Meilleure escapade de l’année : The Great Escape Festival à Brighton
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Auteur·ice : Joséphine Petit
25/04/2024

Meilleure escapade de l’année : The Great Escape Festival à Brighton

| Photo : Joséphine Petit

Laissez-nous vous présenter le Great Escape Festival : chaque année, en mai, c’est plus de 500 artistes qui se pressent à Brighton pour jouer dans toute la ville. Salles de concert, bars, pubs, églises, plage et même les coins de rues sont réquisitionnés. Dans cette ville où la musique vit nuit et jour toute l’année, ces quelques jours, tels une crise de tachycardie qu’on ne voudrait soigner, font naître une effervescence incroyable au sein d’une communauté ouverte et bienveillante.

Au cœur du festival résonne l’émergence. Ici, vous ne trouverez pas de têtes d’affiches comme ailleurs, tout le monde a la même taille de police. Et si une belle part de la programmation rend honneur aux jeunes pousses britanniques, le Great Escape sait aussi dénicher des trésors aux quatre coins du monde. Il s’agit souvent d’y retrouver les artistes les plus prometteur·ses d’Europe, d’Asie, d’Océanie ou encore d’Amérique.

Il fait partie de ces festivals où l’on découvre des artistes à propos desquels on pourra dire plus tard : « oui, je les ai vu·es avant tout le monde dans une toute petite salle il y a un an ! », et croyez-nous, ça a le don d’attiser notre curiosité – et de nous faire préparer nos valises pour l’édition 2024 qui aura lieu du 15 au 18 mai prochain.

Les évidences

Dans cette dense programmation, il y a celleux que l’on connaît déjà, mais qu’on ne se lasse pas de voir et de revoir. En pole position, on placera Sylvie Kreusch, prêtresse féministe incarnant fièvre et élégance à la fois. Si Montbray, son premier album d’une beauté incontestable, n’a toujours pas pris une ride, la sortie récente de Comic Trip attise notre curiosité quant à la présence de morceaux inédits dans sa setlist. Nous ne pourrions pas parler d’évidences sans citer une seconde artiste que l’on ne présente plus par ici : Zaho de Sagazan, tornade d’énergie tout aussi touchante qu’euphorisante sur scène. Et quand on parle de show, Faux Real n’est jamais loin. À grand renfort de morceaux addictifs et de chorégraphies kitsch, le duo franco-américain ne nous laisse jamais indifférent·es, bien au contraire. Nul doute qu’ils sauront nous faire tourner la tête passé minuit, le vendredi soir au Komedia. Le même soir un peu plus tard, on appréciera tout autant un show aux antipodes, orchestré par Dalle Béton, nos ouvriers du bâtiment préférés. Évidemment, on ne saurait les voir couler une dalle de béton ailleurs qu’au Green Door Store, une cave pavée cachée sous la gare, sans conteste notre salle favorite de la ville depuis des années.

Mais là où réside notre impatience, c’est dans deux pépites découvertes par hasard cette année, et sans lesquelles ces derniers mois n’auraient pas été les mêmes. La première, c’est le duo britannique King Hannah qui bat tous nos records d’écoute à la découverte, tous albums confondus, tant et si bien que pendant plusieurs semaines, notre univers musical entier s’est résumé à leur noble nom. La seconde, quant à elle, n’est autre que Canty, dont le magnifique Boyfriend a connu dernièrement le même sort que les disques de King Hannah. Autant vous dire que nous les attendrons respectivement à Players le samedi et Prince Albert le vendredi de pied ferme.

Ceci dit, si le Great Escape c’est 500 groupes pour trois jours de festival, il en reste donc 494 que nous n’avons pas encore évoqués. Les grands nombres vous font peur ? Tant mieux, parce que nous non, et nous avons pris le temps de toutes et tous les écouter sans exception. D’une part parce que nous ne voulions pas – ou plus – passer à côté d’une pépite prête à briller (cf Jungle, qui nous sont passés sous le nez en 2014 et pour lesquels on s’en mord encore les doigts), et d’autre part parce qu’on peut vous l’assurer, ça nourrit nos playlists pour l’année entière.

Alors, que vous prépariez doucement vos valises pour la meilleure ville côtière anglaise, que vous vouliez savoir combien d’entre elleux vous aurez connu avant tout le monde, ou que vous soyez tout simplement curieux·ses de découvrir la relève actuelle, on vous a préparé une météo des humeurs et des meilleures découvertes à faire au Great Escape 2024.

