Jadu Heart, l’envers du décor à l’endroit
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Auteur·ice : Caroline Bertolini
08/03/2020

Jadu Heart, l’envers du décor à l’endroit

La soirée du jeudi 27 février appartient à ceux·celles qui ont été voir Jadu Heart à l’AB Club. Le duo londonien composé de Dina et Faro intrigue par sa musique conceptuelle, signée sous le label de Mura Masa : Anchor Point. Derrière leurs alter-egos masqués, ils nous offrent une musique qui se passe du besoin d’être définie. Ils sont venus nous présenter leur album Melt Away sorti en août dernier, dans l’humilité la plus totale. La royauté de l’edgy nous a donné l’honneur d’entendre ses notes indescriptibles à Bruxelles. Une programmation plus que réussie de Live Europe, la plateforme dédiée aux performances live des nouveaux talents européens.

© Photo : Michelle Geerardyn (AB in-house photographer)

Soft rock aux influences hip-hop ? Electro aux influences psyché rock ? Nous allons vous épargner un essai foireux de définir et mettre un genre sur Jadu Heart. Car ils n’en ont tout simplement pas. Les influences sont nombreuses, et la seule chose qui peut leur être assimilée est un côté sombre/dreamy grâce auquel ils intriguent et transportent. Beaucoup de groupes essayent de maîtriser cet art, mais seulement peu réussissent aussi bien que le duo britannique. Si leur musique est si spéciale, le live n’en est qu’une continuité.

Dès l’entrée dans la salle, nous sommes face à deux colonnes lumineuses rouges, ornées de détails presque sculptés qui se finissent par les masques qu’on a tant vus portés par le duo dans leurs visuels. Laissant leurs masques sur le côté, ils se présentent devant nous dans leur plus simple appareil. Le mystère reste présent puisqu’ils ont décidé de très peu éclairer leurs visages, voire de ne pas les montrer. Nous retiendrons donc deux ombres multi-instrumentalistes et leur batteur qui lui, finira par porter un masque reptilien à la fin du concert. Le mystère donc.

L’ambiance de la salle est presque aussi indescriptible que la couleur de leur son. La majorité des silhouettes danse, les autres écoutent, tous focus sur le groupe dans l’obscurité. Faro descend de la scène à un moment pour honorer le public de son solo. D’une musique plutôt calme à un morceau plus ardent en passant par leur featuring avec Mura Masa U Never Call Me, ils viennent chercher leur public sans trop faire d’efforts. C’est naturel. Jadu Heart nous présente finalement ses derniers singles en date, pour plus de guitare et une fin de concert réussie. Si vous étiez venus les découvrir, vous en êtes assurément sortis convaincus.

La confusion est la meilleure alliée du groupe. Comme Paradis le disait dans Recto Verso : « Montre-moi l‘envers du décor à l’endroit ». C’est la meilleure description que nous puissions vous donner en parlant de Jadu Heart. Nous sommes dans l’ère musicale du non-conformisme, de la non-labellisation, du non-genre. La musique est plus que jamais tournée vers l’ambiance et le sentiment, au-delà des codes. Elle est tournée vers le visuel, la conceptualisation d’un·e artiste à travers tout ce qu’il ou elle fait. C’est comme ça qu’on les cerne de nos jours, en ne les cernant pas. L’atmosphère de Jadu Heart en coche toutes les cases, ou plutôt les décoche. Nous aurions presque envie qu’ils ne se fassent pas trop connaitre dans le but de garder notre joyau brut pour nous tous seuls. Mais ça, c’est sûrement impossible.

 

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