Jennylee – right on! : basse et caractère en dix leçons
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Auteur·ice : Mathias Bourgonjon
11/12/2015

Jennylee – right on! : basse et caractère en dix leçons

Partie intégrante du groupe féminin Warpaint en tant que bassiste et vocaliste, Jennifer Lee Lindberg – aka Jennylee – sort aujourd’hui un premier opus solo intitulé Right On! sur Rough Trade. Le fruit du travail solitaire de l’artiste respire une énergie créatrice sans faille dont le potentiel est hypnotique et met en évidence son talent individuel.

Alors qu’il aurait été très facile de créer une sorte de pastiche de ce à quoi Jennylee a contribué dans le groupe Warpaint, les dix titres présents sur Right On! portent un sceau propre à l’artiste américaine. Évidemment, difficile de ne pas reconnaître une certaine marque de fabrique qui a suscité notre adoration pour le travail du quatuor : mélange entre une voix sensuelle et une autre plus désinvolte, riffs de basse clairement à l’avant-plan sonore, ambiance mélodique entre élévation atmosphérique et ancrage terrestre, … Ce qui plaît surtout, c’est la sincérité dans le résultat final. Tout au long de l’écoute, nous sommes immergés dans une expérience intimiste. Comme si jennylee nous avait invité dans son salon pour nous jouer, en exclusivité, les morceaux de son album, armée uniquement de sa basse et de sa voix qui frôle parfois l’irrévérence.

Avec blind, une ballade basse-voix parsemée de quelques éléments sonores subtilement lunaires, Jennylee décide de démarrer son opus avec finesse. boom boom est, quant à lui, directement plus tranchant, en prouve sa ligne de basse répétée constamment. Le morceau est agressif en cela qu’il mêle une répétition mélodique obsédante à la puissance de la double onomatopée scandée ça et là. Sur le titre never, qui nous avait déjà été révélé comme single de l’album en octobre, jennylee laisse plus de place à la guitare et aux éléments rythmiques, dans un mélange qui rappelle la période de gloire de Sonic Youth et des Cure ou encore certaines oeuvres de Cat Power.

L’artiste américaine a le sens de l’équilibre et contre-balance la relative frénésie du morceau précédent par long lonely winter, un titre qui colle parfaitement à l’ambiance hivernale avec un tempo downbeat  qui traduit une douce nostalgie chauffée au poêle à bois. C’est ensuite bully qui poursuit sur cette lancée en y ajoutant, toutefois, une dimension plus affirmée dans l’interprétation aussi bien que dans l’exécution instrumentale. Tandis qu’on voit à peine passer les trois petites minutes du très énergétique bully, les beats assez pop de he fresh nous proposent de nous laisser embarquer dans un morceau plus glamour (toute proportion gardée, évidemment).

Les trois derniers titres de right on! constituent autant d’univers différents pour clôturer cet opus. Avec ses cymbales en contretemps et les clameurs de jennylee renforcées par un chœur brut, offerings est haut perché et met encore une fois en avant l’éclectisme dont fait preuve la bassiste. Comme son titre le suggère bien, white devil possède un pouvoir résolument mystique, tant par le spoken word puis les cris d’une voix masculine accompagnant celle de Jennylee que par les riffs lancinants de la basse de l’artiste. L’album se finit alors comme il a commencé : en douceur. La basse ayant été posée dans un coin de la pièce, c’est maintenant avec une guitare que l’Américaine distille le très enchanteur real life. La preuve que, sans artifices particuliers, jennylee brille tout autant que dans la complexité toute contrôlée des morceaux aux multiples instruments.

Photo © Mia Kirby

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