Comme une invitation au calme, Guillaume Poncelet présentait cette semaine le clip de son morceau Le Pouvoir De L’oubli. D’un regard habile et doux, son réalisateur, Nabil Senjahi, y déroule un storytelling évocateur et universel. Il s’agit du deuxième morceau extrait de son prochain album.
L’oubli se caractérise par différentes dilutions des pensées, de nos souvenirs d’enfance joyeux à nos mémoires les plus douloureuses. Dans ce clip, le pianiste a fait confiance à Nabil Senjahi pour qu’il tisse une délicate toile émotionnelle de l’oubli. Dans ce tableau ensoleillé tourné sur les côtes marseillaises, il met en scène la comédienne Marie-Armelle Deguy, dans le rôle très bien interprété d’une femme harassée par son emploi et que le deuil travaille.
La justesse est le mot qui relie la bande son et le film, avec seulement ce qu’il faut de légèreté dans les couleurs pastel, du ciel bleu paradis au marcel d’un jaune tendre de la protagoniste, pour apaiser les sentiments tapis dans l’ombre. Cette légèreté, ce sont aussi les notes qui planent au-dessus d’un refrain répétitif plus grave au piano, qu’une tension à peine palpable réhausse à la fin, soulignant les réminiscences d’un esprit qui cherche à se libérer. Aussi, dans une brève conversation, le musicien évoquait le pouvoir de l’oubli comme la préférence pour l’instant présent, où l’on sait s’oublier soi-même et « ne penser à rien d’autre que ce l’on est en train de vivre ».
D’une autre façon, il évoquait le pouvoir de l’oubli comme un travail sur soi, entendu comme le tri entre ce qui ne nous sert plus et ce qui nous rend heureux. Parmi ces derniers restes, il nous a parlé de bribes d’enfance grenobloise, de parties de foot, de championnats du monde de vélo imaginaires, de son envie de musique constante et de la surprise de son père qui lui avait acheté un piano droit, enfin d’un petit clavier Casio qui lui était cher. Si l’on y pense bien, le pouvoir de l’oubli, c’est la somme de ce qui nous paraît essentiel.
Guillaume Poncelet a démarré sa carrière solo en tant que pianiste en 2018 avec l’album 88, mais son nom traîne depuis longtemps sur les ondes musicales de Ben Mazué et Gaël Faye entre autres. Son goût pour la simplicité et le choix méticuleux de ses harmonies se font sentir dans ce dernier morceau, et laissent présager une belle suite.
Il sera présent le 7 juillet au Montreux Jazz Festival, et en attendant la sortie de son album d’ici septembre 2023, s’asseoir en face de l’horizon ou dans un bar pour l’écouter semble être une bonne proposition.
À la recherche des sons qui enclenchent le mécanisme de bascule de la tête et du coeur