d’élargir mes horizons.

LVP : En fait, sur cet album, tu te tiens sur une ligne de crête assez étroite entre introspection personnelle et discours plus politique qui tient à la justesse de ton propos. Est-ce que tu as parfois eu peur d’être mal compris ou que ta démarche soit mal accueillie ?

GT : Oui, j’y ai beaucoup pensé. J’ai essayé de ne pas être tétanisé par cette peur d’être mal compris pour continuer à avancer, mais c’est forcément délicat parce que ce sont des sujets qui sont brûlants et qui peuvent être reçus avec beaucoup de difficultés par les personnes qui subissent la violence systémique. À titre personnel, je suis un homme blanc, hétérosexuel, cisgenre, j’occupe donc une position très privilégiée dans notre société, mais il y aussi des personnes qui ont toutes les raisons d’être en colère et qui sont touchées directement par ces sujets-là. Il me fallait donc être particulièrement précautionneux pour en parler, j’avais à coeur de ne pas dire n’importe quoi, de ne pas faire ça n’importe comment, d’autant plus dans ma position. Dans ma recherche, j’ai aussi pris conscience qu’il n’y avait pas beaucoup de prises de parole d’hommes hétérosexuels sur la masculinité et sur le patriarcat donc il y a le risque de blesser et de faire mal sans le vouloir… Il m’a fallu trouver le bon équilibre pour me positionner et essayer de parler de mon endroit sans forcément faire une leçon de mec qui a lu trois bouquins et qui veut parler de féminisme. Ce n’est pas du tout l’objet de ma démarche.

Dans cette perspective, les retours des personnes qui m’entouraient ont été très importants, notamment ceux des personnes sexisées, pour savoir si on percevait bien l’humour, le second degré, si on comprenait qu’il y avait un propos construit derrière. Ma démarche, c’était avant tout de parler d’une remise en question et de donner envie à d’autres mecs de s’y intéresser. Mais aujourd’hui encore, j’ai un peu peur de la manière dont l’album sera accueilli à sa sortie, de la manière dont les gens vont le comprendre. On est seulement en train de prendre conscience de la construction de notre société autour de la culture du viol et des violences que ça implique.

Mon idée, ce n’est pas du tout de me substituer à la parole des femmes ou à la parole de personnes sexisées mais plutôt d’apporter une réflexion de ma position. Je me dis que si la démarche est sincère et qu’elle n’est pas présomptueuse, elle peut être comprise. Je n’ai pas non plus envie d’avoir la prétention de dire que ça va aider des mecs mais j’espère que ça va ouvrir des pistes de réflexion. Ce que j’aimerais, c’est que ce soit pris pour ce que c’est, à savoir une oeuvre artistique qui ouvre au débat, à la réflexion, à la discussion et aussi à l’émotion.

LVP : C’est précisément une dimension essentielle de l’album : tu y donnes la parole à des personnes sexisées et notamment aux musiciennes qui t’accompagnent sur ce projet. Est-ce que c’était important pour toi de ne pas imposer un regard uniquement masculin sur ces sujets ? 

GT : Absolument. Que ce soit sur le disque ou sur scène, je n’avais pas envie qu’on ne soit qu’entre mecs. Je pense que l’équilibre du disque tient aussi à ça, au fait d’avoir une équipe mixte dans la réflexion autour de l’album et de la composition.

Le prologue de l’album n’était pas présent à l’origine. C’est en discutant avec mon amoureuse Manon Jacquemin que je me suis dit que c’était vraiment important qu’il y ait un prologue et un épilogue dans un album concept. Je trouve aussi que ça apporte la bonne dose d’humour et de décalage. Pour l’incarner sur le disque, j’ai immédiatement pensé à Noémie Schmidt, qui est une personne très importante pour moi. C’est une amie comédienne et metteuse en scène hyper talentueuse qui fait des projets de théâtre très engagés.

L’autre prise de parole qu’on entend sur l’album, c’est cet interlude sur lequel Inès remet en cause le morceau précédent, Le Château (ouin ouin) en expliquant qu’elle le trouve plaintif et qu’elle est mal à l’aise avec ça. Ça, c’est plutôt venu de la scène : on retrouve ça dans la forme théâtralisée du spectacle où elle donne son avis de cette manière. Je me suis dit qu’il fallait absolument qu’on trouve un moyen de l’adapter et de l’intégrer à l’album. Donc on a enregistré ça en studio, on est parti en impro et on l’a capté en une prise. C’est évidemment joué mais on s’est laissé la surprise de comment on allait interpréter tout ça.

