Les clips de la semaine #51
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Auteur·ice : Paul Mougeot
08/12/2019

Les clips de la semaine #51

Les clips de la semaine, c’est votre rendez-vous du dimanche. Pour faire passer votre gueule de bois et pour adoucir votre week-end, on vous sélectionne les clips qui ont fait l’actu de ces derniers jours. Les clips de la semaine épisode 51, c’est maintenant.

Hinds – Riding Solo

On attaque fort cette sélection hebdomadaire avec un véritable rayon de soleil qui nous vient tout droit de Madrid ! Les Espagnoles de Hinds, qu’on avait rencontrées l’année dernière à la sortie de leur deuxième album, reviennent fort avec Riding Solo, leur tout nouveau clip. La bonne nouvelle, c’est que même lorsque leurs textes se font plus sombres, leurs morceaux ne perdent rien de cette belle énergie si caractéristique des quatre jeunes femmes. La mauvaise, c’est qu’on ne sait pas exactement ce qu’annonce cette nouvelle vidéo. Un troisième album ? Il ne nous reste qu’à espérer…

 

Billie Eilish – xanny

S’il n’est plus vraiment surprenant d’associer “chef-d’oeuvre” avec Billie Eilish, la jeune pépite continue tout de même d’impressionner. À l’occasion de la sortie du clip de xanny, la chanteuse a troqué son micro contre une caméra et s’est improvisée directrice de tournage, gérant le somptueux visuel de A à Z. Présente sur son brillant album when we all fall asleep, where do we go?, la balade traite le sujet houleux des addictions et de leurs ravages. Sobre et élégant, le clip nous offre la nonchalance si classe de l’adolescente qui se voit confondue avec un cendrier, symbolisant les dégâts occasionnés sur une personne par les vices des autres. Un nouvel exploit visuel qui vise juste et porte un message important en toute simplicité.

The Pirouettes – San Diego

Du soleil à la grisaille, il n’y a qu’un pas que les deux ex-tourtereaux de The Pirouettes franchissent allègrement dans leur nouveau clip. Après avoir érigé leur amour en empire dans Monopolis, leur deuxième album paru à l’automne 2018, Vickie et Leo explorent désormais les affres de la rupture dans un road-trip à travers la Californie. San Diego est ainsi la représentation du crépuscule d’une relation qui s’étire, qui s’étiole puis qui s’éteint. Pas de crainte : on devrait bien retrouver le duo pour un troisième album courant 2020.

 

Korin F. – Plaisir Binaire

Cette fois, on quitte la Terre ferme pour un univers fait de pixels colorés et de décibels savoureux. C’est en effet sous la forme d’un jeu de plateforme que les deux gais lurons de Korin F. viennent de révéler Plaisir Binaire, une ode aussi plaisante qu’inquiétante aux activités vidéoludiques. L’utilisateur y est baladé de décor en décor, s’enfonçant peu à peu dans une atmosphère pesante façon western industriel. La musique, elle, reste paisible, cool, à la manière de ce que l’on peut retrouver sur le dernier album du duo, CD de Voiture. Vous reprendrez bien une petite pilule de Plaisir Binaire ?

 

Julien Granel – Danse Encore

Votre dose hebdomadaire de good vibes livrée avec amour, couleurs et beaucoup d’humour. Trois attributs qui collent à la peau du jeune Français déjanté qui décomplexe et ensoleille cette nouvelle vague pop francophone. Après avoir assuré les premières parties de ses camarades Maxenss et Angèle, c’est électrisé par les foules qu’il a pu échauffer que Julien Granel s’apprête à mettre des paillettes dans vos oreilles et des sourires sur vos lèvres. L’artiste nous partageait cette semaine un nouveau clip à la fibre WTF irrésistible et tordante pour accompagner son tube Danse Encore. Dans un format carré devenu marque de fabrique, Julien personnifie le pire directeur de casting de l’histoire et c’est un vrai régal.

 

Joanna – Pétasse

Poésie et violence : l’oxymore visuelle proposée par Joanna nous a filé les frissons de la semaine. “Fallait pas dégager quoi que ce soit qui montrait que tu voulais bien de moi. Oh, pétasse.” Dans un mielleux mélange de volupté et de douceur, l’artiste nous scande les horreurs des violences sexuelles et marie ses lignes percutantes à un visuel tout aussi poignant. Un sujet tristement d’actualité contre lequel l’engagement prend des formes différentes et parfois artistiques, comme le démontre brillamment la jeune pépite rennaise avec cet hymne glaçant. Captivant, difficile et nécessaire, le clip prend la thématique de front et démontre sans tabou la brutalité de ces gestes et de ses étreintes martelantes qui dissimulent la violence la plus concrète derrière des “amours compliqués” ou des “dérapages occasionnels”Joanna nous crie son engagement solide à travers la troublante beauté de sa voix douce et ses mélodies oniriques.

