Childish Gambino fait sa mue avec Awaken, My Love!
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Auteur·ice : Charles Gallet
04/12/2016

Childish Gambino fait sa mue avec Awaken, My Love!

Et si 2016 était finalement l’année de Donald Glover ? La question aurait pu sembler incongrue il y a une dizaine de mois, elle l’est certainement toujours pour ceux qui ne le connaissent pas encore. On dit encore, car il vous sera désormais difficile de passer à côté du bonhomme: en 2016, il est devenu une pierre angulaire de la culture pop. Créateur, acteur, scénariste, réalisateur (oui tout ça à la fois !) de la fabuleuse série Atlanta qui a mis tout le monde d’accord, engagé pour le rôle de Lando Calrissian dans le prochain spin-off de Star Wars, l’Américain a eu le temps de reprendre les chemins des studios et ressortir son alter-ego musical, Childish Gambino, pour nous offrir une merveille musicale : Awaken, My Love !

Trois ans après un Because The Internet déjà d’excellente facture, le voilà donc de retour avec Awaken, My Love! Si après les deux premiers extrait de l’album, les fabuleux Redbone et Me and Your Mama, on avait déjà posé un genoux sur le sol, à l’écoute de l’opus entier on s’incline totalement et on rend les armes face à cette merveille de 49 minutes.
Continuant la métamorphose qu’il laissait entrevoir sur l’EP Kauaï et en live, il laisse le rap derrière lui pour nos offrir un album fou, intense et brillant. Les 11 titres qui composent le disque sont d’une cohérence incroyable, baignant dans une ambiance 70’s assez dingue. Peuplé de choeurs gospel, d’instruments joués live, l’artiste navigue entre soul et funk, en passant parfois par le rock mais très peu par le rap. Cet album au style indéfinissable ne contient donc aucun featuring mais correspond incroyablement à son auteur.

Libre est le mot qui revient le plus en tête. C’est l’oeuvre d’un homme libre, qui a explosé les cases dans lesquelles on a voulu l’enfermer. Libre aussi de sortir un tel disque chez Glassnote, label plus connu pour ses signatures pop/rock indie. Libre aussi d’expérimenter et c’est là où il nous impressionne le plus. Dans les expérimentations vocales qui peuplent l’album, que ce soit sur une Have Some Love complètement habitée et limite religieuse,  sur la totalement décalée California, la funky Boogieman ou la très sexy Baby Boy, il explose les codes et ne prend jamais rien pour acquis, ce qu’il prouve avec The Night Me and Your Mama Met, slow instrumental au solo de guitare intense. Le disque se termine avec l’exceptionnelle Stand Tall sur laquelle Glover nous fait part de toute sa beauté vocale.
Il faut plusieurs écoutes pour mesurer pleinement la puissance de l’album et toutes ses influences, la finesse de ses arrangements et tous les détails qui en font une véritable merveille à laquelle on était tout sauf préparé. Il y a des tubes évidents dans Awaken, My Love! mais celui-ci s’écoute bien mieux d’une traite, tant il semble difficile d’extraire une chanson de ce condensé de coolitude.

Moins hype et attendu qu’un Frank Ocean, moins tapageur dans sa promotion et moins mainstream qu’un The Weeknd, Childish Gambino écrase pourtant la concurrence. Grâce à un point qu’il maitrise plus que les autres: la capacité à nous surprendre. Cette facilité aussi à nous faire voyager dans son univers, à nous emporter dans un monde auquel on ne s’attendait pas, pour un voyage à la fois temporel et moderne, rétro et pourtant totalement ancré dans son époque.
Aventureux, risqué, chaleureux et couillu, bourré expérimentations musicales et vocales mais jamais hermétique. Toujours ouvert vers le monde et vers les autres,  Donald Glover fait une mue fantastique avec un Awaken, My Love! innatendu et grandiose.  2016 est définitivement son année.

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