Je vous embrasse, la carte postale musicale de Petit Prince
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Auteur·ice : Paul Mougeot
11/02/2019

Je vous embrasse, la carte postale musicale de Petit Prince

Un départ en vacances est souvent l’occasion d’envoyer un petit mot à ses proches, griffonné à la hâte sur une carte postale à l’humour parfois douteux. Mais Petit Prince est un garçon plus sensible que les autres, peut-être un peu plus poète aussi. Alors quand il est parti en vacances, il en a tiré Je vous embrasse, un EP six titres en forme de carte postale musicale qui constitue l’un des plus jolis disques de ce début d’année 2019.

L’été est une période à part, presque hors du temps. Sous les rayons du soleil, les aventures paraissent plus belles et plus intenses, les émotions sont exacerbées et prennent une saveur particulière. Au bonheur de voir revenir les beaux jours succède l’amertume de les voir disparaître à nouveau pour de longs mois, et c’est sans doute à cette ambivalence douce-amère que tient notre attachement pour la saison chaude.

Réminiscence d’un été passionné et dévoilé en plein cœur de l’hiver après une longue gestation, Je vous embrasse est une véritable carte postale musicale. Sur une trame pop électronique aux sonorités psychédéliques, celui qui est également le co-fondateur du label Pain Surprises y tisse le récit poétique d’une histoire d’amour qui trouve son dénouement à la faveur de l’été. On s’y plonge ensemble ?

Le début de cette aventure estivale, c’est Le jour du départ. La track instrumentale planante et ensoleillée qui ouvre l’EP est de celles que l’on écoute sur la route, la tête appuyée contre la vitre d’une voiture qui file vers des contrées plus chaleureuses, transporté par des nappes de synthé aériennes et une basse omniprésente.

La mélodie fluide et délicate d’Un bisou dans le cou sonne ensuite comme une libération. Plus mûr dans sa démarche artistique, Petit Prince y laisse enfin apprécier sa voix haut perchée, trop peu entendue sur son premier disque, Deux mille dix, et ici nimbée d’une réverbération quasi-cosmique. À la vérité, cette nouveauté n’a rien d’un détail. Car si la musique de Petit Prince trouve une résonance dans nos cœurs, elle le doit aussi à cette poésie élégante et épurée qui suggère plus qu’elle ne donne à voir les contours de cette relation intime que le disque révèle en filigrane.

Cette liaison complexe au goût d’interdit, c’est Une étoile en parade qui en marque le tournant au détour d’une piste à la mélancolie sucrée, aux arrangements de cordes et à l’outro fantomatique qui fait basculer le disque dans un spleen qui trouve son point d’orgue dans une collaboration géniale avec UTO, Un écho dans le vent.

Véritable pièce maîtresse de cet EP, Un écho pour le vent parvient à concilier la délicatesse de la musique de Petit Prince et la sombre énergie de celle d’UTO pour en tirer un morceau prenant, fiévreux, qui illustre à merveille toute l’esthétique du disque en alliant des sonorités électroniques rythmées et des touches organiques plus mélodieuses. Signe d’une tracklist travaillée et maîtrisée à la perfection, Un été sans amour fait retomber cette ferveur et amorce la fin du voyage avec ses incantations éthérées, son doux clavier et son violoncelle qui reste à l’oreille même lorsque le reste a disparu.

Cette aventure pure, sensuelle, empreinte d’une touchante candeur se termine avec La veille du retour nouvelle piste instrumentale aux orchestrations symphoniques de laquelle transparaissent des sentiments contraires : le bonheur d’avoir vécu une romance aussi intense, la tristesse de la voir faner lorsque l’automne arrive.

Ce voyage-ci est terminé, mais on n’a qu’une hâte : nous replonger à nouveau dans les souvenirs de vacances de Petit Prince.

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