Dummy défie les genres dans son nouvel EP
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Auteur·ice : Marion Fouré
19/11/2020

Dummy défie les genres dans son nouvel EP

On est tous d’accord pour dire que 2020 est et restera une année désastreuse, à bien des égards. Cependant, pour nous autres mélomanes, ce laps de temps incertain aura tout de même eu le mérite de faire émerger des productions musicales inattendues, plus brillantes les unes que les autres. Parmi elles se trouve Dummy, un projet « drone-pop » précurseur, dont le nouvel EP expérimental, sobrement intitulé EP2, vient de sortir chez Born Yesterday Records.

Les cinq Californien·nes de Dummy ont fait du brassage des influences du rock progressif et de l’électro retro-futuriste leur terrain de jeu. S’il est difficile de les mettre dans une boîte hermétique, on reconnaîtra aisément dans leur musique une filiation avec les Velvet Underground et Cluster, par leur sens aigu de l’expérimentation sonore. Après avoir sorti un premier EP à la croisée de la noise pop et de la folk psychédélique, Dummy poursuit son expérience, quelques mois plus tard, avec un nouvel opus défiant une nouvelle fois les genres. Beaucoup plus expérimental et lo-fi, EP2 révèle librement ce que le groupe avait commencé à instiller depuis le départ, à savoir un collage imprévisible et malin, de sonorités krautrock et drone ambient.

EP2 s’ouvre sur Thursday Morning, un titre envoûtant et léger, aux accords de guitare répétitifs et aux mélodies vocales éthérées, dans lequel l’être humain est défini comme un esclave du temps. Ce premier titre n’est autre qu’un hommage au Sunday Morning des Velvet, qui nous submerge indéniablement par son halo mélancolique.

Unique morceau noise pop de l’EP, le dynamique Pool Dizzy nous extirpe de nos songes par sa rythmique lancinante, ses synthés vintage et ses harmonies vocales entrelacées, dignes de Stereolab. Ici, l’énergie est mise au service d’un vrai message de protestation à l’encontre des forces de l’ordre.

https://www.youtube.com/watch?v=FGMSod883NU

 

Dummy pousse ensuite l’expérimentation toujours plus loin, avec une plage instrumentale de trois interludes aussi hypnotiques que surprenants. On entre successivement dans la spirale cosmique de Nuages, avec ses boucles transcendantales et ses effets psychédéliques, puis dans l’univers electronica de Mediocre Garden, dont le paysage sonore étincelant se dissipe peu à peu dans des échos embrumés. Arrive ensuite Second Contact, qui vient diffuser subtilement des sonorités électroniques empruntées à l’ambient japonais.

Prime Mover Unmoved ferme magnifiquement la parenthèse EP2, avec sa pop planante teintée New Age, sublimée par une voix fantomatique, répétant inlassablement « Every time I think I’m fine / Troubles come to mind ».

Véritable kaléidoscope sonore, EP2 est une fenêtre ouverte sur le monde de Dummy, qui n’a pas fini d’en montrer toutes les facettes.


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