ADVM, prêt à éteindre le soleil
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Auteur·ice : Arotiana Razafimanantsoa
05/05/2025

ADVM, prêt à éteindre le soleil

| Photo : Eliott De Sousa

Il y a quelques semaines, ADVM a livré un sixième EP qui dégage une énergie frappante, fidèle à sa démarche artistique cathartique. Il a sorti la version extended vendredi dernier avec 4 titres supplémentaires qu’il qualifie – et ses auditeur·ices semblent bien d’accord – de “top carrière”. Dans un projet où les mots deviennent un exutoire, il explore une fois de plus ses maux intérieurs tout en offrant au public un miroir de ses propres luttes. Avec .ÉTEINT LE SOLEIL., ADVM affirme sa montée en puissance et continue de nous dévoiler sa patte introspective, brute et engagée.

Si les mots sont au cœur de l’art de rapper, l’écriture expressive est un exercice auquel les rappeur·euses aiment s’adonner sans toujours forcément en avoir conscience. Au-delà de la beauté du rythme et des rimes, leurs vers sont d’abord l’expression de leurs maux et de leurs profondes pensées, tout en les nuançant à travers des métaphores et des références. Car quoi de mieux qu’un papier et une plume pour se libérer et pourquoi pas… guérir ?

J’ai jamais fait ça pour être sincère, j’ai juste fait ça pour aller moins mal. (.enfin changer.)

Dans ses précédents projets, ADVM a beaucoup exploré l’aspect cathartique de sa musique. Il écrit de multiples mesures comme si elles étaient destinées à rester dans son journal intime, quitte à faire l’impasse sur les rimes parfaites. Son titre .DEMAIN C’EST MIEUX. en est un exemple parfait. Mais comme un single ne suffit pas, il en a fait tout un projet, portant le même titre, sorti en 2024. Puis vint 2025, inaugurée par la sortie de son single .ÉTEINT LE SOLEIL. dans la continuité de cet exercice d’écriture expressive. Encore une fois, un seul morceau n’a pas suffi à contenir tout ce qu’il avait à délivrer. S’en est donc suivi son dernier projet .ÉTEINT LE SOLEIL. qui s’impose comme l’aboutissement d’une démarche thérapeutique, le point culminant d’un besoin irrépressible de se livrer.

ADVM a commencé à écrire à l’âge de 10 ans et n’a plus arrêté. Le rap lui permet de s’exprimer et de se soigner, tout en offrant au public touché par ses mots la possibilité d’en faire de même.

.ÉTEINT LE SOLEIL. marque le passage du rappeur à un autre niveau d’évolution comme l’a souligné Le Rap En Mieux sur Twitch : « on passe un step sur celui-là ». Autant dans les textes que dans la musicalité, ADVM fait mûrir sa direction artistique en assumant pleinement sa double facette : entre ego trip et confession.

Son public a toujours salué son authenticité et ses prises de position. Il n’a aucune peur à clamer haut et fort ses engagements, que ce soit à travers des petits pics dans ses textes ou des actions concrètes comme la loterie solidaire mise en place avec l’entreprise Featuring en soutien aux mineur·es exilé·es qui ont occupé la Gaîté Lyrique.

J’aime le drapeau français quand il veut dire “révolution”, pas quand il veut dire “cagnotte pour un criminel” (.PUSHA T.)

Ses vers sont comme une empreinte de qui il est et il en va de même pour le choix des productions qui les accompagnent. Comme il le dit, il a grandi dans une maison où « il y avait de la musique tout le temps / Les silences nous effrayaient, c’est les prémices de mes morceaux qu’accouchaient ». Ce qui a donné naissance à des inspirations qui transparaissent aisément dans sa musique, notamment lorsqu’il l’agrémente de subtiles sonorités électro ou rock. Il a hérité d’influences incontournables comme le rock de Nirvana ou l’esthétique sonore mêlant rap et punk de Casey. C’est comme si ses morceaux racontaient son histoire sans que les mots n’aient besoin de le faire.

Bien que ce projet se révèle être une mue artistique, il est aussi l’expression d’une prise de conscience, d’un retour à la réalité. La réalité d’un passé qui, certes laisse des traces, mais nourrit l’inspiration. La réalité d’une industrie illusoire. La réalité du système politique. La réalité d’un monde contradictoire où s’amuser, c’est aussi se détruire. En jouant sur la dualité de manière littéraire (ego trip/confession), il illustre la dualité du monde en général. Ses textes prennent souvent une tournure sombre, mais le dernier morceau du projet apporte une lueur d’espoir et de persévérance, soulignant que « croire c’est la sécurité ».

En vrai je vais bien, j’me suis pas foutu dans la merde (…)
On a cru au bonheur jusqu’à ce qu’on puisse espérer l’toucher un jour
Et je crois bien qu’on y arrive aujourd’hui
(.MONDE AUTOUR.)

Les 4 titres de la version extended viennent compléter un projet chargé de sens avec une once de romance, de mélancolie, d’ambiance planante et toujours plus de sincérité.

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