Hyacinthe, rave d’un monde meilleur
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Auteur·ice : Charles Gallet
23/04/2019

Hyacinthe, rave d’un monde meilleur

Depuis quelques années déjà, le rap est devenu la nouvelle pop. Comme tout mouvement populaire, il finit par se rationaliser autour de deux lignes, de deux courants plus important que les autres : ceux qui cherchent leur inspirations du côté de l’Amérique et ceux qui vont flirter avec la chanson française. Pourtant il existe une troisième voie, plus sinueuse et imprévisible, c’est celle qu’a décidé d’emprunter Hyacinthe avec son nouvel album RAVE.

Cette voie il s’agit de celle de l’audace. Ne pas s’éloigner de ce qu’il est, un rappeur, mais s’autoriser à aller chercher des influences et des idées ailleurs. Hyacinthe a fait le choix d’accepter toutes ses influences et ses envies pour les incorporer dans un album, aussi radical qu’ambitieux. Radical car à sa manière il propose quelque chose qui a rarement été vu ou entendu dans le monde du rap français actuel. Ambitieux car malgré tout avec RAVE, il aspire à toucher un maximum de monde, à toucher non pas des publics, mais son public : celui qu’il connait déjà mais aussi celui qu’il n’a pas encore vraiment rencontré. En somme Hyacinthe rave d’un monde meilleur.

 

RAVE donc. La nuit sans fin, la fête, la drogue, mais aussi l’abandon, l’infini, se perdre pour mieux se retrouver, sonder ses noirceurs en apnée pour mieux rattraper la surface et son humanité. Le titre de l’album en lui-même est donc porteur de tous les messages qui habitent la musique de Hyacinthe ici. D’une certaine manière il représente aussi la volonté ultime du rappeur parisien : rassembler. Car dans la rave, il n’y a pas de classe sociale, il n’y a pas de sexe, pas d’historique, pas de passé, ni de futur, il n’y a que l’instant présent, se retrouver ensemble pour vibrer au son de la musique, peu importe les genres d’ailleurs.

On se retrouve ainsi face à un album fait de choix de mélange et de désirs de Depuis l’année dernière titre sombre qui fait le lien entre Rave et Sarah à Ultratechnique et son rythme fou dans lequel tout est possible et l’avenir ne devient que ce que l’on veut faire de lui. On se ballade ainsi dans ce quinze titres crépusculaire, jamais totalement lumineux et jamais vraiment sombre à l’image de Nuit Noire ou RAVE parfaitement intégré dans cet entre-deux.
Ces titres se constituent et se répondent autour des deux brins d’ADN de se projet musical : la liberté et l’appétence de Hyacinthe à tout vouloir mélanger. Rappeur oui, mais chanteur aussi, amoureux de musique électronique mais aussi attiré par une construction pop/chanson française faite de couplet et de refrain. Ce qu’on peut noter aussi, c’est l’abandon, utile, de la vulgarité un peu gratuite, celle qui marque les gens sur l’instant mais ne grave jamais les titres dans la durée. Alors elle apparait par touche, mais sert toujours le propos comme sur Les garçons et les filles. La plume est ici trempée dans une poésie urbaine, dans des histoires d’oubli et de recherche de soi. Des mots aussi simples que puissants qui se retiennent autant qu’ils peuvent être approprié et intégré par ceux qui y prêtent l’oreille, tant tout est ancré dans le quotidien, dans ses désillusions comme Musique Ignorante ou le fait qu’on est que de passage sur Terre avec Sans Moi .

Finalement tout RAVE se résume autour de ces trois featurings : après avoir amené The Pirouettes dans son univers sur Sarah pour Avec Nous, c’est lui qui s’insère dans leur monde avec le titre le plus pop de l’album sur 100 à l’heure. Il va aussi sortir Foda C de sa zone de confort avec l’intense et hallucinée Espérance de Vie. Mais c’est surtout son titre avec P.r2b qui nous fracasse, son rythme synthétique, le flow de Hyacinthe et la voix habitée et puissante de P.r2b offrent A toi, surement le plus beau titre de l’album, le plus marquant poétique. La synthèse parfaite de toute la recherche musicale effectuée pour l’album.

 

 

RAVE est donc un album unique. Du gabberz à la pop en passant par la chanson française, Hyacinthe prouve que le rap est devenu une planète autour de laquelle peuvent graviter les genres sans s’abimer. Il offre une œuvre forte et poétique, résolument positive et humaine qui offre donc une nouvelle manière d’appréhender un genre qui finalement n’existe que dans ses constantes réinventions. On ne peut que vous inciter à plonger dans la rave avec Hyacinthe.

 

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