Art punk déjanté et joie de vivre : on a rencontré Gustaf
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Auteur·ice : Marion Fouré
25/03/2021

Art punk déjanté et joie de vivre : on a rencontré Gustaf

Avec seulement deux titres à son actif, la petite bande excentrique de Brooklyn formée en 2018 fait pourtant déjà beaucoup parler d’elle. Alliant exubérance et autodérision sur des rythmiques qui collent à la peau, Gustaf nous inonde d’une énergie décomplexée incarnée par la chanteuse Lydia Gammill, dont l’interprétation fougueuse s’inscrit directement dans la lignée de ses aînées de l’art punk des années 80 (Kleenex, The Slits…). Vous l’aurez compris, Gustaf est une bouffée d’air aux vertus thérapeutiques dont vous aurez bien besoin en ce moment. Alors qu’un premier album devrait prochainement pointer le bout de son nez chez le label canadien Royal Mountain Records, le quintet nous a accordé un petit moment pour revenir sur les origines du projet et nous en dévoiler la philosophie. Rencontre.


La Vague Parallèle : Hello les Gustaf, comment ça va ? 

Gustaf : Super !

LVP : Est-ce que vous pourriez vous présenter ?

Tarra Thiessen : Hello ! Moi je suis aux percussions et sinon je chante à l’aide d’une pédale d’effet qui change la tonalité de ma voix pour me faire ressembler à Dieu ou au diable (rires) !

Vram Kherlopian : Moi je joue de la guitare et je fais aussi les chœurs !

Melissa Lucciola : Je suis la batteuse !

Lydia Gammill : Je chante et sur scène je cours partout !

Tine Hill : Et moi je suis à la basse !

LVP : Revenons un petit instant aux origines du projet. Comment est né Gustaf ? 

Lydia : En 2018, Tarra avait besoin d’amener son van à SXSW pour une tournée qu’elle et Tine devaient commencer après le festival avec Ex-Girlfriends (leur ancien groupe). Elle m’a donc demandé si je voulais bien l’aider à descendre en voiture et j’ai accepté, à condition de participer à quelques concerts sur la route. Je n’avais pas vraiment de groupe à l’époque, alors on a recruté Tine et Angela (notre première batteuse), puis Vram à la guitare, et ensuite tout s’est enchaîné rapidement. Mel nous a rejoints un an plus tard et maintenant nous formons une grande famille heureuse !

LVP : D’où vient le nom du groupe ? 

Tine avec le poster de Gustaf III

Lydia : Comme le groupe s’est formé très rapidement, il a fallu trouver un nom avant même de savoir ce que le projet allait devenir. Je voulais quelque chose qui ait moins de cinq syllabes, qui soit joli sur un t-shirt et qui soit un peu ambigu ! Finalement j’ai trouvé le nom sur un poster que mon père m’a offert quand j’ai emménagé dans mon premier appartement. Il vient d’une exposition de 1972 sur le roi Gustaf III au Nationalmuseum de Stockholm. Je n’ai jamais réussi à trouver une photo de ce poster sur Internet…

 

LVP : On vous présente comme un groupe d’art punk loufoque, vous êtes d’accord avec ça ?

Vram : Oui, je pense que c’est généralement le cas !

 

LVP : Dites-nous un peu qui sont vos artistes préférés ?

Tarra : En musique je dirais Cher, Jack White, Ty Segall et John Dwyer. David Lynch pour le cinéma. Et sinon j’adore les peintres Francis Bacon et Max Ernst.

Lydia : Beaucoup d’artistes aussi ! Cate Le Bon, Jonathan Richman, Al Green, Patsy Cline, Sun Ra, Dionne Warwick, Roy Orbison et aussi Jorge Ben Jor.

Mel : Neil Young évidemment et aussi Marissa Paternoster, Juana Molina, Jessica Pratt et Kenny Buttrey.

Vram : The Beatles, Broadcast, Raymond Scott, Radiohead et aussi Chopin !

LVP : Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?

Tarra : Ma famille Gustaf, mes amis, les longs trajets en voiture, les parcs nationaux, l’océan, mais aussi traîner dans les “diners” ouverts 24h/24, boire du café tard le soir, et les podcasts de Duncan Trussell Family Hour et Night Vale !

Lydia : Les longues promenades dans les rues désertes, la fin du film Soleil vert de Richard Fleischer, les déchets de la ville de New York et aussi les sentiments qui ne peuvent jamais être exprimés succinctement, quels que soient les efforts déployés.

Mel : La nature surtout, et comme dit Lydia, ces sentiments qui ne peuvent être exprimés que sans mots.

Vram : Les gens, la nature, et la bonne cuisine !

Tine : La vie ! On n’a qu’une vie alors faisons des choses qui nous font vibrer !

LVP : Il y a quelque chose d’excentrique et de comique dans votre musique. Que souhaitez-vous transmettre à votre public ?

Tarra : Un sentiment de joie, de l’entrain et surtout cette idée de vivre le moment présent.

Mel : Je partage ce que Tarra dit. Je pense que la joie et l’enjouement encouragent tout le monde à ne pas se prendre ou à ne pas nous prendre trop au sérieux, ce qui permet à chacun de se détendre et de s’amuser.

