Neil Frances, princes californiens du smooth
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Auteur·ice : Guillaume Scheunders
24/02/2022

Neil Frances, princes californiens du smooth

Environ cinq ans après ses premiers singles, le duo californien Neil Frances a dévoilé le mois dernier There is no Neil Frances, son premier album. Avec celui-ci, Jordan Feller et Marc Gilfry s’imposent comme les nouveaux visages d’une électro-pop groovy teintée du soleil de l’ouest américain. 

Il n’y a pas de Neil Frances. Avec un titre pareil, les deux artistes se dispensent d’une question qui serait revenue à chaque interview. Neil Frances, c’est le nom qui représente deux personnes : Jordan Feller, un DJ de musique électronique originaire de Sydney, obsédé par le hip hop, et Marc Gilfry, musicien et chanteur du sud de la Californie, passé par plusieurs groupes auparavant. Les deux se sont rencontrés il y a dix ans et ont décidé de combiner leurs talents pour former leur groupe quatre ans plus tard. Le premier apportant son sens aiguisé de la production et le second distillant ses riffs et mélodies.

 

Après avoir acquis une belle notoriété via des reprises, notamment de Stardust et leur Music Sounds Better With You ou Womack & Womack avec Teardrops, suivi de quelques singles, les deux artistes ont décidé de passer au format album pour probablement mieux cadrer leur vision musicale. En ressortent 14 titres mélangeant électro-pop et funk, captant l’énergie californienne à son paroxysme. Un disque façonné pour plaire à une audience plutôt large. “On a toujours voulu utiliser notre musique pour construire une tente assez grande pour accueillir tout le monde”, explique Marc.

Ils réitèrent ici ce qu’ils proposaient dans leurs précédents albums, à savoir des influences psychés, du groove et du funk en modernisant les genres. L’ensemble des titres des morceaux forme un poème :

Little hearbeat, on a dark night,
I just want you to be free.
I can feel the pressure thump thumping from a distance.
It’s like a dream where I become someone dancing in the starlight,
finding rhythm every day with you,
Were falling up like electric blue angels

Neil Frances

Ce premier album évoque beaucoup la thématique des rêves et de la réalisation. L’idée est que nous sommes tous·tes de petits insectes dans un monde beaucoup trop vaste pour nous. Mais qu’en trouvant notre rythme, on peut devenir la personne que l’on rêve d’être. Un credo qui se prête bien à cette musique et à l’esprit de ce groupe sauce “American Dream”.

Les deux artistes ont parsemé leurs sons de leurs influences avec subtilité. I can feel the pressure mêle une touche de 90’s R&B avec une ambiance très indie, le jeu de basse dans we’re falling up transmet une sorte de paysage italo-disco tandis que It’s like a dream capture un peu ce qu’on pouvait entendre dans certains sons de Kylie MinogueRobyn ou Jessie Ware.

On remarque la présence de deux invité·es sur cet album, dont l’une des voix indie les plus emblématiques en ce moment, Benny Sings, sur where I become someone, même si sa présence ne dénote pas forcément sur le morceau. La deuxième personne à qui Neil Frances a fait confiance est Grae, la chanteuse canadienne aux cheveux roses, dont la notoriété ne fait que grimper ces dernières années. C’est donc sans trop d’étonnement que finding rythm, sur lequel elle apparaît, est déjà le morceau le plus streamé de l’album.

There is no Neil Frances constitue un album passe-partout, un objet musical écoutable dans presque toutes les situations. Les tracks les plus dansants peuvent à la fois passer sur des grosses enceintes et dans des écouteurs, tandis que les plus calmes sont aussi adéquate quand on se trouve dans une humeur maussade que lorsqu’on croque la vie à pleines dents.

 

Seul bémol à cet album, qui pourrait d’ailleurs lui porter préjudice : la pochette, qui est, en toute absence d’objectivité, immonde. Les couleurs et les thèmes ne reflètent en rien l’énergie de l’album. Même si l’on sent la volonté de produire une imagerie un peu psyché, celle-ci n’est tout simplement pas esthétique. Si on avait l’occasion d’acheter le vinyle, on laisserait la galette sur le tourne-disque et on rangerait illico presto la pochette. Dommage.


 

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