Dub-moi ça : le nouvel album de Front de Cadeaux est une invitation à la fronde et au voyage
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Auteur·ice : Matéo Vigné
21/09/2022

Dub-moi ça : le nouvel album de Front de Cadeaux est une invitation à la fronde et au voyage

Alors que tout semble un peu morose autour de soi, que la pluie, le vent, la misère, les guerres, les monarques six pieds sous terre et l’inflation sont maîtres, Front de Cadeaux dépose gracieusement un nouvel album, We Slowly Riot, pour enfoncer encore plus le clou, en musique cette fois-ci, et c’est plutôt très bien.

Loin de moi l’idée de m’enfoncer dans le fatalisme, ni la déprime, ce qui nous entoure me suffit pour constater de mes propres yeux que les choses vont mal. Et quand ça va mal, j’aime bien que quelqu’un illustre ça en peinture, en poésie, en photo ou en musique. Déçu depuis quelques années par les nouveaux artistes contemporains visuels, je me suis tourné vers une dimension plus abstraite, vers les arts sonores, ceux que l’on peut partager sans jamais être sûr de ce qu’ils vont répandre. Sans jamais réellement savoir si le message sera compris de la même façon chez l’interlocuteur A, B ou C. Et c’est pour ça qu’on l’aime, la musique.

Front de Cadeaux, ce duo généreux composé par Hugo Sanchez (Rome) et DJ Athome (Bruxelles), sort We Slowly Riot sur l’excellent label Antinote de l’artiste Zaltan. Que de noms qui font saliver avant même l’écoute enclenchée.

Dans cet album, on retrouve de vieilles écoutes qu’on pensait égarées, de nouveaux sons remodelés aux goûts des temps actuels, des curiosités encore jamais présentées et surtout un univers propre au duo. Tout se passe au ralenti sans forcément s’ennuyer, s’affaler ni s’essouffler. Le secret même de leur recette : se réapproprier les codes dub en proposant une rythmique et une énergie très électronique. Qui a dit que l’expérimental c’était chiant ? Sûrement pas nous.

 

We Slowly Riot s’ouvre avec une track que l’on a déjà croisée ici et là, qui porte bien son nom, La Kétamine. Une douce ballade déroutante, envoûtante, comme une incantation tribale où les percussions viennent décider de la marche à suivre sans laisser aucun choix à l’auditeur. Un instant de perdition très agréable. Slam is Slam nous offre un mélange oriental curieux et amusant grâce à des darboukas frénétiques et des riffs imprégnés d’effets style une nuit en Arabie. Dans un autre registre, Ouvre ta bouche est bien plus incisif, comme un appel à la révolte, très gras, très métallique, un morceau qui donne envie de comprendre les tenants et les aboutissants, les principes, les différentes causes que le duo veulent mettre en lumière dans cet album très revendicatif. Casa Gaza quant à lui, plus vieux, plus mystique, nous rappelle l’appel d’une flûte hébraïque, comme un downtempo à la croisée entre la tradition et le modernisme.

Depuis une décennie, le duo décloisonne les genres contemporains avec un panache implacable. À vous de vous faire une idée, en tout cas, c’est tout bon de notre côté.


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