Casino : direction le love pour le retour du grand Disiz
"
Auteur·ice : Flavio Sillitti
03/07/2021

Casino : direction le love pour le retour du grand Disiz

Disiz délaisse La Peste, et s’offre une nouvelle réinvention qui parle à nos petits cœurs de fragiles. S’il y en a bien un qui a survolé le game, c’est lui. Douze albums plus tard, la légende artistique de Sérigne Gueye (de son vrai nom) continue de s’écrire. Et pour amorcer l’arrivée de son nouveau chapitre, c’est à travers une composition suintante de romantisme et de conscience que le lyriciste s’expose sans filtre. Casino est une chanson d’amour sur fond de réalisme et d’authenticité. Et si le rappeur nous revient là où on ne l’attendait pas, il vise tout droit dans ce qu’il nous fallait. 

C’est une sensibilité toute nouvelle que s’autorise Disiz, trois ans après avoir sublimé l’esthétique nippone du manga sur l’énervé Disizilla“Putain la vie c’est chelou, wesh” répète-t-il, dans un mélange parlant de vertige et de désillusion. Un nouveau single qui doit son nom à l’image pleine d’artifices de ces lieux de jeux, au cœur desquels on ne distingue plus grand-chose entre les jours et les nuits. Une allégorie subtile et un parallèle intelligent avec ces romances à bout de souffle, dans lesquelles le beau et le moins beau se conjuguent. Après avoir raconté avec un pragmatisme ingénieux la réalité des cités qui l’ont vu grandir sur son album Le Poisson Rouge vingt ans plus tôt, il s’attaque ici à l’énergie plus abstraite du sentiment idyllique.

 

Sur une production aux accents électroniques, portée par des synthés façon eighties et signée du Parisien LUCASV, le texte de Disiz se pose sereinement, aisément, usant de mots simples pour donner vie à ces complexités sentimentales infinies. En guise d’outro, les beats se voient modulés à la sauce atmosphérique pour délivrer un final confortant qui apaise les torrents émotifs délivrés. Disiz a ouvert les vannes et le love coule à flots. Et ce n’est pas pour nous déplaire.

Niveau clip, c’est Yagooz – proche collaborateur de Lous & The Yakuza ou encore Deen Burbigo – qui s’y colle. Dans des tableaux au grain poétique et aux couleurs vibrantes, on croise un tandem qui crève l’écran. Aux côtés de Disiz, c’est Ophélie Bau qui étincelle dans le décor unique des calanques marseillaises. L’actrice, remarquée pour son magnétisme dans le somptueux Mektoub, My Love : canto uno, prête ici main forte à l’artiste pour transposer en images les fluctuations tantôt légères tantôt torturantes de l’amour. Des séquences qui sentent autant le soleil et la passion que la tempête et le déchirement, avant de mener à cet ultime tableau de Disiz, les yeux humides et le regard perçant : entier, brisé, vulnérable, mais toujours puissant. La suite s’annonce belle.


@ET-DC@eyJkeW5hbWljIjp0cnVlLCJjb250ZW50IjoiY3VzdG9tX21ldGFfY2hvaXNpcl9sYV9jb3VsZXVyX2RlX3NvdWxpZ25lbWVudCIsInNldHRpbmdzIjp7ImJlZm9yZSI6IiIsImFmdGVyIjoiIiwiZW5hYmxlX2h0bWwiOiJvZmYifX0=@