Ce qu’on aime aux événements des Volumineuses et pourquoi on n’en rate pas un seul
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Auteur·ice : Caroline Bertolini
30/05/2023

Ce qu’on aime aux événements des Volumineuses et pourquoi on n’en rate pas un seul

| Photos : Caroline Bertolini

Tant de nouveaux collectifs se forment tous les jours dans le secteur musical qu’il est parfois difficile de suivre, d’aller à tous les événements, de soutenir tout le monde. C’est pourquoi il est important pour nous, aujourd’hui, de mettre en avant un projet qui nous tient particulièrement à cœur sur la scène belge, a.k.a Les Volumineuses. Cet événement souffle sa première bougie et a réussi, en peu de temps, à conquérir le public bruxellois, l’invitant à soutenir les femmes et minorités de genre dans la musique, mais pas que. Un an, 4 volumes à son actif, des disciplines diverses, des publics éclectiques et beaucoup de paillettes et de bonne humeur, c’est le pitch.

Les Volumineuses mais pourquoi ? Le collectif est parti du constat qu’il y avait une sous représentation des femmes et minorités de genre dans le secteur musical – on ne vous apprend rien (on l’espère). D’où l’envie de mettre en avant ces personnes sur scène mais aussi dans les coulisses ; programmation, technique, sécu, photographes/vidéastes. Si on reprend leurs mots :

“Avec une posture féministe inclusive et intersectionnelle (qui prend en compte l’interaction de plusieurs discriminations), nous voulons donner de l’espace et de la visibilité aux personnes faisant l’objet de multiples discriminations de par leur genre, origine ethnique, situation physique, religion ou spiritualité, orientation sexuelle, classe sociale, etc. Nous souhaitons ancrer nos événements dans différentes communes de la capitale afin de toucher des publics variés, représentatifs de cette richesse culturelle et sociale qu’il nous tient à cœur de mettre en lumière. Notre priorité est de créer un environnement festif sécurisé et bienveillant pour tous·tes.”

Une team de bénévoles investies

Manon, Lucie et Savannah (de gauche à droite) | Photo : Caroline Bertolini

Plus qu’un événement, Les Volumineuses c’est un collectif d’une quinzaine de bénévoles divisé·es en différents pôles. Médiation, Communication, Production, Programmation et Safe Event. On met l’accent sur la partie bénévole un instant, qui nous touche particulièrement à La Vague Parallèle. Organiser des événements de cette qualité, qui plaisent aussi vite au public visé, aussi bienveillants, quand on donne de son temps libre non rémunéré pour l’organiser, c’est tout simplement d’une force incroyable et ça mérite d’être reconnu au moins dans une phrase d’un article.

Ce qui nous a directement charmé·es dans ces événements, c’est la volonté d’inclure divers publics qui ne sont peut être pas souvent pris en compte. D’abord, le public des quartiers dans lequel se trouve le Volume, mais aussi les activités pour enfants, etc. On remarque un public très intergénérationnel, ce qui n’est pas du tout le cas d’autres événements à Bruxelles où on est souvent amené·es à croiser les mêmes personnes, qui font déjà partie de notre sphère sociale, nous disait Alexia.

Vous l’aurez compris, l’accent est mis sur l’accessibilité des événements à tous types de publics. Puisque chaque événement prend place dans un nouveau lieu, c’était important d’être ouvert·e à toutes les classes sociales, mais surtout en priorité aux personnes qui habitent proche du lieu. Savannah nous parlait de la volonté de s’installer dans des quartiers, qui sont souvent des quartiers populaires, en incluant le public qui y vit au maximum. Faire des événements inclusifs c’est aussi prendre en compte qu’il y a des familles qui vivent près du lieu et donc il est important d’organiser des activités pendant la journée, pas seulement en soirée. Ça se fait via un contact avec les associations en amont. Le fait d’organiser des activités pour les enfants, ça permet aussi à des parents de venir. Un autre aspect positif de rendre l’événement accessible aux enfants c’est également la représentation. Venir aux Volumineuses ça leur permet de voir aussi sur scène des artistes sexisé·es et leur montrer des modèles qui sont plus invisibilisés.

Des concerts, et quels concerts !

| Photo : Caroline Bertolini

Photo prise lors du Volume 3 au BRASS, on vous présente Zedie.

Quoi qu’on en dise (on vous voit les programmateurs), il est plutôt facile de programmer des artistes sexisé·es. En effet, Les Volumineuses ont créé leur base de données et c’est ce qui leur a fait remarquer qu’il n’était pas si difficile de trouver ces personnes dans tous les genres musicaux, selon Alexia, du pôle programmation. Un appel à artistes est également organisé en collaboration avec Court-Circuit pour trouver de nouveaux talents, en découle un jury de programmation qui aide à les sélectionner et les repartir dans les volumes de l’année.

La plupart des artistes qui ont été programmé·es appréciaient le projet et c’était aussi une opportunité pour elleux de se sentir à l’aise dans un environnement safe pour les artistes également, ce qui est aussi une volonté du collectif et n’est pas toujours le cas. Il y a des choses à prendre en compte telles que comment accueillir au mieux des artistes qui auraient des enfants, que les artistes rentrent de façon sécurisée chez elles.

Lorsqu’on leur demande si on aura toujours besoin d’évènements dédiés aux personnes sexisées en dehors des événements mixtes et dans quelle mesure ces événements pourrait rejoindre les autres, et ainsi ne plus en avoir besoin, Manon nous dit : si un jour les événements mixtes sont relativement paritaires et que ce n’est plus un sujet, il y aura moins besoin d’événements comme le leur. Néanmoins, la dimension safe event d’avoir une évènement organisé par des personnes sexisées qui portent une attention particulière à la sécurité des personnes au sein de leur évènement et la bienveillance, ça amène une autre dimension qui ne se retrouve pas encore dans beaucoup d’événements mixtes.

