Dope Lemon ôte le masque et prêche la vie simple sur Kimosabé
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Auteur·ice : Hugo Payen
29/09/2023

Dope Lemon ôte le masque et prêche la vie simple sur Kimosabé

L’été vous manque déjà pas vrai ? Bon, même si on n’a pas le secret pour vous renvoyer vous dorer la pilule sous le soleil, on a malgré tout trouvé un moyen de remonter le temps. Nostalgique et rêveur, Dope Lemon nous dévoile un quatrième album resplendissant, synonyme de véritable capsule temporelle ensoleillée pour notre crooner préféré. 

Alors que Rose Pink Cadillac s’apprête à fêter ses deux ans, c’est empli de nouvelles histoires que Dope Lemon nous emmène dans ce nouveau voyage qu’est Kimosabé. Si sa mythique Cadillac Fleetwood rose de 1960 semble avoir fait son temps, Angus Stone n’a pas dit son dernier mot. Bien au contraire. Amateur d’univers planants, c’est à bord de son petit Cessna vintage aux sièges de velours rouges bien vieillis et à l’odeur de cigares encore chauds que celui-ci décide de nous embarquer pour sa nouvelle destination : Kimosabé.

Entre sa plume infatigable et son besoin permanent de faire remuer les corps sur ces sonorités enflammées et cet univers musical langoureusement lay-back qu’on aime tant, c’est entre les murs du Sugarcane Mountain qu’Angus Stone et ses compères décident de donner vie à ce nouvel album. Perdu dans cette nième immensité rurale préservée du pays, ce manoir luxueux à tout à offrir au groupe australien. Un endroit mystérieux qui attire, passionne et supplie Angus Stone d’aller en découvrir les moindres secrets pour qui sait, pourquoi pas en redécouvrir certains des siens.

 

Please, don’t go fuck with my vibe

Longtemps caché derrière ces pochettes d’albums où règne en maître ce gros citron souriant et apaisé qui nous collerait presque à la peau, ainsi que ces nombreux personnages fictifs dont on vous parlait lors de la sortie de son précédent album, Angus Stone nous révèle (enfin) son vrai visage à travers Kimosabé.

« Dans le passé, les pochettes étaient vraiment anonymes, d’une certaine manière, parce que j’essayais d’explorer ces styles, et avoir ce bouclier devant moi était magnifique. Je pouvais en quelque sorte me faufiler dans l’ombre sans que personne ne puisse juger la personne qui se cachait derrière.

Le masque tombé, c’est dans son passé qu’Angus Stone se replonge. Dans son enfance surtout, son adolescence. Épicurien dans l’âme et libre comme l’air depuis des années, l’auteur-compositeur australien en a des histoires de jeunesses à raconter. Mais plus qu’une simple mémoire de sa vie, c’est aussi un regard vers l’avenir que Stone pose à travers les dix morceaux qui ornent ce nouvel album. Il s’interroge ainsi sur les contours de sa vie, ce qui a fait de lui la personne qu’il est – qu’il sera.

Inspiré de l’indie rock des années 90 et de la scène surf rock classique, c’est sur son morceau éponyme aux riffs de guitare entêtants et rythmes funky que Kimosabé débute. « Oh no way Kimosabè you’re gon fuck with my vibe » résonne alors dans nos oreilles. Le déhanchement est inévitable et l’émerveillement lui, est total. Notre écoute est bel et bien lancée.

« Au cours de votre vie, vous rencontrerez des gens qui ne vous veulent pas que du positif. Vous pouvez soit les laisser vous emmerder, soit continuer à faire ce que vous faites. La deuxième option vous donnera plus d’énergie, de vie et plus d’amour. 

Un hymne au lâcher prise qui se transforme rapidement en leitmotiv imprégnant l’album de part et d’autres. Comme sur l’exaltant Derby Raceway à la silhouette rock’n’roll où Stone nous loue les vertus d’une vie simple et sans complication ; voire sur le lumineux Miami Baby où nos soucis semblent se dissiper à hauteur que nos pieds tâtent le sable fin. De véritables hymnes de route luxuriants qui nous emmènent vers ce voyage psychique vers les plaisirs élémentaires de la vie. La vie simple, en bref.

When life gives you lemons…

Un groove lumineux qui laisse pourtant entrevoir une bonne dose de nostalgie, une certaine mélancolie heureuse. Qu’il s’agisse de regarder la lune éclairée dans l’immensité du ciel bras dessus-dessous sur Blue Moon Fox, de se remémorer le réconfort et l’amour d’une personne sur Just You and Me ou sa dose de folie sur Broke Down Casino, Stone fait remonter quelques-unes de ses histoires de jeunesses à la surface et rend hommage au passé.

Un passé qui l’aide à appréhender l’avenir, à réaliser ce qui a de l’importance et ce qui n’en a pas plus que ça. Un passé qui l’aide à célébrer la vie, à prêcher l’évangile d’une vie sans contrainte imposée inutilement – bien souvent par nous-même d’ailleurs. « I want to drink Moonshine / I want to dance in the moonlight / I want to do the things that make me feel alright » proclame-t-il sur Slinging Dimes, huitième morceau ensorcelant venu se rajouter à notre liste (non-exhaustive) de nos morceaux préférés de l’artiste.

Angus Stone semble savoir la direction dans laquelle il veut aller, du moins c’est ce qu’il nous dit. Après avoir fait la paix avec son passé, ses envies d’adolescent rêveur deviennent peu à peu réalité. Durant sa vingtaine, celui qui accorde aujourd’hui sa guitare pour le monde entier rêve de parcourir le globe. Et c’est ce qui s’est passé. D’abord avec sa sœur, puis sous son masque citronné maintenant ôté. Il n’a plus peur de décevoir et fait la musique qu’il aime tant faire.

« Beaucoup de ces chansons me ramènent à cette époque, avant que je ne commence à voyager, où je pouvais me retrouver avec quelqu’un assis sur la plage, à parler de quitter cet endroit. Sur Golden God, c’est tout le contraire » explique-t-il à propos du troisième morceau de l’album. « Je me projette dans l’avenir et je me vois mourir dans une vieille cabane au bord de la mer. »

Comme libéré de son passé, Angus Stone relativise et compte bien profiter des nouvelles aventures que la vie lui réserve. À l’horizon ? Encore un peu de liberté. Ça, on ne pourra jamais lui enlever. Pourquoi donc se prendre la tête avec ces futilités à répétition nous exhorte-t-il sur ce langoureux Golden God. « One day you’ll understand, it’s best to let the horses run free » nous répète-t-il comme pour figer cet état d’esprit dans le passé, autant que dans le futur d’ailleurs.

Si, en apparence, Kimosabé représente ce genre d’album prévu pour ces journées chaudes qui s’étirent en soirées étoilées, il est bien plus que ça. Même si on n’a pas trop le choix avec l’hiver qui s’en vient, on est persuadé que Kimosabé amène avec lui toute la lumière dont on va avoir besoin.

Kimosabé est potentiellement l’album le plus personnel qu’Angus Stone ait écrit depuis la création du groupe. Il est joyeux, chaleureux et mélancolique. Il nous force à lâcher prise et à profiter un peu de ce qui nous entoure, pour une fois. Comme à son habitude, Dope Lemon nous régale de sonorités gorgées de vitamines C. Avec ses compères, Stone nous avoue vouloir célébrer la vie qu’ils ont vécu et qu’ils s’apprêtent à vivre, et nous invite à faire de même.

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