Fils Cara dévoile ce 4 septembre son dernier EP, Fictions, “un court métrage” d’environ vingt-cinq minutes. Fictions est un voyage hors du temps, dans le temps, dans le monde de Marc Cannella, alias Fils Cara.
Fils Cara s’était déjà fait connaître avec son beau premier projet Volume et son titre charmeur Nanna. Une fois encore, le jeune artiste stéphanois met la barre très haute avec Fictions. C’est un artiste hybride, qui ne suit pas les codes du rap mainstream. Derrière le label microqlima, Fils Cara se situe entre la syntaxe du rock anglais, le hip-hop moderne et la variété française. Pour cet EP, le chanteur a travaillé avec son petit frère, Francis, au piano. Cette complicité familiale a donné naissance à de véritables petits bijoux.
Fictions est une balade spatiale composée de sept titres et réalisée comme une fiction. L’écriture et la rythmique sont très précises, générant des images poétiques et surréalistes. Les productions et les parties instrumentales, qui forment la ligne directrice du projet, sont réalisées avec une grande classe.
Fictions commence par Concorde, qui ouvre l’expédition dans l’univers signé Fils Cara. Un voyage fictif ancré dans le réel, tout en étant paradoxalement onirique. Ensuite, direction l’outre-Atlantique avec New York Times, deuxième titre. Hors du temps, comme suspendu à un fil, on écoute avec curiosité ce titre mélancolique. Cannella tend la main, comme pour nous inviter dans son univers, qu’il partage avec Francis et son piano. La prouesse des deux frères donne un résultat puissant. Cette apesanteur se ressent aussi dans la live session sortie ce 2 septembre.
Sous ma peau commence par une intro rappelant la bande-son de certains films d’époque. C’est un morceau rythmé et léger. Mais cette légèreté disparaît rapidement, pour laisser place au quatrième titre de Fictions : Hurricane. L’un des morceaux les plus touchants que Fils Cara nous propose, déjà dévoilé en avril dernier au cours d’une live session. La succession de paroles introspectives livrées par le jeune artiste est digne d’une peinture surréaliste.
La balade spatiale continue avec Film sans budget. Ce titre nous propulse dans une ambiance décalée. La prod qui accompagne ce morceau, notamment dans le deuxième couplet, a quelque chose d’un générique de film. Un film sans budget ? Peut-être ou peut-être pas, mais en tout cas un film de bonne qualité. La belle surprise dans cet EP est Petit pan : un titre enjaillant, tout en ayant un texte profond. “Suis-je mort à jamais ? Si oui, tu m’auras jamais”. Peut-on parler de destin, de désir ou encore de foot, de mort et de Zarathoustra dans un même morceau ? Eh bien oui, et le tout se fait dans une ambiance rythmée et chargée.
Derniers dans le monde est l’ultime morceau de cet EP introspectif. Fils Cara, grâce à son flot d’écriture, nous dépeint un tableau mystique tantôt vrai, tantôt faux. Il arrive même à faire revivre l’astronaute Major Tom. Le clip, sorti fin mai, est une perle artistique réalisée par Felower. Dans la vidéo, l’artiste, toujours accompagné de son frère, nous transporte dans ce monde dont il ignore le bout.
Puisque toutes les belles choses ont une fin, Fictions aussi en a une. La sensation des dernières notes de l’EP est celle que l’on ressent à la fin d’un film. On voudrait que l’histoire puisse continuer (ou pas) en dehors de l’écran. L’opus se conclut véritablement comme un court métrage : un générique de fin et les remerciements à toustes les collaborateur·rices de ce projet. Un beau film acoustique où la fiction pourrait être réalité, et où la réalité pourrait être un rêve.
Je varie mes écoutes musicales pour en faire un patchwork enjaillant d’émotions ☾
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