LVP : Ton album traverse plusieurs univers sonores en passant progressivement de morceaux assez solennels, un peu engoncés dans leur format à des titres beaucoup plus libérés, presque jouissifs par certains aspects. Est-ce que cette évolution musicale vient suggérer qu’on peut tirer un véritable épanouissement de ce cheminement intime ?

GT : Tu as tout dit, c’est vraiment ce que je voulais transmettre. Au début, la musique est médiévale, elle est âpre, un peu comme une grande messe. Elle est étriquée, minimaliste, d’un autre temps. Et puis progressivement, elle s’enrichit, se libère, va vers quelque chose de plus électronique, de plus riche, de plus contemporain aussi. Ce que je voulais, c’est que ça évolue comme le live Stop Making Sense des Talking Heads : petit à petit, il évolue vers la joie, le rock, la liberté.

Donc effectivement, ça raconte cette libération : au fur et à mesure que le chevalier enlève son armure, qu’il se libère de ce poids, il y a des instruments qui arrivent. La musique grandit et se libère. C’est quelque chose qu’on retrouve aussi sur scène : je porte mon amure, j’en enlève des éléments entre les morceaux, ça symbolise cette progression et ça me permet aussi de plus danser, de plus me lâcher au fur et à mesure.

LVP : À titre personnel, où est-ce que tu te sens dans ton parcours vers ta Monade ?

GT : Déjà, pour revenir sur ce mot, je suis tombé dessus un peu par hasard. Je l’ai trouvé beau parce qu’il représente la quintessence d’une chose, son côté indivisible. C’est un équivalent du Graal mais sans le côté très connoté, donc je lui ai préféré Monade pour signifier la quête ultime. Pour ce qui est de ma Monade… Je pense qu’elle est inaccessible. On ne peut pas dire qu’on l’a atteinte, c’est le travail d’une vie entière.

Surtout en ce moment, on traverse une période assez rétrograde, avec une oppression masculine et patriarcale qui est carrément revendiquée par certains. J’ai envie de continuer à faire tout ce que je peux pour faire avancer ça, individuellement et collectivement. Et à titre personnel, j’aspire à chercher l’épanouissement et à échapper aux injonctions de masculinité, de réussite. Ça m’amène même à m’interroger sur pourquoi je fais ça, pourquoi j’ai envie que mon album cartonne : est-ce que c’est une question de reconnaissance sociale, est-ce que c’est pour gagner ma vie ? Je ne pense pas être carriériste, je n’ai pas envie de briller pour être connu. En revanche, j’ai envie de me donner les moyens de continuer ma recherche d’artiste, pouvoir exprimer ce que j’ai envie de dire dans des projets, les faire exister et vivre ces moments avec d’autres.

LVP : Est-ce qu’il y a un message que tu voudrais adresser à quelqu’un qui en serait au début de ce parcours de réflexion ?

GT : C’est compliqué parce que c’est un parcours intime, très personnel et je crois que si on n’est pas prêt à l’entendre, on ne va pas l’entendre. Mais je peux essayer quand même, parce que c’est une bonne question.

Je dirais que nos failles et notre vulnérabilité ne sont pas des faiblesses. Reconnaître qu’on n’arrive pas à exprimer ce qu’on ressent, ce n’est pas une faiblesse, c’est même une force. Prendre soin de soi à cet endroit-là, c’est prendre soin des autres aussi. Se remettre en question et prendre conscience de ses privilèges nous apporte beaucoup plus de choses que ça ne nous en enlève. Et ça ne fait jamais aucun mal de s’ouvrir.

LVP : Pour finir, est-ce que tu peux partager avec nous un coup de coeur artistique, musical récent ?

GT : Il y a une artiste que j’aime beaucoup c’est Gildaa. C’est une amie qui vient aussi du théâtre et ce qu’elle fait me touche beaucoup : elle hybride la musique et le théâtre, elle porte une réflexion intime sur sa place en tant que femme racisée d’origine brésilienne. Je voudrais aussi parler de plouf! (Léviathan), le nouvel album de Flavien Berger qui revisite son premier album Leviathan avec un groupe full live, La Brume, comme pour Monade. Ce mec enchante la pop psyché francophone depuis dix ans, je le trouve très inspirant et maxi inspiré.

En ce qui concerne la littérature, je dirais La Faille de Blandine Rinkel. Tout son travail m’inspire beaucoup, que ce soit ses livres ou sa musique avec Catastrophe.

Gabriel Tur présentera son album Monade dans le cadre d’une soirée Moojo le 18 juin prochain aux Caves Saint-Sabin.

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