Un soleil ravissant réchauffe les petits corps entassés sur le pont de La Péniche, et nul doute que certains parmi eux n’ont pas encore dormi. Et c’est tant mieux, il parait que la fatigue s’oublie après une certaine heure de la nuit. Ni une, ni deux, il est l’heure de filer dans la cale, Lola Luc débutant son set sous peu. Un peu tendue durant la première heure, visage fermé et gestes brusques, elle se détend néanmoins assez vite. Pas étonnant de la part de celle dont le moment préféré de l’année est une ballade en canöé sur les canaux de Berlin. Préférant l’assurance des CDJ aux platines vinyles annoncées, voguant par tous les styles, de l’Acid à l’Afrobeat (qu’elle adore), du Disco à l’House (qu’elle connait), le tout restant surtout emprunt de Techno, la belle Allemande d’origine turque n’a certainement pas peur des contrastes, en témoigne le Energy Flash de Joey Beltram joué juste après de la nu-disco festive. Acid et Ecstasy pour seuls mots d’ordre.
Un set somme toute efficace qui réveille la double centaine de personnes présentes. Certains, à tort, sont déçus par le manque de Techno, et déplorant le « mensonge berlinois » se mettent à débattre du manque d’honnêteté de certains organisateurs accolant le mot Berlin à leurs événements. Avis aux néophytes : Messieurs, Dames, Berlin n’est pas que Techno, tout comme Saint Denis n’est pas que ghetto. La grandeur culturelle de la ville s’est justement faite sur cet imbroglio de cultures s’entrechoquant et se nourrissant mutuellement pour construire le Berlin d’aujourd’hui. Alors, malgré les qu’en dira-t-on et le manque de cohérence de la prestation de la belle, on ne peut enlever à Lola Luc qu’elle a certainement oeuvré en ce dimanche, tout comme elle oeuvre tous les mois aux côtés de Melis dans son Radio Show sur la Berlin Community Radio où elle n’est pas avare de Reggae, de Disco et évidemment de Techno, à ouvrir les consciences et les oreilles de certains sur la musique électronique actuelle, qui, on ne le répètera jamais assez, ne cesse d’évoluer et de se construire en interaction avec le reste de la musique, ou des arts en général. J’en veux pour preuve le désir de Lola Luc, ancienne étudiante en Fashion Design, à penser ses DJ sets comme on pense une collection.
On se réjouit de voir que de plus en plus d’événements dominicaux peuvent finalement attirer le public lillois. Label Barge étant un rendez-vous récurrent, vous pourrez donc retourner danser sur le bateau d’ici le 29 Mai, avec Yannick Robyns, résident du Chalet Club de Berlin, ainsi que les 12 Juin et 17 Juillet prochains.
Un beau printemps en perspective.
Esthète biblivore. Se passe les oreilles au poppers avant chaque concert.