Mood : soleil de printemps

Des guitares ensoleillées et des voix tout droit sorties de nos années lycée, on vous présente Big Sleep et Soft Loft, qui sauront à coup sûr nous mettre du baume au cœur. Tout aussi indie, notre genre de prédilection ces derniers mois depuis qu’Anna Erhard a fait son apparition dans nos playlists, on ne sait plus où donner de la tête tant les projets qualitatifs défilent. On trouve de quoi faire un petit tour du monde entre les Britanniques Liz Lawrence, Gia Ford et Kaeto, en passant par le Danemark avec Trout, les Pays-bas avec Néomí et Philine Sonny qui nous vient d’Allemagne, le duo français En Attendant Ana accompagné·es de leur trompette qu’on aime tant, les Canadiennes Marissa Burwell et Abby Sage, et Bnny en provenance des États-Unis. On ajoutera volontiers à la liste les sonorités vintage remplies de soleil de Cut Worms, Being Dead et Jack Page, ainsi que la douceur de Tom Lark, sans oublier les Papooz du Pays de Galles répondant au nom de Pys Melyn. De quoi célébrer le printemps dans les règles de l’art.

Mood : pluie sur le velux

Pour les introverti·es, celleux qui préfèrent leur plaid aux bancs des pubs, ou les concerts où l’on écoute plus qu’on ne danse, on vous conseille de prêter une oreille à Rowena Wise, Yoshika Colwell, Cordelia, et évidemment Loverman et son inconditionnel Into the Night. Peut-être ferez-vous même partie des heureux·ses avec qui l’artiste partagera son micro – une tradition qui lui est propre.

Pour celleux pour qui le blue Monday dure toute l’année, Lizzie Reid, Sarah Julia et Pem risquent fortement d’activer vos glandes lacrymales. On vous aura prévenu·es.

Mood : orage dans l’air

Côté punk rock, Brighton et le Great Escape ne sont évidemment pas en reste, puisque c’est une ribambelle de groupes tout aussi intéressants les uns que les autres qui nous sont proposés, en passant par Mock Media qu’il nous tarde sincèrement de découvrir sur scène, Opus Kink et leurs cuivres à la DEADLETTER, les Italiens de Leatherette, Nightbus et leur DA aux néons colorés, ou encore Enola, Conscious Pilot, LITE, Splint et Adult DVD. On décernera une mention spéciale à Joe & the Shitboys, dont on se souvient encore de l’excellente pique aux professionnel·les de la musique au Printemps de Bourges 2023. Nous ne manquerons évidemment pas non plus d’aller découvrir Kneecap, dont le nom circule sur toutes les lèvres depuis le Pitchfork à l’automne dernier, ainsi que Humane The Moon, à l’énergie prometteuse. De quoi se défouler, sauter, pogotter, et lâcher les chiens de tous côtés.

Mood : canicule

Si l’envie vous prend de danser dans la frénésie de shows insolites, le Great Escape vous réserve également quelques surprises, à commencer par Malvina, personnage fougueux aux mille talents, y compris celui de cheffe d’orchestre. Pour les nostalgiques du génial No Mythologies to Follow de (qu’on a d’ailleurs découverte au Great Escape il y a dix ans), Saya Noé saura réveiller vos papilles avec une touche faisant écho à la voix de Prudence. Évidemment, on ne saurait manquer le duo français UTO, à l’univers dément et aux lives inoubliables. L’Espagne étant à l’honneur cette année au Great Escape, on se déhanchera pour l’occasion sur les titres chaleureux de Sila Lua.

Et pour celleux dont le radar est à la fête, nous vous conseillons de vous tourner vers les percutions de Kousto, la rondeur de Divorce From New York, et évidemment le génie de Bolis Pupul qui se produira au Hope and Ruin le jeudi.

Mood : golden hour sur la plage (de galets évidemment)

Certes, Brighton a mille qualités, dont celle d’être une ville côtière à la plage de galets, aux transats rayés s’étalant face à la mer, et au pier sur lequel se dresse une fête foraine à la Santa Monica. Une fois le décor posé, on se voit volontiers s’y côtoyer la douceur couleur coucher de soleil d’Hiro Ama et le rap aux instrus teintées de piano de Yamê – déjà incontournable en France –, Chiedu Oraka, Cam Thomas ou encore Can Whitlam.

Et pour finir en beauté, que demander de mieux que des vibes soul plus belles les unes que les autres. Toutes venant d’outre-Manche, on attend avec impatience la chaleur dans la voix d’Olympia Vitalis qui nous rappelle les débuts de Celeste, dans le même ton que celle de l’Irlandais Caleb Kunle, le kitsch de Gareth Donkin, et surtout les grandioses MRCY.

Alors, convaincu·es ? Si Brighton vous semble le bout du monde, dites-vous que c’est loin d’être le cas. Depuis Paris, il suffit de sauter dans un Eurostar, lire une petite heure de plus dans le train depuis Londres, et vous sentirez l’air anglais salé à votre sortie en gare en à peine trois heures. De quoi varier des plages normandes, changer de point de vue sur les falaises couleur craie de l’autre côté de la Manche, et par la même occasion découvrir le Great Escape Festival !

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