Dani Terreur en toute sincérité : “Il fallait que je montre qui je suis pour continuer à chanter”
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Auteur·ice : Joséphine Petit
10/03/2022

Dani Terreur en toute sincérité : “Il fallait que je montre qui je suis pour continuer à chanter”

Dani Terreur, c’est ce Mec cool triste à l’allure de rockeur mélancolique qui a su éveiller nos papilles auditives avec son titre Il pleut elle m’en veut, un trésor au charme résolument fou qui nous aura suivi tout l’automne. Alors que le mystère autour de sa toute prochaine mixtape commence à se dévoiler quelques mois plus tard, un soir d’hiver à Paris, on a partagé un bobun avec lui pour échanger sur la sincérité avec laquelle il écrit désormais, ou encore son amour pour la guitare.

La Vague Parallèle : Salut Dani, on se rencontre juste après la sortie de ton nouveau titre Un coup de génie. Comment tu vas aujourd’hui ?

Dani Terreur : Je vais bien. Je suis content de la sortie, il y a eu de bons retours sur le titre, même sans clip. Je ne m’y attendais pas, il a eu un très bon accueil.

LVP : C’est la première fois qu’on se rencontre en interview pour La Vague Parallèle. Tu peux nous présenter ton projet pour ceux qui ne le connaissent pas encore ?

Dani : Bien sûr, je suis chanteur-compositeur-interprète, et je fais aussi la production de mes morceaux. J’ai déjà sorti un album et un EP il y a quelques années maintenant. J’ai ensuite fait une grande pause, et là je reviens avec de nouveaux titres, beaucoup à raconter, l’envie de faire plein de choses et surtout ne pas m’arrêter.

LVP : Pourquoi ce qualificatif de “Terreur” ?

Dani : C’est une bonne question. Au tout début, je n’ai pas vraiment réfléchi. Lorsqu’il faut prendre des décisions, je fonce, et “Terreur” est venu plutôt pour le fun. Maintenant, avec le recul, je me dis que c’était parce que j’avais un peu peur de faire de la musique, de chanter mes morceaux. Je me disais : “je suis une terreur, ne m’embêtez pas”. C’était une posture pour qu’on me laisse tranquille. Au fond, c’était peut-être moi qui avait peur de me dévoiler.

LVP : Tu as annoncé ton retour l’été dernier avec Mec cool triste. On sent que c’est un morceau important dans la construction de ton image, où tu te dévoiles justement avec beaucoup de sincérité.

Dani : C’est exactement ça. C’est un autoportrait de ce que je suis réellement dans la vie. Pour moi, il fallait passer par là pour revenir. Dans mon passé de chanteur, j’étais un peu énigmatique, du moins je cherchais trop à me cacher. Je me suis rendu compte que dans mes goûts musicaux, j’aime quand les gens se dévoilent. C’est là que j’ai eu besoin de revenir avec quelque chose de sincère. J’avais aussi une énorme page blanche, et l’écriture de ce titre a tout débloqué. J’ai compris qu’il fallait que je montre qui je suis pour continuer à chanter.

 

LVP : Justement, on ressent cette honnêteté dans tous les titres de ta mixtape à venir. Ce sont des morceaux très personnels.

Dani : C’est pour cela que la mixtape s’appelle humblement dani (rires).

LVP : Tu abordes aussi beaucoup le temps qui passe, dans le morceau Eternel par exemple. C’est un sujet qui t’inspire ?

Dani : Totalement. Le temps, c’est quelque chose d’extrêmement bizarre. Cela peut passer très vite et à la fois très lentement. On s’en est rendu compte pendant le confinement par exemple, qui s’est déroulé très lentement à mes yeux. Et à la fois je vois la vie qui défile à mille à l’heure. Ça me fascine. Eternel, c’est un aveu pour dire que je vise l’immortalité dans mes chansons. Pas forcément de manière prétentieuse, en rêvant qu’on écoute encore mes morceaux dans deux cents ans, mais plutôt en me disant que si je crève dans deux heures, ma chanson sera encore là. C’est ce qui m’intéresse. Faire de la musique, c’est ma réponse au temps qui passe.

LVP : Tu as lancé des capsules de duos sur tes réseaux, les Sessions cool triste. On a déjà pu y voir Nikola, ou encore Brö. Travailler en duo, c’est quelque chose qui t’intéresse ?

Dani : J’adore ça. Avant, j’étais très isolé dans mon projet. Pendant ma pause musicale, j’ai fait beaucoup de musique pour d’autres personnes en tant que compositeur ou producteur. Je me suis rendu compte que j’adorais le contact des gens dans la musique, et l’idée de faire ces sessions m’est venue. J’avais un peu d’appréhension pour être honnête, et la première session avec Nikola a été incroyable. C’est écrit et composé à deux à chaque fois. On ne se met aucune barrière, on ne se pose pas de questions. On prend le temps de se rencontrer et de parler avant, puis on se lance. La création n’a jamais pris plus de deux heures, ça va très vite !

Dani Terreur

© Alice Sevilla

LVP : Tu en parlais à l’instant, tu endosses aussi souvent la casquette de producteur pour d’autres artistes. Pour toi, c’est une facette complémentaire à celle d’artiste ?

Dani : Oui, c’est nécessaire. J’aime être occupé, et pour le moment ma carrière de chanteur ne prend pas encore tout mon temps. J’ai besoin de faire de la musique tout le temps. Je gagne en compétences en faisant cela, et ça m’apporte aussi beaucoup d’inspiration. Étant donné que je suis seul dans mon projet, cela m’empêche de tourner en rond. Les rencontres m’ouvrent des portes inattendues.

