M.I.A portée disparue
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Auteur·ice : Charles Gallet
17/09/2016

M.I.A portée disparue

C’est avec un souvenir ému que je me souviens de ma découverte de M.I.A, c’était en 2004/2005 lorsqu’au hasard d’un obscur mix j’ai pris une claque monumentale en découvrant la surpuissante Bucky Done Gone.
C’était il y a à peine plus de 10 ans, et pourtant M.I.A est passée par toutes les étapes possible à la vitesse de la lumière : Découverte hype avec Arular, confirmation et consécration avec Kala, détestation et critique avec MAYA son troisième album bien injustement incendié par la critique à l’époque, puis la renaissance avec son Matangi. En 10 ans, entre polémiques, prises de position politiques, Mathangi  Arulpragasam aura eu le temps de nous offrir un paquet de tubes de Galang à Come Walk With Me en passant par Bad Girls et bien sur Paper Planes son tube ultime.
Aujourd’hui, elle nous revient avec un cinquième et probablement dernier album, AIM: mais quelle est désormais la place de M.I.A sur l’échiquier musical en 2016 ?

Vu l’état politique du monde en 2016, un retour de l’Anglaise d’origine tamoule n’a rien d’étonnant, on pourrait même clairement dire qu’il était nécessaire. Mais l’artiste a-t-elle atteint son but comme le laisse entendre le titre de son album ? Clairement non.

Pourtant l’album démarre du bon pied avec ses trois premières chansons. Borders, premier single, tant puissant que politique, lance les hostilités. L’album continue sur sa lancée avec l’excellente Go Off puis la très indienne Bird Song. Et puis ? Et puis plus rien, en fait. On assiste à un enchainement de pétards mouillés, de choix artistiques assez étranges comme l’apparation de Zayn Malik sur la très pop Freedun, voire de véritables ratés comme l’horrible production du très surcoté Fakear sur Finally, gros plagiat dégoulinant de Major Lazer, qui ferait passer la plus mauvaise chanson de la bande à Diplo pour une merveille de finesse. Et enchainer ça avec une production de Skrillex n’est pas non plus la meilleure idée de Mathangi, A.M.P étant une espèce de chanson hip hop sans âme et parfois inaudible.

Le principal défaut de l’album réside aussi là : M.I.A a transformé son album en une sorte de compilation disparate de producteurs électroniques, allant chercher n’importe quel nom pouvant lui offrir un peu d’attention médiatique, ce qui fait que l’album souffre d’un manque de cohésion évident et donc d’ambition et de clareté.

Même au niveau des lyrics, la musicienne qui n’en est pas une (c’est elle qui le dit) cède à la facilité et à une espèce de naiveté malvenue sur des titres comme Fly Pirate ou Survivor.

Quelle est donc la place de M.I.A en 2016 ? C’est une question à laquelle on aura du mal à répondre, l’Anglaise faisant désormais plus parler d’elle à travers ses polémiques et ses buzz qu’à travers sa musique. AIM est une immense déception, à la hauteur de l’attente qu’on avait placé en lui après l’excellent Matangi.  Malheusement, en 2016 M.I.A semble n’avoir jamais aussi bien porté son nom (qui signifie Missing In Action : porté disparu) et c’est avec une tristesse immense qu’on se dit qu’on a peut-être là affaire au dernier album de la géniale artiste qui aura malgré tout marqué les 10 dernières années de la musique moderne.

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