Infatigable et prolifique, la touche-à-tout vénézuélienne Arca revient déjà dévoiler les premiers traits de son album Kick ii, prévu pour le 3 décembre prochain. Second volet de la saga Kick (qui en comportera quatre), l’opus est teasé par l’artiste comme “riche en backbeats, manipulations vocales, manie et folie.” Si le premier acte paru l’an passé voyait la cantatrice concilier son univers foncièrement expérimental et un enrobage pop, elle continue d’exploiter cette démocratisation de l’étrange en conviant ici l’icône mainstream Sia dans ses méandres torturés, sombres et complexes.
En résulte Born Yesterday, une composition assurée vocalement par Sia tandis qu’Arca soigne la prod. Le titre résulte en réalité d’un rework d’une maquette de la pop star australienne, pensée dans l’ère 1000 Forms of Fear et leakée en 2014 sur YouTube. En immergeant les mélodies catchy de la version d’origine dans une dimension pleine de glitchs, sursauts bruitistes et autres gimmicks propres à son univers si spécifique, Arca parvient à délivrer une proposition convaincante, inattendue et efficace. Réalisé par le collectif KinkiFactory, le clip met en scène la chanteuse en plein “lip-sync for her life” dans un cadre clair-obscur captivant. Dansant et euphorique, Born Yesterday s’éloigne de l’atmosphère dystopique et apocalyptique qui aura marqué la discographie de la Vénézuélienne, à l’instar de son récent single orphelin Incendio dévoilé le 25 septembre dernier.
Mais pas de souci à se faire au vu de cette édulcoration : on compte sur Arca pour glisser ses structures impossibles et autres expérimentations déroutantes au sein des 11 autres tracks qui composeront l’album. Car l’audace est certainement ce qui aura marqué le parcours de cette nouvelle icône de la scène alternative, qui se joue des codes et des carcans pour mieux délivrer ses idées. Des choix esthétiques qui s’érigent comme de véritables statements, et qui lui vaudront d’ailleurs une nomination dans la catégorie Best Alternative Music Album aux prestigieux Latin Grammy Awards de cette année.
La preuve qu’Arca aura finalement su briser les barrières pourtant si solides qui emprisonnent encore les élans musicaux audacieux et inconformes au rang de mouvances ésotériques impénétrables. Son arrivée remarquée dans la sphère pop culture marque ainsi un véritable tournant, et ce second long-format a tout pour continuer d’écrire l’histoire déjà remarquable d’une des musiciennes les plus avant-gardistes de sa génération.
Caméléon musical aux allures de mafieux sicilien.
