Festival Le Grand Saut : rencontre avec son trio originel
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Auteur·ice : Adriano Tiniscopa
09/03/2020

Festival Le Grand Saut : rencontre avec son trio originel

Direction le Pays de la Loire, pour la toute première édition du festival Le Grand Saut qui a vu le jour à Angers. Deux soirées, les 11 et 12 avril prochains, qui s’annoncent prometteuses. On a rencontré Sarah, tourneuse, qui a aussi créé son agence de booking, Twin Vertigo. Mais aussi Victor, chargé de communication pour le festival Les Z’Eclectiques. Et enfin, Océane, bookeuse pour l’agence VIA production, aussi connue sous son nom d’artiste, Jumaï. Rencontre avec ces trois Angevin-e-s qui ont décidé à leur manière de vous faire mettre un pied dans l’inconnu : un festival angevin pop, alternatif et patrimonial. Le festival Le Grand Saut porte bien son nom !


La Vague Parallèle : Bonjour, Sarah, Océane et Victor ! Pour cette interview croisée, vous pouvez répondre chacun-e votre tour, compléter une réponse ou bien tout simplement ne rien répondre. Pour commencer, comment en êtes-vous venus à monter ce projet ?

Sarah : En fait, on travaille tous les trois dans le secteur de la musique. On a été amené à pas mal se croiser, c’est comme ça qu’on s’est connu ! Un jour Océane et moi étions dans un bar, et puis Victor est venu nous parler. Il nous a dit qu’il était en train de réfléchir à la création d’un festival à Angers. On en a parlé ensuite chacun-e indépendamment. On s’est revu tous les trois plus tard, motivés par l’idée, puis on a construit la suite du concept ensemble !

 

LVP : Vous aviez déjà organisé des festivals auparavant ?

Victor : Non, c’est la première fois qu’on organise un événement ensemble, tous les trois. Et c’est la première édition de ce festival.

 

LVP : Un festival ça demande du travail, à commencer par l’organisation. Mais les 11 et 12 avril, comment ça va se dérouler sur place, vous allez tout faire seuls ?
Victor : Non non ! On a des bénévoles avec nous, les copains surtout.
Océane : Et une équipe technique aussi.
Victor : Et il y aura du monde à la vidéo. On avait pour projet de faire un live pour chaque soirée, avec un contenu vidéo un peu quali. Comme ça on donne aussi la possibilité aux groupes d’avoir un souvenir en images.

 

LVP : Ça fait combien de temps que vous êtes sur ce projet ?

Sarah : Depuis juin dernier à peu près.
Victor : Moi, depuis que je suis rentré dans l’abbaye du Ronceray !

 

LVP : À ce propos justement, un petit mot sur les deux lieux où se déroulera le festival ? À savoir l’abbaye du Ronceray, le samedi 11 avril et l’ancien Centre national de danse contemporaine Bodinier, le dimanche 12 avril ?

Océane : L’abbaye du Ronceray est une énorme abbaye, désacralisée. Elle date du XIIème siècle, tout est brut, c’est magnifique ! Elle est inscrite au patrimoine des monuments historiques. Et puis on est tombé sous le charme des vitraux. Avec ce festival on voulait aussi permettre aux gens de découvrir ces lieux.

Victor : À l’intérieur, la scène sera sous une grande croix ! Avec ce lieu mis en musique, il y a du potentiel pour que ce soit assez magique. Et en plus, c’est dans le centre d’Angers.

Océane : Le second site, les studios Bodinier, c’est aussi une ancienne école de garçons. Aujourd’hui, il ne se passe quasiment plus rien dedans, si ce n’est quelques fois l’accueil de tournages, pour la régie. J’ai eu l’occasion d’y aller une fois, ça ressemble à une grande salle de danse, très lumineuse, et avantage : c’est aussi dans le centre d’Angers !

Sarah : Quant au public, l’abbaye peut accueillir jusqu’à 150 personnes et aux studios Bodinier, jusqu’à 100.

 

LVP : Pour le booking des artistes, comment ça s’est passé ?

Océane : Au départ on a fait une playlist sur Spotify. On l’a alimentée tous les trois et on a fait des retours sur ce qu’on aimait. À force de s’envoyer des sons, à un moment donné on est tombé d’accord sur One Sentence. Supervisor. On a aussi démarché des tourneurs pour qu’ils nous proposent ce qu’ils avaient.

Victor : En parallèle, on avait des lieux à trouver. On a rencontré des partenaires avec la mairie d’Angers, qui nous a ouvert certaines portes. On a trouvé assez rapidement les deux sites du festival.

 

LVP : Ça a été quoi le plus laborieux, le plus dur pour vous, dans la mise en place de ce festival ?

Océane : Il n’y a pas eu de moment laborieux, en tout cas pas pour l’instant. Je pense que le plus difficile pour nous a été de concilier nos emplois respectifs et le festival. Mais pour l’instant on s’en sort bien !

Victor : Finalement, la mairie nous a mis à disposition assez facilement les deux lieux. Il y a eu un débat en interne, à propos de la valorisation du patrimoine local. Certains avaient envie de préserver ce patrimoine sans qu’il ne se passe rien de particulier. D’autres désiraient au contraire qu’il se passe des trucs, qu’il y ait de la vie. Ça nous a aidé en tout cas.

