Noir Éden : la mue musicale de Peter Peter
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Auteur·ice : Charles Gallet
06/02/2017

Noir Éden : la mue musicale de Peter Peter

Le voyage mental est quelque chose de très propre à la science-fiction. Laisser son esprit vagabonder, s’enfermer en soi-même, explorer les parties inconnues de son âme tel un conquistador en territoire indigène.  C’est un univers que l’on découvre, sans frontière et sans mur, où l’on peut croiser des monstres mythologiques, des vampires, des vieux amis perdus, des temples bouddhistes, des fleurs sauvages ou des cristaux magiques.
Tout ce que l’esprit au final garde en secret, un lieu hautement personnel et incroyable qu’on ne partage en général jamais.
Ce voyage mental, cette exploration de l’inconscient, cette prison personnelle dont on se libère, c’est finalement à ça que correspond Noir Éden, le nouvel album de Peter Peter.

Trois ans après un second album très littéraire – comment en effet ne pas penser à Houellebecq avec un titre tel qu’Une Version Améliorée De La Tristesse -, qui nous avait marqué au fer rouge par ses compositions atmosphériques et habitées, le Québécois exilé à Paris est de retour.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on assiste une nouvelle fois à un véritable changement de peau, une mue musicale qui s’opère dès la première chanson de l’album, Bien Réel. Son beat électronique du plus bel effet bascule en milieu de chanson d’une atmosphère rêveuse à un espèce de dancefloor mental, comme il le présente d’ailleurs lui-même, ” C’est un royaume où règne la musique et le silence, Il me fût entièrement légué, oui je pense“.

Peter Peter nous ouvre, sans réelle pudeur, les portes de son univers. Si l’album se veut forcément pop, celle-ci se retrouve malaxée et torturée par les obsessions et les influences du québécois qui, entre ombres et lumière, suintent de ces 12 chansons. Entre sonorités 80’s, et influences électroniques assumées, l’artiste parle souvent de son amour pour Our Love de son compatriote CaribouPeter Peter compose une toile musicale à la fois personnelle et étrange ; on passe ainsi d’un beat hyper dansant sur Venus, à une track planante sur Noir Eden, en passant par un Loving Game sur le fil du kitsch pour finir sur une composition dépouillée et crève-cœur sur Pâle Cristal Bleu. Le talent de composition de l’artiste s’étale, et même si les sons et les ambiances sont différentes, la cohérence et l’efficacité sont bien présentes, avec l’avantage net d’être portées par la voix magnifique du québécois.

Les compositions servent aussi à mettre en avant des paroles, souvent cryptiques et teintées d’une poésie étrange, desquelles coulent là aussi diverses thématiques : la science-fiction, le romantisme exacerbé, les chimères, l’amour et son chat.
Entre songes et réalité, fantasmes et brutalité, les textes de Peter Peter nous emmènent sur le fil de son âme, laissant à son audience le soin de les explorer et surtout de les lire, la poésie étrange des paroles frappant aussi bien les oreilles que le cœur de par leur imagerie et leur vérité.

Peter Peter voulait faire un album pop. Avec Noir Eden, il nous livre pourtant son album le plus étrange, poétique et maitrisé. Un disque qui touchera tous ceux qui s’y attardent, tant  grâce à l’universalité des thèmes, qu’à la qualité des compositions. Un album taillé pour le succès et qui, on le pense, prendra toute sa teneur et délivrera toute sa puissance en live.

Il sera à l’Ancienne Belgique le 27 février et un peu partout en France durant les prochains mois.

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