Jean-Paul Groove : la revanche des nerds
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Auteur·ice : Augustin Schlit
22/02/2024

Jean-Paul Groove : la revanche des nerds

Les formations qu’on pourrait grossièrement rassembler sous la bannière de neo-électro-jazz ont le vent en poupe côté belge. En effet, alors que tout le monde continuait à miser sur le rap pour trouver LA pépite qui succéderait à notre fameuse “génération dorée”, personne ne réalisait que, dans les caves du Volta, une relève d’un tout autre acabit était déjà passée à l’échauffement. Pourtant, en 2024, il serait difficile de parler de “musique belge” sans évoquer des noms comme Echt!, Tukan, Glass Museum ou Kuna Maze. Une liste déjà fort qualitative à laquelle s’est (plus ou moins) récemment ajouté celui du trio Jean-Paul Groove.

Vous vivez en Fédération Wallonie-Bruxelles et vous aimez la musique et la fête ? Alors vous avez très probablement déjà battu le plancher sur le son frénétique de Jean-Paul Groove (JPG pour les intimes). C’est simple, depuis une paire d’années, le trio bruxellois est partout, ralliant toujours plus d’adeptes à chacune de ses apparitions. Il faut bien admettre que la recette est sacrément efficace. En cause, un amour ultra contagieux du kick et la capacité incroyable de rendre une musique particulièrement complexe, appréciable par le commun des mortels que nous sommes, le tout au service d’un indéniable sens de la fête. En résultent des concerts dont l’intensité n’a rien à envier aux séances de fitness les plus hardcores de Tibo Inshape. À tel point que jusqu’ici, nos trois amis ont pu se payer le luxe de tourner dans toute la francophonie sans sortir le moindre projet studio, exception faite de l’un ou l’autre single sporadique.

Seulement voilà, la formule de prime abord imparable de nos trois compatriotes fait face à un problème de taille : le nombre de fans prêt·es à arborer fièrement leur paire de chaussettes roses à l’effigie du groupe semble inversement proportionnel à la quantité de personnes se disant enclines à écouter la musique du groupe dans le confort chaleureux de leur salon… Mais alors, est-ce que Jean-Paul Groove serait condamné à rester à jamais une expérience exclusivement live, intraduisible de manière satisfaisante sur disque ?

À cela on a envie de répondre oui et non… Oui parce qu’il est absolument indéniable que pour apprécier pleinement la proposition faite par le trio, il va falloir à un moment ou à un autre partir à sa rencontre frontalement. D’ailleurs le disque ne s’appelle pas Violent Party Music pour rien. Le groupe sait parfaitement dans quelle catégorie il boxe, et chaque titre du projet est une invitation à peine dissimulée à se bouger le cul à aller partager sa sueur avec un maximum de gens. On admet aussi volontiers que, jusqu’alors, les différents extraits qui nous en étaient parvenus au compte-gouttes éveillaient difficilement en nous le même enthousiasme que chacune de leurs mémorables performances.

Tout ça pour dire que, malgré tout l’amour que l’on peut porter à la musique de JPG, une certaine appréhension accompagnait la découverte de ce projet. Et pourtant, il a suffi d’une seule écoute complète de ce Violent Party Music pour nous faire ravaler nos réticences. En effet, force est de constater que quelque chose a changé dans la manière dont les morceaux résonnent. On réalise alors que l’agencement des titres fait que chacun d’eux trouve sa place parmi les autres, dévoilant un univers cohérent, qu’on ne peut décrire que comme plus grand que la somme de ses parties. On oublie alors instantanément qu’on n’a pas la moitié du bagage théorique pour comprendre toute la technique qui se cache derrière l’ensemble des compositions, pour retrouver le même plaisir que l’on ressent lors des lives.

Et voilà, d’une poignée de morceaux qu’on n’avait jamais réussi à caser harmonieusement dans nos playlists, on se retrouve avec une playlist qui se suffit à elle-même, accompagnant à merveille n’importe laquelle de nos mises en jambes festives. Et par la même, les trois compères de Jean-Paul Groove se sont constitués une carte de visite aux petits oignons, qui ne manquera certainement pas de leur ouvrir quelques belles scènes dans l’année à venir.

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