KAZY LAMBIST, l’étoile montante de l’électro-pop française
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Auteur·ice : Adrien Amiot
17/04/2018

KAZY LAMBIST, l’étoile montante de l’électro-pop française

Jeudi 5 avril. C’est le grand retour parisien de Kazy Lambist, étoile montante électro-pop et alias du Montpelliérain Arthur Dubreucq. Après les jolis succès de ses premiers EP, Doing Yoga et The Coast, le jeune espoir revient à la Gaité Lyrique pour une date unique et archi complète. Rencontre et report.

La Vague Parallèle : Hello Arthur ! Tu as sorti un EP récemment et tu vas vas sortir un album, peux-tu nous parler un peu de ces releases ?
Arthur : J’ai sorti l’EP The City, qui est un EP extrait de l’album, en février dernier et l’album sort en juin. J’ai mis longtemps à le faire, c’est toujours compliqué un premier album. Il va s’appeler 33000 feets, tu sais comme les pieds d’altitude : c’est l’équivalent de dix kilomètres d’altitude. J’ai toujours été passionné par l’aviation, j’ai mon brevet de pilote ! C’est un truc qui me fascine, du coup je voulais que l’album soit comme une croisière en altitude, le titre est complètement en référence à cet univers-là.

LVP : Tu as préparé un nouveau live ? Comment ça s’est passé ?
Arthur : On a fait une résidence, dans laquelle on a préparé les nouveaux morceaux ; on a pris tout ce qu’il y a avait sur l’album et on l’a adapté. Je joue toujours avec les mêmes musiciens, Amaury à la basse et Amoué au chant. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas joué ensemble, le résultat est plus pro maintenant, enfin j’espère (rires). Ce soir on va jouer beaucoup de morceaux du nouvel album que les gens ne connaissent pas, c’est assez excitant.

LVP : Vous repartez en tournée ?
Arthur : En ce moment on a des dates toutes les semaines mais la vraie tournée sera en automne après la sortie de l’album, pour que les gens aient le temps de s’approprier les chansons. On fait quelques festivals cet été, on va aller à Tel Aviv et en Hollande je crois. J’ai aucune mémoire de ça, c’est horrible (rires). Je sais qu’on fait des trucs, mais entre ce qui est annoncé et ce qui n’est pas confirmé… Il y a le Trianon le 28 novembre, ça c’est sûr. J’aimerais te donner plus de dates, mais mon iPhone est en train de me lâcher… Comment vous dites téléphone portable en Belgique ? Ah oui, GSM.

LVP : Tu fais une pop aérienne et solaire. As-tu l’impression d’appartenir à un courant musical, à un mouvement ?
Arthur : Forcément mon projet est lié à d’autres groupes, ça se voit vite dans les playlist et dans les blogs… Mais j’écoutais pas du tout d’électro pop quand j’ai commencé. J’écoutais beaucoup de hip-hop et de « vraie » électro. On me retrouve souvent dans des soirées avec L’Impératrice, Isaac Delusion, Her… Ce sont les artistes qui sont dans ce courant-là. J’ai hérité de ce que la French Touch a fait de plus doux, pas le côté club. Air et Sébastien Tellier, ce sont mes principales influences. Les premiers morceaux que je kiffais de Daft Punk c’était Make Love et Veridis Quo, c’est ce qui me parlaient le plus. Je ne connaissais pas Fakear par exemple. C’est marrant, je ne savais même pas que je faisais de l’électro pop quand j’ai commencé à sortir des titres, je l’ai découvert après.

LVP : Comment as-tu commencé à écrire des chansons ?
Arthur : Dans ma chambre, clairement. Au début je n’avais pas de matériel, je n’ai toujours pas grand chose d’ailleurs. Je mettais mes sons sur internet, mes potes écoutaient, partageaient et ça s’arrêtait là. Je viens de Montpellier, je n’ai eu accès à aucune structure. D’ailleurs je ne me suis même pas renseigné parce que je ne pensais pas continuer là-dedans. J’écrivais le soir après les cours et je publiais le résultat sur Soundcloud. Au bout d’un moment on m’a demandé de faire des concerts. Au début j’étais pas trop chaud, ça me faisait super peur, mais je me suis dis qu’il fallait bien se lancer (rires). J’ai cherché des gens pour former mon live band et j’ai trouvé Amaury. Mes premiers concerts étaient à Paris : à Montpellier ils s’en foutaient complètement de ce que je faisais. Je suis allé là où on me demandait et les seuls qui s’intéressaient à mon projet, c’était ici. J’ai quand même une formation de musicien : à la base j’ai fais du piano classique pendant sept ans, puis j’ai fais de la guitare dans des groupes de jazz et de rock pendant un an.