 

LVP : Concernant le concept de l’événément, sur le visuel du festival on peut lire « pop », « patrimonial » et « alternatif ». Patrimonial, je crois comprendre maintenant. En revanche, c’est quoi la « pop » pour vous ? Et qu’entendez-vous par « alternatif » ? À quoi ? Une scène musicale ?

Océane : L’idée, c’était de mettre en avant des artistes dans une esthétique pop et dans des lieux atypiques où il n’y avait pas eu de musique.

Victor : Quand on parle d’esthétique pop, on sous-entend la « pop » de manière assez large. Qu’elle soit française ou anglophone, parfois avec des sonorités rock, mais aussi post-rock et psyché. On voulait avant tout des sonorités pop, mais notre prog reste assez éclectique. Parce qu’ici, il y a beaucoup de psyché, on entend toujours un peu le même style.
Océane : On voulait aussi de la pop qui soit portée par des mélodies à la voix, plus que dans le rock psyché par exemple !

 

LVP : Mais alors à Angers, on y trouve quoi comme scènes musicales ? Il y en a une majoritaire ?

Victor : Il y a une scène rock assez forte, aussi bien au niveau des concerts que des bars, comme au Garage par exemple. Mais il y a aussi le festival Lévitation. C’est un peu la version française du festival du même nom à Austin. C’est un festival de psyché. Justement, avec Le Grand Saut on voulait rajouter une esthétique qui n’était pas habituelle à Angers.

 

LVP : Dessinez-nous un portrait du festival ? Son état d’esprit ou en tout cas, ce que vous avez voulu lui impulser, lui donner de plus ?

Océane : On voulait avant tout organiser des concerts dans des lieux qui ne soient pas des salles de concert.
Victor : L’idée, c’était vraiment l’émergence. Comme le fait de se lancer dans une programmation avec 100 % de groupes émergents, pas connus du grand public. Et bien sûr, la scène angevine sera présente avec Big Wool.

 

LVP : Le Grand Saut en quelques mots ?

Sarah : Alternatif, intimiste et atypique.
Océane : Je dirais simplement qu’on souhaite que les gens se souviennent des concerts, que ça marque leur esprit.
Sarah : Oui voilà, que ça en devienne une expérience unique, et pas un concert classique.

 

LVP : D’accord, très bien. Sinon, la « douceur angevine », mythe ou réalité ?
Les trois : Réalité !

 

LVP : Si vous deviez aller à un festival avant de mourir, ce serait lequel ?
Victor : Au Great Escape, à Brighton, c’est un festival tourné vers l’émergence, un peu plus ambitieux que le nôtre !
Océane : Avant de mourir, le Burning Man.
Sarah : Aucun lien avec la nature de notre festival mais moi ce serait le Glastonbury en Angleterre. Un gros festival. Il pleut tous les ans et tout le monde est en bottes. Je rêve d’y aller !

 

LVP : Quels sont vos artistes préférés ?

Sarah : Artic Monkeys.
Victor : Yo La Tengo.
Océane : Nick Cave.

LVP : Et vos occupations préférées ?

Océane : La fête (rires), aller voir des concerts et, boire des bières !

 

LVP : Un petit mot sur vos métiers ?
Sarah : Je dirais juste qu’il faut garder la motivation, rester persévérant parce que l’industrie musicale ne se porte pas bien. C’est un métier de passion et l’énergie se puise dans cette passion.

 

LVP : « L’industrie musicale ne se porte pas bien », c’est-à-dire ?

Sarah : Ce n’est pas qu’elle se porte mal, mais disons qu’elle ne se porte pas aussi bien qu’elle ne l’a été. Il y a moins d’argent et c’est plus compliqué pour les artistes en développement. Il faut faire un gros travail très intense et être animé par ce qu’on fait. Et pour faire le lien avec Le Grand Saut, Océane et moi, qui sommes toutes les deux bookeuses, on écoute beaucoup d’émergents, français et internationaux, et on travaille avec eux. Et c’est justement pour ça qu’on a voulu, avec ce festival, mettre en avant des artistes émergents. Parce que c’est réellement ça qui nous intéresse.

LVP : Cette première édition, c’est un one shot ou il y aura une suite ?

Sarah : On pense déjà à la seconde édition !

Victor : Ça nous a donné plein d’autres idées pour la suite, et donné envie de continuer aussi.

 

LVP : Un dernier petit mot ?
Victor : Je voudrais faire une dédicace à un autre festival angevin qui s’appelle le Freaks Pop Festival, organisé aussi par des Angevins. C’est un des meilleurs moments de l’été, un moment de fête et de partage ! Et également, un clin d’œil à la graphiste Candice Roger. Son affiche défonce et c’était important de marquer le coup avec une identité visuelle forte dont nous sommes fiers ! On est content de bosser avec, elle fait partie de l’équipe et s’est donnée à 200 % sur cette affiche.

Océane : On a hâte d’y être !


+ d’infos et billetterie : https://www.helloasso.com/associations/le-grand-saut-festival

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