Pigalle – Paris, 3h du matin. Une berline noire, vitres teintées, s’arrête au coin de la rue. De la fumée sort de la fenêtre arrière. Les lumières électriques des boîtes de nuits et strip clubs réfléchissent sur la carrosserie du gamos. Les portes s’ouvrent, trois silhouettes apparaissent. Tout de noir vêtus, lunettes de soleil sur le nez, Hennessy et Montecristo à la main, ils me fixent puis acquiescent de la tête. Je me dirige vers eux et les suis dans un couloir sombre et étroit. J’aperçois des lumières chaudes au bout du tunnel. Le Private Club m’ouvre ses portes.
Le club est plongé dans le brouillard. L’odeur sucrée de toutes sortes de substances fait tourner la tête. La moquette et les murs tapissés retiennent la chaleur. Le premier morceau de la soirée, Montecristo, nous plonge immédiatement dans l’ambiance de la soirée. Beaucoup de flex, d’égotrip et une connexion efficace entre ces trois amis de longue date. Le thème central du projet est une des spécialités de Jazzy Bazz : la nuit. Le rappeur parisien en a fait son terrain de jeu depuis quelques années et il continue de nous partager ses aventures nocturnes. Accompagné de ses acolytes Esso Luxueux et EDGE, il s’allume une cigarette et sort la mallette de Poker. Ce soir c’est l’amusement qui compte et on laisse les problèmes de côté.
Sa mère, il est même pas minuit, j’suis d’jà fonce-dé (j’suis déjà fonce-dé)
Ce soir, l’alcool se compte en litres (en litres) de rhum ambré (ouais)
Impossible de rester lucide (de rester lucide), j’vois en slow motion (slow mo)
En effet ce projet est une véritable parenthèse. On quitte le réel le temps d’une nuit, histoire de se vider la tête et de se changer les idées. Le plaisir et la débauche font office d’exutoire. Les tables sont pleines de bouteilles et les canapés rouges tous occupés par des invités des plus dripés. L’autodérision et l’égotrip sont les deux composantes principales du Private Club et ils prennent le soin de le rappeler tout au long de la soirée.
Elle arrête la pilule en scred pour avoir un bébé Jazzy
C’est vrai qu’ma vie aurait pu être pire
Rapper comme tu l’fais, gros, c’est plus permis
L’alchimie présente entre les trois MC est évidente. Eux qui rident les rues de la capitale depuis des années. Les références moins évidentes pour des gens de ma génération en disent long sur l’amour qu’ils portent au rap, au foot et à la vie tout simplement. Les trois tontons n’ont pas envie de se prendre la tête et étalent leur passion comme Xavi, Iniesta et Busquets. Même si c’est toujours le logo Opel sur le maillot.
Culture musicale inexistante car, pour certains, le rap n’en fait pas partie.
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