 

Fils Cara – Cigogne

Fils Cara nous offre la troisième partie du triptyque de clips composé de Nanna, Contre-jour et maintenant Cigogne. Un nouvel échantillon de l’esthétique déjà bien définie du Fils, premier enfant rap du label Microqlima. La vidéo suit toujours cette même mécanique de zoom arrière nous permettant au fil du clip de pouvoir contempler la scène intégrale, à l’esthétique mythologique et onirique. Un titre dans lequel l’artiste manie l’art des accélérations et ralentissements du flow à la perfection. Son premier EP Volume sortira le 17 janvier 2020. La statue en or que l’on distingue à la fin du clip est d’ailleurs un avant-goût de son illustration.

 

ICO – Stephanie

Surfant sur cette nouvelle vague du pseudo-rap conscient, le diablotin ICO a su gagner nos coeurs par le second degré imparable de ses punchlines légendaires. Prince de l’humour pipi caca, c’est par l’intelligence de ses textes caricaturaux, stéréotypés et virulents que le malicieux rappeur/producteur hisse ses morceaux au haut du tas. Un rap léger à prime abord qui dévoile un véritable potentiel d’écriture avec des connotations sous-jacentes qui poussent à la réflexion et qui ne laissent plus l’ombre d’un doute face à la clairvoyance artistique du jeune farceur. Entre beats brûlants et autotune incendiaire, l’artiste parvient à glisser des sujets houleux sans prétention ou cadre dramatique quelconque. Ici, tout est question de légèreté et c’est peut-être ainsi que les messages se partagent le mieux. Le démontrent le frissonnant Caramel ou le titre Stéphanie, présents sur son premier album Petit Con, qui traitent respectivement du racisme et du cyber-harcèlement. Le second se voyait, cette semaine, couronné d’un visuel dans l’air du temps. Mêlant références à nos chers réseaux sociaux préférés et la détresse de l’adolescence numérique, le visuel délivre un inattendu message de sensibilisation.

 

Grimes – My name Is Dark

Lorsque Grimes est jet-lagged, elle fait du vibe collage et comme elle est à Tokyo, on tourne autour du manga. Le résultat est très saturé bleu-violet, mais l’esthétique est parfaitement maîtrisée dans son chaos. En sirène futuriste, elle est nue dans sa chambre d’hôtel, parée de filtres Instagram. On est loin de la berceuse : non, pas besoin de dormir avec Grimes ! Côté lyrics, on retrouve des références aux 90s avec Bullet With Butterfly des Smashing Pumpkins ou encore Stupid Girl de Garbage. Accessoirement, elle corrige les contributions erronées sur Genius. Une belle attention de Grimes, on aimerait voir cela plus souvent !

 

The Weeknd – Heartless

Trip hallucinogène en plein Vegas pour le retour d’Abel Tesfaye. Après son sublime EP My Dear Melancholy en mars 2018, disque sur lequel il parlait à coeur ouvert et surtout à coeur brisé, le Canadien revient remonté à bloc avec deux nouveaux morceaux : Blinding Lights et Heartless. Les deux sorties viennent teaser Chapter 6, album attendu de pied ferme par les fans du crooner qui s’impatientent déjà d’en découvrir plus sur la nouvelle facette de The Weeknd. En effet, la personnalité de l’artiste semble varier sur chaque album, reflétant avec profondeur les états d’âmes qui l’habitent. Et au vu de ses dernières années sentimentalement troublées, le showman a de quoi construire un personnage des plus intéressants, comme il le démontre dans le visuel de Heartless où le sentimental se transforme en véritable coeur de pierre, errant dans les alentours du Caesars Palace en s’adonnant à une débauche visuellement régalante. Manipulant les couleurs et les scintillements de la ville du péché, Anton Tammi (qui avait notamment réalisé l’incroyable clip de Hard Rain de la suédoise Lykke Li) donne vie à la luxure auto-destructrice avec soin et classe. Le clip se permet même de revisiter le conte de La Princesse et la Grenouille mais en version amphétaminée. Trippant.

 

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