Home For Now, une caresse enivrante signée Babeheaven
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Auteur·ice : Marion Fouré
28/11/2020

Home For Now, une caresse enivrante signée Babeheaven

4 ans après la sortie du vertigineux Friday Sky, Jamie Travis et Nancy Andersen, les deux têtes pensantes de Babeheaven, nous présentent enfin leur premier album, Home For Now. Cette œuvre personnelle et harmonieuse, mêle titres connus et inédits, toujours en cultivant l’atmosphère onirique et mélancolique qui a fait leur succès jusqu’à présent. À la manière d’un instantané, ce nouvel opus nous permet d’apprécier la force émotionnelle d’un projet artistique plein de sincérité.

Tout droit venu de l’Ouest londonien, Babeheaven a rapidement su faire chavirer nos petits cœurs avec ses premiers titres. Dès la première écoute, le ton était donné, en filigrane : une musique éthérée enveloppée de douceur, qu’on a envie d’écouter seul(e), errant au petit matin après une nuit blanche, ou tout simplement pour déverser notre peine à l’abri des regards. Mais pourquoi cette musique nous touche-t-elle autant ? Tout simplement parce qu’elle fait écho aux relations humaines d’une génération née dans les années 90, et qui passe par de nombreuses épreuves pour se construire et atteindre un état de maturité qu’on appelle « l’âge adulte ». Bonheur, tristesse, colère, les chansons de Babeheaven sont bien plus profondes qu’elles en ont l’air. Nancy Andersen y partage, à travers sa voix de velours, des expériences personnelles aussi banales que traumatisantes, pour faire émerger des émotions d’une pureté cristalline, qui constituent la toile de fond de Home For Now.

Dans ce premier album, le duo nous livre 14 titres léchés, majoritairement orientés trip-hop/downtempo, qui ne laisseront certainement pas insensibles les fans de Morcheeba et de Zero 7. Ici, tout semble se fondre et s’imbriquer d’une manière cohérente, pour diffuser une ambiance soyeuse et réconfortante dans laquelle on souhaite rester sans regarder l’heure, un peu comme dans des draps chauds un matin d’hiver.

C’est le magnifique titre November qui ouvre le bal et dessine la trajectoire de l’album. La voix timide de Nancy nous parle des grandes difficultés de la vie et du temps qui passe. Malgré un texte poignant, le morceau se développe avec une légèreté sonore, presque paisible. Ce contraste entre musique et texte se retrouve d’ailleurs dans la plupart des titres.

Que ce soit dans Human Nature, Jalisco ou Cassette Beat, on succombe avec plaisir à une rythmique trip-hop 90’s et à la superposition de magnifiques lignes de voix qui donnent de la profondeur aux morceaux.

 

Difficile de faire l’impasse sur le titre Friday Sky, avec lequel l’aventure Babeheaven a commencé, il y a quelques années. Ce titre, qui sonne très « bedroom pop », nous met instantanément la tête dans les nuages avec ses mélodies et son charme évasifs, ses guitares déformées et le chant de Nancy toujours aussi doux qu’une caresse, évoquant les émotions démesurées provoquées par un premier amour.

Malgré un parti pris artistique en faveur du trip-hop éthéré, Babeheaven sait aussi nous livrer des morceaux teintés R&B et Soul avec le groove de How Deep (Love) et Swimming up River, mais aussi le sophistiqué Until The End, pour lequel le duo a utilisé de nombreux samples.

Quant au titre Craziest Things, il détonne par rapport au reste de l’album. Condensé indie-pop entre Stealing Sheep et Men I Trust,  le morceau nous entraîne avec sa batterie accrocheuse et ses accords de guitare pleins d’espoir, en opposition aux paroles de Nancy, qui se confie sur ses angoisses nocturnes.

Si l’envie vous prend de danser un slow au milieu de votre salon en ces temps incertains, les titres In My Arms et Through The Night seront vos parfaits alliés. Le premier, au groove suave, est une méditation sur notre façon d’interagir positivement avec les autres. Le second s’ouvre, quant à lui, sur une rythmique proche de Teardrop de Massive Attack et nous transporte instantanément dans une autre dimension, grâce ses couches de synthés fluides et son chant toujours plus incarné. Conclusion idéale de cet album, cette invitation à la sagesse nous parle du fait d’avancer dans l’âge et donc d’accepter notre propre sort.

 

Une chose est sûre, la magie implicite de Babeheaven opère tout au long de l’album (même dans ses interludes) grâce à de magnifiques arrangements sonores, des rythmiques lancinantes, des refrains saisissants, et surtout grâce aux mélodies vocales de Nancy, qui prennent de plus en plus d’ampleur au fil des titres. Le secret de cette musique émotionnellement puissante réside certainement dans l’honnêteté et l’intimité que le duo apporte à ses compositions. Un album à découvrir !

Retrouvez ici notre interview avec Babeheaven.

 


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