More women backstage

| Photo : Caroline Bertolini

On vous présente Alexandria Wood qui était ingénieure son sur ce Volume qui a accepté d’échanger quelques mots sur le pourquoi participer à ce genre d’initiative. Alexandria nous vient des États-Unis, elle est tombée amoureuse du son pendant ses études et a commencé à travailler dans un studio d’enregistrement. Elle s’est maintenant dirigée vers le live, notamment aux events des Volumineuses et a notamment collaboré avec le Pukkelpop dernièrement.

Si elle a rejoint le projet, c’est aussi parce que la communication pour elle est plus facile, c’est plus confortable de travailler dans une association comme celle-ci au vu de sa bienveillance, sa gentillesse, qu’elle ne trouve pas commune dans l’industrie. Elle a également remarqué qu’il n’y avait pas d’initiative de groupe Facebook de techniciennes du son à Bruxelles, alors qu’elle en connaissait d’autres pays, c’est pourquoi elle en a créé un elle-même. Lors de notre interview, Alexandria nous expliquait avec beaucoup de classe qu’elle préférait d’abord proposer du travail sur ce groupe aux femmes : “J’aime beaucoup les hommes (rires), mais je préfère proposer d’abord aux femmes parce que nous sommes moins”, ce qui rejoint également le point de vue des Volumineuses.

Selon Manon, ce qui apparaît plus difficile dans le “more women backstage”, c’est au niveau du personnel de sécurité et ingénieures lumière. Le réseautage ici ne suffit pas, il a fallu plus de recherches, plus d’appels, y compris sur les réseaux sociaux. Si les personnes sexisées se font rares dans ces secteurs, il est d’autant plus difficile de les engager sur ces événements tant elles sont demandées. L’opportunité ici serait donc à la formation de nouvelles personnes ?

Un safe(r) space

| Photo : Caroline Bertolini

Un aspect très important des événements des Volumineuses, c’est la partie safe(r) space. Lucie, du pôle Safe Event, nous expliquait que le but ici, si vous ne l’avez pas compris, c’est de faire en sorte que les personnes qui viennent à leur événement s’y sentent bien, soient bien accueillies et se sentent en sécurité tout au long de l’événement. Cela passe par une personne à la sécurité qui est concernée et consciente des problèmes actuels et qui peuvent arriver à une soirée, mais aussi des organisatrices formées aux questions de violences sexistes et sexuelles.

Un autre aspect qui n’est pas toujours abordé, c’est d’avoir une politique de prix libre pour que chacun·e puisse participer à hauteur de ses moyens, mais aussi de façon plus visible à l’heure actuelle, de proposer des protections hygiéniques gratuites dans les toilettes. À chaque événement du collectif, “un stand avec différentes ressources, que ce soit de la sensibilisation à la santé sexuelle, à la consommation de drogues, au consentement. On propose également une activité où le public peut être vraiment acteur et nous aider à rendre nos événements de plus en plus safe, accueillants et bienveillants.” C’est selon elles, encore évolutif et mérite d’être co-construit avec le public pour ne pas imposer un concept sans se nourrir de l’avis des personnes qui participent réellement à ces événements.

Les Volumineuses viennent tout juste de lancer “Broutte ma Charte”, une charte qui s’applique à toutes les personnes qui participent à leurs événements : à retrouver ici.

| Photo : Caroline Bertolini

Avec un peu de chance, dans quelques années les événements mixtes auront aussi des politiques de genre et on se sentira aussi bien là que dans un évent féministe, mais on n’y est pas encore, selon Manon.

Au stand paillettes tu te pointeras

| Photo : Caroline Bertolini

On n’oublie surtout pas la teuf. Il y a vraiment une ambiance spéciale aux événements des Volumineuses. Au delà des politiques safe event et des revendications féministes et intersectionnelles, il est important de mentionner qu’on s’y sent bien. Tout le monde est la pour s’amuser, pour danser pour se rencontrer, se mettre des paillettes au stand dédié (don’t try it you’ll love it) et découvrir plein de choses, pas spécialement en musique mais à plein de niveaux. C’est ça qui est beau à voir, cette bonne humeur générale, cette joie de pouvoir se retrouver une après-midi et une soirée dans un événement dans lequel on se sent important·e et soutenu·e. Lors du Volume 3, on retrouvait Rokia Bamba et Coline Cronélis en DJ set et nous n’avons jamais autant ri, dansé, transpiré avec des belles personnes. C’est pour ça qu’on soutient les Volumineuses, parce qu’on se bat tous les jours pour un monde plus égalitaire, plus inclusif, plus safe, mais ici on se bat en teuffant, on laisse la lourdeur ponctuelle du militantisme pour la légèreté de l’amusement qu’on retrouve ici.

On en profite pour vous glisser que Les Volumineuses ont lancé leur crowdfunding pour organiser encore plus de beaux événements comme celui-ci, on ne vous rabâchera pas encore l’importance de soutenir ces collectifs (ah si on vient de le faire), mais si vous le voulez/pouvez, n’hésitez pas à aller voir leur page.

Le prochain volume a déjà lieu ce samedi 3 juin au Vauxhall (au soleil aussi), avec une co-programmation de D.I.V.A. qui nous amène SPACEBABYMADCHA et Salome. On y retrouvera également Blue Davis, Francesca Fulmini, ainsi que le spectacle Unique en son genre et plein d’activités dont un stand de sérigraphie pour repartir avec un t-shirt qui fera suer le patriarcat.

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