La reconstruction de Georgio après ses Années Sauvages
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Auteur·ice : Giulia Simonetti
15/02/2023

La reconstruction de Georgio après ses Années Sauvages

| Photo : Antonin N’Kruma

La vie ou la mort ? L’amour ou la haine ? Le capitalisme ? La manipulation ? Ce sont quelques exemples de sujets et de questions qui ont accompagné le cheminement de Georgio au cours de son évolution et qu’il extériorise sur Années Sauvages. Après avoir confirmé sa place à la table des grands lyricistes du rap game, il remet le couvert avec ce nouvel album dans lequel il rappe son spleen, les épreuves surmontées, sa jeunesse et sa transition dans la phase adulte.  Personnels autant qu’universels, les textes du jeune artiste abordent des questions existentielles, parce qu’au final nous ne sommes qu’une “larme en plein milieu d’l’océan”.

Les Années Sauvages parlent de la dualité de la vie que l’on aime et que l’on déteste tant. Elle est là, elle s’écoule sans nous regarder. Direction les États-Unis où l’album de quinze titres a été créé. Comme dans Sacré, c’est sur la mélodie d’un piano que Georgio ouvre son album. L’univers poétique et mélancolique que l’on retrouve dans ce premier titre, Hôtel 5 étoiles, est matérialisé dans le clip réalisé par Guillaume Durand.

« Ancré dans la réalité, dites-moi où règnent les rêves

La gloire, j’vais lui faire passer un très mauvais quart d’heure

Ancré dans la réalité, dites-moi où règnent les rêves »

 

 

Miraculé, Georgio se laisse vivre avec espoir. À cœur ouvert, son Esprit libre est désireux d’aimer et de créer un monde nouveau. Mais ce désir d’aimer semble être entaché d’une profonde noirceur. C’est d’un amour déchu qu’il considère comme toxique que le rappeur se libère aux côtés de la jeune artiste suisse Yoa dans Diamant v2. Cet amour ayant laissé des traces indélébiles est encore une fois évoqué dans Quand le Soleil Tombe. Une voix délicate, aérienne et presque subconsciente nous parle d’un amour « enfoui » qui résonne en lui. Ce titre a tout d’une catharsis dans laquelle Georgio fait une rétrospective de sa jeunesse, ses vices et ses pensées. Il aborde également son angoisse sociale, la pression de l’âge et une jeunesse qui se fane.

« Pourquoi avoir besoin de plaire ?

Pourquoi tourner quand on peut aller tout droit ?

Pourquoi j’avais tout l’temps le sentiment d’abandon ?

Pourquoi j’ai autant envie d’être au centre de l’attention ? »

 

Le jeune artiste expose sa vulnérabilité et la nécessité qu’il a de comprendre, de se comprendre, de se reconstruire et surtout de trouver sa place. Être symbolise cette quête de sens dans la société, car oui, nous sommes seul·es face au néant de la vie.

« Nos émotions sont réduites au néant, ouais

Tu pensais être quelqu’un, t’es qu’une larme en plein milieu d’l’océan

Forcément, y a des requins dans leurs camps »

On retrouve plusieurs collaborations dans ce projet avec notamment PLK dans Quand tout s’enflamme et Josman dans Froid. Le titre Feu d’artifice est l’apogée de plusieurs états d’âme. Comme dans un cauchemar, on sent l’angoisse monter peu à peu et par conséquent une incapacité à réagir. Ce morceau permet d’introduire Jamaïque, un véritable coup de poing dans « la gueule ». De nouveau, c’est un titre avec une grande symbolique et plusieurs références comme Baudelaire avec Paris et le spleen, et Machiavel avec la manipulation et l’esclavagisme moderne.

 

Pour terminer, Georgio relâche la tension des morceaux précédents et continue sa rétrospective sur sa vie comme s’il allait mourir demain. Infini est une interrogation face à la vie, la mort et le temps. Effectivement, le rappeur est très concerné par une question qui devrait nous interpeller tou·tes : notre rapport trop rapide au temps. Infini est une invitation à la contemplation de la simplicité et des petits moments de la vie.

Années Sauvages pourrait être la compilation de plusieurs « romans d’apprentissages » en cours d’écriture : un même personnage (Georgio), des phases de la vie (Héra, XX5, Sacré), des rythmes, des ambiances et des interrogations par rapport à l’absurdité de notre existence. Les textes de Georgio restent toutefois fidèles à un principe : l’espoir meurt en dernier.


Tags: Georgio | Josman | Paris | PLK | Rap | yoa
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