Lydia : Tout à fait ! Il s’agit d’apprendre à rire de ses propres défauts et des mécanismes émotionnels dans lesquels les humains sont enfermés. Il s’agit d’attaquer nos manies à travers la catharsis.

Vram : L’idée c’est de profiter de la vie tant qu’on est là !

Tine : En tant que groupe, nous avons aujourd’hui été suffisamment proches les uns des autres pour développer notre propre langage “Gustaf. Rien n’est jamais parfait dans la vie c’est sûr, mais on trouve toujours des aspects comiques dans les situations que nous vivons ensemble. Nous sommes une grande famille pleine d’humour et accueillons avec plaisir ceux qui souhaitent nous rejoindre !

LVP : Vous n’avez sorti que deux titres jusqu’à présent mais avez déjà attiré beaucoup d’attention. Comment expliquez-vous cette notoriété ?

Tarra : Je pense que cela vient du fait que nous avons toustes été dans différents groupes au cours de la dernière décennie, donc même si Gustaf est relativement récent, nous avons la chance d’avoir des communautés qui nous soutiennent à Brooklyn, à Los Angeles et dans tous les États-Unis, où nous avons beaucoup tourné.

Vram : Pour moi c’est aussi parce que les gens apprécient nos chansons, ce qui est vraiment génial !

Tine : Il ne faut jamais dire “non” à une proposition de concert. J’ai toujours travaillé dans des restaurants et j’étais la reine pour changer mes horaires afin de participer aux concerts de mes groupes. Une fois, j’ai même dû donner 80 dollars à mon collègue pour me remplacer un samedi soir (rires) !


LVP : Vous avez récemment signé chez Royal Mountain Records et travaillé avec le producteur Chris Coady (Yeah Yeah Yeahs, Beach House, Future Islands…), comment ces collaborations ont-elles vu le jour ?

Mel : Nous avons passé le mois de février 2020 toustes ensemble à Los Angeles. Pendant cette période, nous avons fait une tonne de concerts et joué pratiquement tous les soirs. C’était tellement cool ! John, un de nos amis, était aussi à Los Angeles et a rencontré Menno Versteeg, le fondateur de Royal Mountain. Il l’a donc invité à l’un de nos concerts et le reste appartient à l’histoire. Le label a organisé la session avec Chris Coady pour nous et c’était juste génial ! 

LVP : Il paraît que vous avez un album en préparation. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Lydia : Oui, il est presque terminé d’ailleurs ! Nous avons enregistré l’essentiel à New York cet automne avec Carlos Hernandez du groupe Ava Luna. Le son est un mix d’ancien et de moderne. J’espère que nos fans apprécieront ! Quoi qu’il en soit, on travaille déjà sur le suivant ! 

LVP : Comment se passe la vie à New York pendant cette période de crise sanitaire ? Est-ce que cette situation vous inspire ?

Tarra : Personnellement, je suis heureuse d’avoir connu cette période de calme pour travailler sur l’écriture et l’enregistrement, mais plus ça va et plus ça devient difficile de rester motivée car on n’en voit pas la fin. Ce qui est aussi compliqué c’est de voir tant de petites entreprises, notamment les salles de concert, en réelle difficulté.

Mel : Je suis également heureuse d’avoir eu du temps libre, car ironiquement, j’ai eu beaucoup plus de temps pour jouer de la musique que si j’avais été en tournée. Après je ne dirais pas que c’est une source d’inspiration. Au début, c’était vraiment étrange et inédit de voir le monde entier basculer et encore plus du point de vue d’un artiste, mais ça a fini par nous lasser et maintenant je suis impatiente de revoir les gens et de partager avec eux du temps et de la musique sans avoir à penser à ce virus !

Vram : C’est pareil pour moi ! La situation ne m’inspire pas nécessairement, mais au moins elle a le mérite de me donner plus de temps pour travailler sur la musique. 

LVP : Une dernière question, plus personnelle. Qu’est-ce qui vous anime dans la vie, en dehors de la musique ? 

Tarra : Faire de la méditation transcendantale, écrire des cartes postales et faire de longues promenades ! J’adore aussi dessiner avec des stylos gel métalliques et faire de l’aquarelle avec du violet.

Mel : Faire de la randonnée, camper, cultiver des légumes, peindre, voyager, explorer, m’asseoir au soleil, apprendre l’herboristerie et la médecine holistique et aussi essayer d’apprendre l’espagnol !

Lydia : Je suis devenue obsédée par le fait d’essayer d’utiliser tout ce qui se trouve dans ma maison avant de le remplacer. J’ai fabriqué de nouvelles bougies avec les restes de cire et j’ai l’intention de transformer mes vieilles factures en nouveau papier. J’aime aussi dessiner et faire les courses après minuit !

Vram : Voyager dans de nouveaux endroits, boire de l’expresso et jouer aux échecs.

Tine : Avant l’arrivée du coronavirus, je faisais de la course à pied en compétition et j’ai hâte de courir mon premier semi-marathon quand toute cette histoire sera derrière nous ! Je fais aussi de la randonnée et du ski, je joue avec mon chien et je rêve d’ouvrir un bar/café un jour.

LVP : Un petit selfie pour finir ?

Lydia : Nous sommes séparés en ce moment mais Tine a utilisé sa magie et nous a réunis numériquement pour cette photo ! Prenez soin de vous les amis !


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