Korn progresse hors des ténèbres pour Requiem
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Auteur·ice : Chloé Merckx
23/02/2022

Korn progresse hors des ténèbres pour Requiem

Pour leur 14e album, Les membres de Korn ont composé un Requiem pour les jours sombres, dans l’angoisse que ceux-ci ne reviennent les hanter. Avec un album écrit pendant la pandémie, Korn tente de dresser le tableau d’un monde plus lumineux. Jonathan Davis s’éloigne du désespoir de The Nothing, sans pour autant perdre de vue que la souffrance peut venir le rattraper en courant. Requiem, c’est une lueur d’espoir assombrie par des couleurs ténébreuses.

Suite à la pandémie et à l’incapacité de performer live, le groupe affirme avoir pu se permettre de prendre le temps d’expérimenter musicalement. Sur cet album qui devait initialement être un EP, Korn a chipoté aux bandes analogiques pour amener une texture chaude et granuleuse à leur musique.

Les cinq membre de Korn, sont ce qu’on pourrait appeler des vétérans du nu metal. Quand ils sont arrivés avec Blind en 1994, personne n’était vraiment prêt pour un son pareil. Pourtant, leur musique a insidieusement aidé à définir le paysage musical actuel. Avec un son hip-hop, le côté heavy du metal et la haine du punk recrachée un peu partout, le nu metal a tracé le chemin de la musique actuelle, qui n’a plus pour vocation de rentrer dans une case prédéfinie.

Un album de nu metal?

D’un point de vue harmonique, Requiem est un album très bien construit. Korn réussi un exercice difficile, en rendant cohérents des passages de tonalités forts différentes, dans des modes harmoniquement différents. Les compositions et les enchainements sont, pour la plupart, fort inattendus. Un album très technique pour nos oreilles, qui pourrait s’apparenter à une forme de jazz dans le nu metal. Ils assemblent tout cela dans un univers très années 2000, mais à leur sauce, 7 cordes pour la guitare et 5 cordes pour la basse.

Le force de Jonathan Davis, c’est sa manière de dépeindre des atmosphères grâce à ses growls très bas et gutturaux. Dans Requiem, l’envie de rendre l’ensemble anxiogène a poussé le chanteur à parfois changer de registre pour aller vers des cris plus noirs et angoissés. Lorsque Fieldy, boss ultime de la 5 cordes, avait annoncé ne pas pouvoir participer à la prochaine tournée afin de guérir ses vieux démons, les fans s’inquiétaient de ne pas avoir l’occasion de s’exploser les vertèbres de la nuque sur les lignes de basse du nouvel album. Si il est bien présent sur quelques titres, son instrument passe vraiment au second plan sur la plupart des chansons.

Par moment, on a presque l’impression d’écouter un album de metalcore. Depuis quelques années, Korn perd son côté clownesque. Seules quelques chansons comme My Confession ou Worst Is On Its Way nous replongent dans leur son très emblématique, un peu sale et tordu. Au delà de ce que le nu metal représentait culturellement pour les ados des nineties, c’est l’absence de blues dans les mélodies qui symbolisait l’éloignement du rock plus traditionnel. Les solos de guitare interminables lassent, et on construit une chanson au dessus d’un riff, d’un rythme intense et excitant. On remplace les cris stridents à la Axl Rose par des grognements et du rap. Le son nait des cloches qu’on se fait dans la misère et de la colère de la rue.

Et cet album, il ne gratte pas autant qu’on le voudrait. Ce qu’on aime chez Korn s’est fort estompé dans cet LP et on se perd un peu dans certaines chansons. Le côté street est parti et on se retrouve face à une introspection fort sombre. Requiem est presque conceptuel. Les 7 premiers titres sont forts similaires dans l’ambiance et ont comme point commun une structure fort démantelée. Dans Penance To Sorrow ou Hopeless and Beaten, l’oreille se perd un peu dans un mélange d’idées malgré un certain paterne qui revient tout le long de l’album.

Less is more n’est clairement pas leur motto pour cet opus. Les trois derniers titres font plus référence au racines de Korn, alors que le reste de l’album est beaucoup plus représentatif du temps d’expérimentation que la pandémie leur a apporté. Le groupe a eu le temps de faire mijoter des idées, dans une envie de montrer ce qu’ils savent faire pour nous fournir leur idée d’un bon album de metal. Leur définition d’un son “plus joyeux” est mine de rien vachement sombre et on s’éloigne fort de ce que Korn apportait comme expérience musicale à leurs fans en début de carrière. Si Requiem a tout d’une messe mortuaire, ce n’est pas cet album qui enterrera la carrière des cinq Californiens.

Tags: Blind | Korn | Requiem
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