LVP : Si tu devais me dire la meilleure expérience de scène que tu as vécue ? La pire ?
Arthur : Une fois on a joué sur un bateau à Marseille pour les Apéros Électroniques. C’était pas un très gros bateau et c’était blindé. On jouait en se tenant parce que la mer était agitée et vu que c’était une vraie soirée des gens ont vomi, enfin bref. Ça se passait au coucher du soleil et c’était super beau mais ils avaient vraiment mis beaucoup trop de monde sur le bateau (rires). Sinon quand on a joué à la Maroquinerie on était très content ! La pire ? J’ai pas envie d’impliquer quelqu’un là-dedans, il y en a tellement… Bon allez ! Une fois au Nuba à Paris, on jouait à l’intérieur et l’ingé son s’était barré pendant le live. À un moment, le son s’est coupé et personne n’était là. On a fait un truc acoustique, c’était dramatique. Les gens se sont barrés… horrible. La faute vient entièrement du Nuba, la soirée était hyper mal organisée.

LVP : C’est quoi tes objectifs pour l’album que tu va sortir ? Un pays où tu aimerais l’emmener ?
Arthur : On va jouer à Londres en juin. On a aussi plein de propositions en Californie, j’ai d’ailleurs une anecdote à ce sujet. À un moment, le Youtubeur Norman avait posté une vidéo en train d’écouter ma musique à Los Angeles. Du coup j’avais reposté le truc à l’époque. Et là, tout le monde a cru que j’étais Norman, depuis les gens me demandent « Quand est-ce que tu reviens en Californie ? » (rires). Plein de gens m’invitent à des soirées à L.A. donc je me dis qu’il y a un truc à faire là bas. C’est une vague chill qui peut bien marcher. Ailleurs en Europe, je suis dégoûté de pas l’avoir fait mais on devait jouer pour Miss Russie. Ça s’appelait Miss Olga, c’est comme Miss France mais en mode mafieux Russe. Au final ça s’est pas fait mais j’aurais trop aimé. Après, comme je sors de la fabrication je n’y ai pas spécialement réfléchi. En général je ne pense pas à l’objectif, juste je le fais. Au final, plus il peut nous fais voyager mieux c’est ! New-York j’aimerais bien, un beau concert à Montpellier ça serait cool aussi, ça fait longtemps qu’on y a pas joué. Tellement d’endroits donnent envie… En Asie, dans les capitales il doit y avoir des trucs fats par exemple. En Afrique c’est un autre délire, je ne sais pas comment ça se passe, j’ai l’impression que ce n’est pas un énorme marché. Pas qu’au niveau développement, juste il n’y a pas un énorme courant électro-pop pour l’instant j’ai l’impression. Nous on s’inspire de leurs sonorités pour faire des sons mais le contraire n’est pas vrai. Ils s’en foutent de nous (rires). On peut pas vraiment rêver de faire une tournée en Afrique, je pense que c’est pas possible pour l’instant.

LVP : Si tu devais me faire découvrir un coup de coeur récent ?
Arthur : J’ai découvert un groupe qui s’appelle Midnight Sister et vraiment j’ai accroché. Je te conseille d’écouter Saturn Over Sunset, c’est l’album qu’ils ont sorti l’année dernière il est vraiment bien. Généralement je bloque sur un groupe de pop par an. Il y a eu Mac DeMarco à un moment. L’année dernière c’était Men I Trust, eux nous plus ne sont pas très connu et c’est super bien.

