Bateaux-Mouches : le retour hautement personnel d’Eddy de Pretto
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Auteur·ice : Flavio Sillitti
06/01/2021

Bateaux-Mouches : le retour hautement personnel d’Eddy de Pretto

Inspiré d’une histoire vraie. Le kid hybride de la chanson française et du hip-hop moderne est (enfin) de retour. Après avoir créé la sensation en 2018 avec son excellent premier album Cure (et sa tout aussi excellente réédition Culte), il dévoile aujourd’hui Bateaux-Mouches, un titre autobiographique rempli d’espoir et de soif de succès. 

S’il avait truffé son premier projet d’une pléthore engagée et vibrante de thématiques fortes, il se fait ici davantage intime et impudique quant à son passé et son ascension. Après avoir botté la cul à la masculinité toxique sur Kid ou au sexisme mortel avec Quartiers des lunesde Pretto semble effectivement prendre un virage plus ciblé et personnel sur ce morceau en décidant d’articuler ses lignes autour de sa propre expérience, de ses (beaux) débuts. 21 ans, le cœur en feu et la hargne aux tripes, il foulera ses premières scènes et rencontrera ses premiers publics en tant que chanteur sur bateaux-mouches le long de la Seine. Idyllique ? Peut-être. Mais pas assez pour cet insatiable rêveur, cet enfant de Créteil aux vocations infusées d’étoiles et de sommets. Une envie brûlante et viscérale de chanter toute sa vie, mais “pas les chansons des autres.” L’omniscience du temps qui a passé nous permet d’affirmer que ces croisières parisiennes n’étaient finalement que l’antichambre bling-bling d’une petite révolution musicale qui le mènera cette année électriser les zéniths de France, Belgique et Suisse. L’histoire d’un succès.

 

Quand j’étais personne

Plein de p’tits taffs d’automne

J’rêvais d’idoles

Je m’voyais déjà en haut […] et c’était beau

Si les sonorités se font légèrement plus pop, destinées à un public certainement moins ésotérique que sur le premier opus, on retrouve tout de même (avec une joie non dissimulée) l’arme fétiche du crooner : sa plume frontale et sans langue de bois. Une écriture brûlante, brute, parfois “sale” mais toujours authentique, qui nous avait déjà tant fait frémir sur les titres Grave ou Normal et qui se fait ici, il faut l’avouer, plus sage mais toujours si efficace.

La grande force de ce retour, c’est finalement l’habit visuel réalisé par Marie Schuller qui va rendre le propos plus touchant encore. Une réalisatrice londonienne à la vision léchée qui semble exceller dans la transposition d’un intérieur personnel à la dimension physique et tangible qui l’entoure. Une magie à l’œuvre notamment sur le clip d’Addenda du survolté Hervé, ou encore sur l’enténébré Trainwreck de la prêtresse dark pop BANKS. Pour Bateaux-Mouches, c’est l’envie de crever l’écran, de brûler la scène, d’être vu et surtout entendu, que Schuller parviendra à mettre en images. Non sans l’aide du jeu captivant d’un Eddy plus habité que jamais, qui tire profit d’un background d’acting convaincant en tout point. On y retrouve son insolence éternelle, une certaine négation des conventions, un côté impétueux qui semble transcender toute sa performance. Nous rappelant par la même occasion que le feu qui a consumé les scènes en 2019 brûle toujours en lui. Welcome back, King de Pretto.


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