LVP : C’est ce qui te permet ensuite de continuer à produire toi-même tes morceaux ?

Dani : Exactement. Mais j’ai fait quelques entorses à la règle sur cette mixtape. Par exemple, pour Mec cool triste, j’ai travaillé avec Crayon qui m’a aidé sur la batterie et m’a permis de terminer le morceau là où j’aurais eu du mal à le faire tout seul. J’en avais besoin. Quand j’ai commencé la mixtape, j’étais perdu. Je ne savais plus terminer mes morceaux parce que j’avais vu ce que pouvait apporter un producteur en plus. J’ai voulu tenter de travailler avec d’autres, et ils m’ont redonné confiance. Maintenant, je sais que dans le futur je vais travailler à nouveau avec des producteurs, car ils m’ont permis de m’aérer l’esprit et prendre du recul.

LVP : Ta mixtape va être dévoilée très prochainement, un morceau après l’autre. Pourquoi avoir choisi ce format ?

Dani : Je l’ai choisi pour dédramatiser la sortie, car j’avais peur de ressortir un album. Pour moi, un EP est une porte d’entrée, et même si une majorité de gens ne me connaît pas, je ne voulais pas faire comme si je recommençais ma carrière au début. La mixtape offre une histoire moins imposante qu’un album. Il y a moins de pression sur le format, la distribution physique, ou encore la promotion.

LVP : Elle te permet aussi de jouer avec le temps, en sortant un morceau à la fois.

Dani : C’est ça. On va la sortir de manière décousue, et chaque morceau aura son histoire à raconter. Ils ne seront pas tous noyés dans la masse d’un album.

LVP : Dans le morceau Il pleut elle m’en veut, sorti en novembre dernier, tu reprends des vers d’Amour chienne, un morceau de ton premier EP. C’est un clin d’oeil que tu t’es fait à toi-même ?

Dani : Exact. J’ai choisi d’y faire un clin d’oeil parce que quand j’ai écrit ce morceau, ça m’a rappelé le passé et des choses que j’avais déjà vécues. J’ai tout de suite pensé à Amour chienne, et j’ai voulu m’auto-citer dans le troisième couplet, pour dire que je ne change pas. Je suis toujours un loser en amour perdu dans une boucle sans fin (rires).

 

LVP : On avait d’ailleurs eu un coup de coeur pour le clip de ce morceau, à l’image et la lumière très cinématographiques. Comment s’est passé le tournage ?

Dani : C’est le meilleur tournage que j’ai vécu. C’est Lucie Bourdeu, ma cousine, qui l’a réalisé. Elle avait déjà fait mes tout premiers clips, ceux d’Amour chienne et À bout de souffle, où elle me filmait avec une caméra Super 8 à l’époque. Quatre ans plus tard, c’était une plus grosse production, et cela s’est très bien passé. L’idée est venue rapidement, tout s’est mis en place en une seconde, et le tournage était épique. C’était de la vraie fausse pluie. On m’a envoyé de l’eau dessus avec un jet d’eau perché sur une grue pendant quatre heures en pleine nuit, j’étais frigorifié.

LVP : C’était pas trop dur de passer ta guitare sous l’eau ? (rires)

Dani : La guitare est foutue, je l’ai offerte dans un concours. Je l’ai achetée parce que je la trouvais très belle, pour le clip de Mec cool triste, mais elle était pas ouf, donc on a pu la passer sous l’eau sans regrets.

LVP : En parlant de guitare, quand on te voit sur scène, on sent une réelle alchimie avec cet instrument. De même, elle paraît plus présente qu’avant sur tes nouveau titres. C’est avec la guitare que tu as commencé la musique ?

Dani : Oui. La guitare est l’instrument que j’aimais quand j’étais petit, et que je n’ai jamais lâché. Elle a été ma porte d’entrée dans la musique. J’ai commencé en faisant de la guitare sur scène. Je la cachais un peu dans mes anciens morceaux, et aujourd’hui je n’y réfléchis même plus. J’en mets dans mes morceaux parce que j’aime cela. Sur scène, je sais que je dois faire attention parce que je peux vite me cacher derrière elle, car je me sens à l’aise avec. On est complémentaires.

LVP : D’ailleurs, tu as annoncé un concert à La Boule Noire le 27 juin prochain. Quel est ton rapport au live et au public ?

Dani : J’adore ça, mais je l’ai un peu oublié. Dans la vie d’avant, j’adorais faire des concerts. Je pense qu’aujourd’hui, je vais encore plus aimer cela, car les morceaux que je vais interpréter sont plus personnels. J’imagine que ça va être encore mieux qu’avant. Il me tarde !

LVP : Si l’on en revient à tes influences, il me semble que dans certains de tes morceaux, comme Les mélodies du malheur par exemple, on entend des couleurs parfois orientales dans l’instrumentation. Ça fait partie de tes influences musicales ?

Dani : Je le sais, j’en ai conscience, mais je n’arrive pas à savoir d’où ça vient. J’adore la musique orientale, je trouve les harmonies magnifiques. Il y a quelque chose de très dramatique et tendu dans les demi-tons qui se touchent un peu. C’est une influence inconsciente, mais que j’aime énormément.

LVP : Pour finir, tu peux nous confier un artiste qui tournait en boucle dans tes oreilles pendant l’écriture de la mixtape ?

Dani : Ah oui, il y en a ! On va dire un mélange entre Steve Lacey, Paolo Conte et Adriano Celentano. Ça fait beaucoup de d’influences italiennes finalement (rires) !

Dani Terreur

© Alice Sevilla

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