Oscar and the Wolf au Lido à Berlin
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Auteur·ice : Sébastien Hanesse
27/10/2015

Oscar and the Wolf au Lido à Berlin

Berlin. Fin octobre. L’automne s’installe. Grand et fort, il recouvre entièrement la ville. Notre pelage est doux, la peau réagit. Le temps idéal pour voir le loup. Un interminable rideau de béton, et derrière, la forêt. Notre montre nous accroche encore un peu au temps. Là-haut, des lettres brillent dans la nuit, sur la façade d’un ancien cinéma: Oscar and the Wolf. On adore prédire ce qui va venir, et on en est toujours très loin. Très loin d’imaginer ce que nous allons voir.

Parfois, quand on regarde bien entre les branches, on voit ses yeux briller dans la nuit. Sa voix surgit de nulle part, il monte sur scène, plus sobre et plus simple qu’à son habitude. Aucun décor, aucun artifice, Max Colombie se montre enfin. Entouré de sa petite meute, Ozan Bozdag, Claudio Arduini et Jasper Bullynck. Le son est précis comme un mouvement de vent. Ils deviennent en quelques minutes les maîtres de l’air et du son. Max, son charme fou, sa nonchalance, son regard à faire tomber la pluie sur les salles les plus brûlantes. Comme un fauve à qui il ne manque que l’ardeur et l’arène, il nous donne déjà l’impression que la ville a renoncé à nous, que rien ni personne ne pourra troubler ce moment aérien, cette rencontre intime. Il a ce je ne sais quoi de Francoise Hardy, sa poésie, sa fragilité peut-être. Il nous emmène loin avec sa musique sombre et langoureuse, proche de Fleet Foxes et Bon Iver, comme un jeune loup, à la fois enfant assassin et homme à flammes.

La nuit se mêle peu à peu au jour. Qu’ont ils encore à prouver ? Ils se mettent en danger, ils prennent des risques, ils s’amputent de leurs propres artifices pour aller à l’essence même de leur son. Ils revisitent leur musique et celle des autres, ils surprennent et étonnent, ils défient le brouillard de la ville et jouent avec ce fragile équilibre entre lumière et obscurité. A Berlin, il y a toujours des moments que nous regrettons. Les nuits trop courtes, ou trop longues. Les cigarettes trop nombreuses, ou grillées trop vites. Les sons qui s’éloignent trop loin, ou s’imprègnent un peu trop dans la tête. Berlin. Fin octobre. L’automne s’étale. Grand et fort, Oscar and the Wolf recouvre entièrement la vue. Nous avons vu le loup.

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