Entre émotion et destruction, le Kaiju Disiz trône sur le Zénith
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Auteur·ice : Charles Gallet
18/05/2019

Entre émotion et destruction, le Kaiju Disiz trône sur le Zénith

Il y a environ 1 mois, on était à Lille pour la date de Disiz à l’Aéronef. Lille, ça a depuis toujours été le lieu de nos rendez-vous avec Disiz La Peste, notre terrain de jeu commun pour des dates toujours impressionnantes et émotionnellement chargées. Mais ce samedi 20 avril c’est vers le Zénith de Paris qu’on s’est avancé pour une date exceptionnelle guidée par deux intentions : la destruction et l’émotion.

Lorsque l’on pénètre dans le Zénith de Paris, une réflexion nous frappe étrangement. Même si il ne l’a pas calculé, même si c’est  le moment et la vie qui l’ont mené à ça, Disizilla se devait d’être la suite de Pacifique. On est amateurs de films de monstres, on connait les logiques et voilà ce qui nous est venu à l’esprit : dans les films de kaijus, les monstres débarquent dans la majorité des cas de l’océan, irradié par un événement sensé apporter la paix mais qui emmène avec lui la destruction. Vous voyez où on veut en venir ? Du pacifique, l’eau, la mer, le carré bleu est né Disizilla, irradié par une colère insondable, un besoin de tout casser né de la constatation que la paix était impossible et qu’aller bien ne pourrait se considérer qu’une fois tout rasé.
Le fait de parler de cette idée qui nous vient en tête n’est pas anodin. Ce soir-là, on fêtait non seulement la fin de la tournée Disizilla mais aussi le disque d’or de Pacifique. Une date spéciale qui nous a offert ce soir là un spectacle, préparé comme un film, avec une trame, peut-être même un scénario, et guidé par une colonne vertébrale assez claire : de la destruction et de l’émotion.

De la destruction …

Disiz la peste est un être ambitieux. Ça a toujours été le cas et le futur nous prouvera que cette idée restera ancrée en lui. On s’est donc retrouvé face à un véritable show, imposant, puissant et lourd. A ce titre, dans ce paragraphe, comme dans le suivant, il est important de noter une notion importante : le travail des lumières et du son. Beaucoup viennent à un concert pour voir un musicien, mais il faut toujours noté que parfois la musique ne suffit pas. Ici la musique, ses émotions, ses intentions, se sont retrouvées propulsées dans une autre dimension par des lumières monumentales. Elles ont renforcé tous le set, elles ont été le bras droit armé de la musique de Disiz La Peste. Surtout dans cette partie du set qui nous intéresse : la destruction. Disizilla est l’album d’un homme en colère, qui laisse cette colère exploser dans sa musique, transformant ses envies destructrices en pulsations créatrices. Sur scène, c’est la communion avec son public dans ces instants qui renforcent ces titres. Il y a bien sûr Kaiju et Disizilla qui respectivement ouvre et clôture le show dans un chaos monumental qui nous happe dès l’entrée et nous laisse K.O dans ses dernières notes. Disiz monstre scénique arpente la scène, harangue la foule et décide de tout détruire pour mieux repartir. Hendek, jouée deux fois, fracasse la foule. La foule répond, se déchaine, reprend en chœur et se défoule sur des titres fous et forts comme Kamikaze, Grande Colère ou Fuck L’époque.
La destruction est métaphorique, elle est surtout là pour évacuer cette violence et ces sentiments qui nous habitent par moment. Le public l’a bien compris et répond avec force à ce besoin commun, dans la fosse et sur scène, de se débarrasser de ces oripeaux d’agressivité qui nous font du mal par moments.

 

… Et de l’émotion.

Mais que resterait-il de nous si ces seuls sentiments nous guidaient ? Sans doute pas grand chose. Alors au milieu du chaos, au milieu de ces territoires guerriers et de défoulement, l’émotion, la beauté et la douceur se doit de surgir, comme des éruptions qui pour le coup ne sont plus vraiment contrôlées, tant par moment on sent la douleur et les sentiments trop puissants bloquer Disiz. Fêter Pacifique, signifiait aussi ressortir des titres aux charges émotionnelles intenses, sans doute trop par moment. On se retrouve ainsi avec la chaire de poule, les larmes aux yeux et finalement sur les joues, dévastés par des titres forts tels que L.U.T.T.E ou Splash, des morceaux d’entre deux où la terre brûle encore. Et il y a cette collection de titres fous, qui nous ravagent dans leur fausse douceur, dans cette manière de ramener à nous des sensations universelles. Que ce soit Terre Promise, Autre Espèce ou Qu’ils ont de la chance, ces titres interprétés live par Disiz nous ramènent à nos propres souvenirs, liés de manière étranges et unique au sien, comme un lien télépathique qui reliera chaque personne présente ce soir la dans un symbiose émotionnelle aussi étrange que nécessaire. Et que dire de Ulysse, jouée avec sa fille ? Pas grand chose en fait, tant la boule dans notre gorge nous empêche d’en parler.

Finalement, ce concert représente à lui seul tout l’univers de Disiz : novateur, fort, violent même dans sa douceur, intense et qui unit les âmes. Alors oui il n’aura pas rempli son Zénith, mais qu’importe, les absents ont toujours tort. Pour nous, et ce soir-là il nous l’a encore prouvé, Disiz est un artiste comme il en existe peu. Il nous a rempli le cœur en 1h45, nous a donné la force de retourner à notre quotidien, ce souvenir en tête et sa musique dans nos oreilles. On en est certains, un jour le monde de la musique reconnaitra ce que lui apporte Disiz La Peste. On en fait le pari.

 

photos : Camille Bialek

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