A Private Road : le nouveau rêve éveillé de Laura Groves
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Auteur·ice : Marion Fouré
30/12/2020

A Private Road : le nouveau rêve éveillé de Laura Groves

Alors que cette drôle d’année touche à sa fin, quoi de mieux que de s’abandonner à la rêverie pour éclaircir nos pensées les plus sombres et estomper momentanément la réalité implacable de notre nouveau monde ? Avant de sortir le champagne et les cotillons, on vous invite aujourd’hui à écouter la synthpop éblouissante de Laura Groves, à travers son dernier EP A Private Road (Bella Union).

Laura Groves. Peut être que ce nom ne vous dit pas grand-chose. Pourtant, cette jeune multi-instrumentiste et compositrice britannique a débuté sa carrière il y a plus de dix ans, tout d’abord avec un projet alt folk notable nommé Blue Roses. À partir de 2015, elle compose et enregistre sa musique sous son propre nom et abandonne les ballades piano/guitare au profit de textures électroniques vintage, faisant la part belle aux synthétiseurs expérimentaux et aux guitares électriques vaporeuses ; un choix judicieux et surprenant qui révèle des aspects inédits de son talent. Dans son dernier EP, marquant d’ailleurs son entrée chez le prestigieux label indépendant Bella Union, Laura Groves s’inspire de ses pérégrinations urbaines, diurnes et nocturnes, pour nous inviter à une odyssée fantasmagorique et passionnée, dont la quête du « moi intérieur » constitue la toile de fond.

Dès la première écoute, l’artiste réussit à nous faire voyager dans une temporalité sonore hybride. Le mélange entre sonorités eighties et production moderne crée toute la richesse de son œuvre, un peu comme si l’album Ritmo (1983) de Judie Tzuke faisait un bond de trente ans dans le futur et était remis au goût du jour, sans être dénaturé pour autant. L’ouverture de A Private Road se fait tout en légèreté avec l’étincelant Infinite Wisdom où synthés stellaires et guitares voilées soutiennent la voix cristalline de Laura Groves qui porte un message de libération et de sérénité.

 

Le titre Foolish Game est quant à lui une pépite pop, révélant toute la magie de la musique de Groves. Les harmonies vocales envoûtantes superposées aux nappes de synthés nous guident à travers les dédales obscurs des relations sentimentales. Le rêve éveillé se poursuit ensuite avec la douceur céleste de Faking It, qui nous donne envie d’ouvrir la fenêtre au petit matin et de regarder le monde comme si c’était la première fois. En contraste avec les autres titres, Red renoue avec les ballades folk piano/voix de Blue Roses, mettant en valeur la voix veloutée de l’artiste. Sans jamais tomber dans le kitsch, le piano désuet nous ramène dans le passé pour quelques minutes et nous rappelle indéniablement le titre Blue de Joni Mitchell. Après cette courte accalmie, le groove suave de Sunset nous redonne un peu d’entrain avec ses orgues tourbillonnants et sa rythmique chaloupée. La berceuse jazzy Searching For The Stars sonne déjà la fin, mais une fin poétique et pleine d’espoir. Tel le phare du marin, Groves assimile les étoiles à de véritables repères nocturnes qui ont le pouvoir mystique de nous guider dans nos décisions et nos trajectoires.

A Private Road est une courte parenthèse enchantée au cœur des songes. Ce nouvel opus témoigne du travail remarquable de Laura Groves qui allie avec aisance expérimentations électroniques, pop, soul, avec un soupçon de folk, dans des chansons enveloppantes et chaleureuses. À l’instar d’autres artistes/productrices complètes telles que Jessy Lanza et Kate NV, Laura Groves a toutes les qualités pour marquer artistiquement la nouvelle décennie. Allez, maintenant place aux festivités de la Saint-Sylvestre !

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