LVP : D’après toi, comment ça va évoluer pour les jeunes artistes ?
Arthur : Tu sais, moi je fais mon truc mais je ne suis pas du tout un spécialiste. Mes potes sont bien plus spécialistes que moi. Évidemment je baigne dedans, je suis bien obligé, mais pas autant que plein de potes qui découvrent tout le temps des trucs. Je fais de la musique toute la journée, le soir c’est clair que je n’ai pas envie d’écouter de la musique… J’ai un peu fait ça par hasard, c’est une passion mais je ne pense pas faire ça définitivement. J’aimerais vraiment devenir pilote d’avion après ! (rires) Je suis engagé pour deux albums avec mon label mais après je changerai sûrement de voie. Par contre, si j’avais un conseil à donner aux jeunes artistes, ça serait de faire attention à leur premier contrat. Non pas que j’ai eu des problèmes, justement j’ai eu de la chance. Après il faut pas non plus être parano. Avant ce contrat là j’ai signé d’autres trucs, c’étaient des contrat très courts d’un an sur un seul titre, le deuxième pareil. C’est certain que je n’aurais jamais signé deux albums direct. J’y suis allé très progressivement. Faut être sûr de qui on a en face, j’ai des potes qui ont eu des difficultés par exemple.

LVP : Est-ce que tu penses que tu dois ton succès à Internet ?
Arthur : Au début, quand je mettais sur internet je m’en foutais. J’avais 200 vues et j’étais content. Soundcloud permet de partager super rapidement, c’est clair. Au fur et à mesure ça s’est propagé, mais ça a pris des années. Je n’ai démarché aucun label, ça n’aidait pas non plus, je suis extrêmement mauvais en com. Ce qui s’est passé en cinq ans aurait pu se passer en un an pour quelqu’un qui s’y connait. J’ai laissé le truc mariner. Ah si, j’ai fais un truc ! J’ai appelé Radio Nova un jour quand j’étais à Montpellier. J’ai dis « Comment je fais pour que mon morceau passe à la radio ? » et la meuf a rigolé, elle m’a dit « Je te passe un mail mais il y a très peu de chance que ça marche ». J’ai envoyé le morceau Headson et finalement ils l’ont mis en playlist. Ça passait trois fois par jour ! (rires)

C’est là où j’ai signé. Au début, j’avais un contrat juste en distribution pour cette chanson, les mecs qui bossaient n’ont pas fait grand chose mais le peu qu’ils ont fait a suffit. Ils ont réussi à la mettre dans une compil du magazine Elle et finalement le morceau a super bien marché grâce à ça. Le contrat suivant était pour Doing Yoga. J’ai signé chez Opening Light, un super petit label indé. Après, on a fait les Inrocks Lab et on a gagné. Ça nous a apporté beaucoup de la visibilité : on a fait le Petit Journal, C à Vous… À partir de là, les maisons de disque nous ont accosté, ils savaient qu’on avait des contrats très courts. J’ai pu avoir assez d’arguments pour négocier un contrat correct. Mieux vaut prendre son temps et ne signer que quand on est en position de force. Il s’est vraiment passé énormément de temps entre le moment où j’ai commencé à sortir des titres et le moment où j’ai signé.

LVP : Si tu devais me donner un endroit secret, à nous faire découvrir ?
Arthur : L’île du Frioul, au large de Marseille. Cet endroit est super bien conservé. J’aime bien les endroits un peu desséchés comme ça. Seul sur ton île et la ville est en face. Ça fait longtemps que je n’y suis pas allé… C’est clairement un fantasme, d’y retourner.

Quelques heures plus tard, Arthur monte sur scène de la Gaité Lyrique en compagnie d’Amaury et Amoué. La très belle salle du 3ème arrondissement est pleine à craquer ; le public est en grande majorité composé de vingtenaires particulièrement enjoués. Les titres s’enchaînent avec – comme promis – les titres inédits, et plutôt agréables, du nouvel album. Que vaut Kazy Lambist sur scène ? Si on s’aperçoit très vite à quel point il est anxieux, sa bonhomie et son humilité rendent sa présence réellement attachante. Cependant, il manque certainement un batteur au line up car, malheureusement, tous les titres sont joués sur bande (sauf Headson magnifiquement reprise piano / voix avec la participation solaire de LC Elo). On aurait peut-être aimé une plus grande prise de risque de manière générale, c’est certainement prévu – en tout cas on l’espère – pour la tournée d’automne. Pour résumer : des chansons lumineuses portées par un frontman sympathique mais qui mériterait franchement de sortir de sa zone de confort. Il a évidemment tout le temps devant lui, ainsi on ne doute pas une seconde qu’il saura dans le futur exaucer nos souhaits.

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