On y était : Bloc Party rejoue Silent Alarm au Zénith
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Auteur·ice : Charles Gallet
19/10/2018

On y était : Bloc Party rejoue Silent Alarm au Zénith

Une époque bénie. Quand on regarde dans le rétroviseur, c’est comme cela qu’on visualise la deuxième moitié de la première décennie du deuxième millénaire. Une époque qui a vu l’apparition de groupes comme Franz Ferdinand, Arctic Monkeys, Foals, LCD Soundsystem  et… Bloc Party. Nous sommes désormais en 2018 et tout ne s’est finalement pas passé comme prévu, que ce soit pour nous ou pour Bloc Party. Alors quand l’occasion est venue d’écouter dans sa totalité Silent Alarm en live, notre cœur n’a pas hésité.

À bien des égards et pour beaucoup de monde, Silent Alarm représente l’album fondateur d’une discographie musicale. Une pierre angulaire, un point de départ qui ouvrira aussi bien les portes du passé que du futur. C’est aussi un album qui représente une certaine période d’insouciance au goût d’adolescence et de tous les possibles. 13 ans plus tard, les choses ont bien changé, l’insouciance est partie et c’est avec le regard presque adulte, parce qu’on résiste encore, que l’on entrevoit avec nostalgie cette époque. On a évolué, fait des choix plus ou moins douteux, on est tombé et on s’est relevé. En y pensant bien, la vie ressemble un peu à la carrière de Bloc Party : tout n’est pas parfait mais au final, peut-on vraiment avoir des regrets ?

Alors forcément, quand on a appris que le groupe phare de  notre adolescence viendrait jouer son premier album culte au Zénith de Paris, on n’a pas hésité deux secondes avant de s’y rendre. Et finalement, qu’est-ce qu’on en retient ? Trip nostalgique ? Bon concert ? Dernier toast à notre adolescence qui s’évapore? C’était un peu tout ça à la fois, en effet.

On va aborder les deux points négatifs du concert histoire de les laisser derrière nous : oui, faire le choix du Zénith pour cette date était plus hasardeux étant donné la stature du groupe désormais, la salle était donc à moitié pleine et on s’est clairement dit qu’une salle comme l’Elysée Montmartre ou la Cigale aurait clairement était plus adaptée à cette date. L’autre point qui nous a fait tiquer un poil, c’est le côté très statique du groupe, sans véritable folie mais avec beaucoup de talent. Un concert carré, comme on en voit beaucoup à l’heure actuelle de la part de “gros” groupes. Alors oui, à l’heure où il existe des groupes comme Fat White Family ou Idles, voir un groupe jouer à la note près sa musique peut sembler frustrant mais c’est oublier un point important du concert de ce mardi : l’effet apporté par la nostalgie. Car c’est ici que tout bascule dans un autre monde.

Revoir Silent Alarm joué en live nous aura ramené dans un autre monde, un monde où la partialité n’existe pas puisque c’est le regard rempli de souvenirs qu’on assiste au concert de la bande de Kele Okereke. Alors certes, Matt Tong et Gordon Moakes ne sont plus là mais qu’importe, ce sont d’abord les chansons qui nous touchent en pleine âme. Et puis Okereke a toujours cette voix sublime et si particulière, Russell Lissack a toujours sa mèche de cheveux et son jeu de guitare si particulier et puis… Et puis on a vu l’intégralité de Silent Alarm en live ! Rien que de le dire à nouveau nous provoque des frissons.

Malin, le groupe a décidé de prendre son album à rebours, histoire de garder ses titres phares pour la fin. Une décision qui nous allait parfaitement, puisque cela nous a permis de profiter des fantastiques Plans et Luno dès les premières minutes du concert. Le groupe enchaînait sans vraiment de temps mort et sans vraiment parler. Okereke nous promettait juste de nous ramener vers une époque plus joyeuse et il ne nous mentait pas. Les lumières et la mise en scène se faisaient minimales et la tension montait dans la foule à l’approche des titres phares du groupe. Price Of Gasoline nous faisait toujours autant remuer la tête tandis que The Pioneers nous emmenait ailleurs. Mais c’est définitivement This Modern Love qui nous frappa en plein cœur. Un frisson incontrôlé de la tête aux pieds et les larmes aux yeux dès les premières secondes de cette chanson qui nous a accompagnés, et nous accompagne encore, dans tout un tas de phases plus ou moins douloureuses de notre vie.

She’s Hearing Voices, sa batterie martiale et sa guitare en forme d’alarme se faisait toujours efficace, bien aidée par un son étonnamment bon pour ce genre de salle. Une petite pause avec la douce Blue Light et voici le moment que tout le monde attendait : Banquet. On aura beau dire, cette chanson reste un tube phénoménal et imparable et elle le restera pour un paquet d’années. Le public est enfin chaud et reprend avec bonheur les paroles du titre. Pas le temps de reprendre son souffle que sonne la basse lourde de Positive Tension et les guitares folles de Helicopter. On arrive au bout de la course et Like Eating Glass termine en beauté 55 minutes qu’on a vu passer comme une flèche, un instant d’une rapidité.

Bloc Party reviendra pour deux rappels, prolongeant la nostalgie avec des vieux titres comme Two More Years, The Prayer ou Little Thoughts avant de donner la parole aux chansons plus récentes de Four et Hymnns qui nous toucheront nettement moins. Mais l’essentiel était ailleurs : voir Bloc Party jouer Silent Alarm en live ce soir-là a eu sur nous l’effet d’une pensine, nous replongeant pendant 1h20 dans une époque qu’on pensait avoir oubliée et qui est pourtant toujours aussi présente dans nos esprits.

 

Photos : Camille Bialek

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