Le quatuor Kalbells a sorti l’album de rupture qui va vous faire oublier votre ex
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Auteur·ice : Flavio Sillitti
03/04/2021

Le quatuor Kalbells a sorti l’album de rupture qui va vous faire oublier votre ex

| Photo : Amanda Picotte

Take your broken heart, make it into art” disait Carrie Fisher. Et cela, le quatuor new-yorkais Kalbells l’a bien compris. Quatre ans après un premier album solo remarqué, Kalmia Traver monte son girls band pour nous offrir un bijou pop de break-up songs comme vous n’en n’avez jamais entendu. Dix compositions envoûtantes et enjouées qui exaltent “Je vais mieux” et susurrent “Je t’emmerde” à celleux qui nous brisent le cœur. Une thérapie. 

Après une décennie de bons et loyaux services au sein du band art-pop Rubblebucket, l’autrice-compositrice-interprète-instrumentiste (et dotée de bien d’autres talents) Kalmia Traver lançait son projet Kalbells. Un alias créé suite à sa rémission d’un cancer, qu’elle décidait de célébrer sur Ten Flowers, un premier opus coloré et céleste. Aujourd’hui entourée de Zoë Brecher, Sarah Pedinotti et Angelica Bess, Traver insuffle à ce Max Heart bon nombre de sonorités oniriques. Des gimmicks de synth-pop qui se dressent comme les bases de la rêverie imaginée pour ce second disque. Un monde merveilleux et léger, un sanctuaire régénérateur dans lequel se tapir en cas de peine de cœur.

 

Échappée merveilleuse : Je vais mieux

Il suffit de se plonger dans le premier titre de cette collection pour comprendre la couleur du projet. Red Marker semble tout droit sorti de la forêt de Tulgey d’Alice au pays des merveilles. Et l’éventualité de croiser un canard-klaxon ou un hibou accordéon semble nous pendre au nez. Le surréalisme y est renforcé par la textuelle du morceau, qui s’articule comme une berceuse enfantine.

One, two, three, four
Why do we have to go to war?
Five, four, three
I feel peace when I’m free

 

| Red Marker

Dans le même esprit, Flute Windows Open in the Rain emprunte cette vibe cartoonesque ici couplée à un beat plus uptempo et chaloupant. L’occasion pour elles de nous confier leur remède miracle en cas de chagrin. Jouer de la flûte la fenêtre ouverte, idéalement un jour de pluie. Un brin de surréalisme qui se fond bien dans l’univers de Kalbells. Des cuivres généreux confèrent à la pièce une touche jazzy opportune, s’associant assez étonnamment à cette flûte virevoltante.

Et la rêvasserie continue sur le poétique et flânant Diagram of Me Sleeping, avec en prime un solo de saxophone qui fait du bien. Sur Poppy Tree, on retrouve des touches électroniques qui se font manifestes sur ce second album. Un esprit galactique que l’on retrouve également sur le déjanté Picklesqui invite la rappeuse Miss Eaves – aka la féministe la plus décalée de Brooklyn.

Cri du cœur (brisé) : Je t’emmerde

Lorsqu’elles partageaient le clip de Hump The Beach en octobre dernier, annonçant par la même occasion le retour du groupe, les Kalbells visaient dans le mille. Une ode passionnelle au coït balnéaire saupoudrée d’une touche d’humour et d’allégresse. Les percussions s’y faisant plus soutenues, la pop du quatuor s’y affirmait plus impétueuse que jamais. Un pressentiment qui se confirme avec l’entraînant Purplepink, dont les refrains psyché-funk nous font rêver de pistes de danse non-distanciée avant de dégainer un solo de guitare électrique à réveiller un mort. Un pur instant de joie, et notre coup de cœur de la sélection.

 

Les deux sentiments majeurs de l’opus (la flânerie et la vitalité) se rencontrent également sur plusieurs morceaux. On pense notamment à Big Lake, à la fois porté par ses chœurs célestes et ses ritournelles instrumentales frénétiques. Un titre sur lequel Traver se fait plus vulnérable en avouant “It’s scary to be in the hairy hands of nobody but the big lake” en référence à ce terrible amour non réciproque. Bubbles, lancé par une espèce de galop mécanique, se dévoile comme l’ode psychédélique au “bon vent !” sur laquelle les synthés et les sonorités distordues s’en donnent à cœur joie. Un joyeux bordel coloré. 

Le titre éponyme Max Heart, qui conclut également l’album, se voit garni d’un voluptueux spoken word et se dévoile tout aussi onirique que le début du disque. La boucle est bouclée. On pourrait comparer ce second album de Kalbells à une vision microscopique d’une rupture. Et plus précisément de la résilience régénératrice qui en ressort. Sur Max Heart, pas de place pour les chagrins et les blessures. Ici, tout n’est que floraison, guérison et convalescence. L’endroit idéal pour se rappeler comme la vie est moins rude quand on sait ce qu’on vaut.


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